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Francis Meston (EDS)

‘ Nous allons vers une facturation sur mesure. ‘

Le président de la filiale française d’EDS, Francis Meston, revient sur les mutations qui transforment les services informatiques. En particulier le BPO, externalisation de processus métiers informatisés, à la limite des schémas
classiques d’infogérance.01 Réseaux : Quelles nouvelles vagues de transformations prévoyez-vous pour les services informatiques ?


Francis Meston : Il y en a trois principales. Celle de l’industrialisation du logiciel, l’arrivée des Indiens, et la transformation en profondeur de l’entreprise.L’industrialisation et la présence des Indiens, on en parle depuis dix ans. Qu’est-ce qui a vraiment changé ?


C’est l’effet Ketchup ! On attend que cela vienne et cela ne vient pas… puis d’un coup, il y en a partout. Jusque-là, on disait que le succès des Indiens tenait aux prix, mais la vérité, c’est que
84 % des DSI américains les choisissent principalement pour la qualité de leurs logiciels. Ce qui explique en grande partie la capitalisation de SSII indiennes comme InfoSys, qui vaut dix fois son chiffre d’affaires annuel. Une somme
plus importante que celle de la capitalisation des trois premières SSII européennes. De plus, il faut réaliser que 76 % de l’activité des Indiens a été acquise directement chez leurs clients. Le cash-flow cumulé des six premières SSII
indiennes dépasse désormais celui des six plus grandes SSII mondiales.Vous avez des bureaux en Inde et allez certainement investir dans ce pays… en rachetant des SSII ?


Pas forcément, car elles coûtent désormais très cher. On a pour le moment à peine trois cents personnes sur place pour un effectif de cent vingt mille personnes dans le monde. On est en revanche en train de créer des usines logicielles
dans des pays où l’industrialisation demeure peu coûteuse. En tout cas, l’essentiel des effectifs restera proche des clients, pour qui la connaissance du métier constitue la valeur ajoutée. Il faut se rendre compte que les budgets se
concentrent à 70 % sur la maintenance appli­cative, les nouveaux projets ne représentant que 30 % de l’activité.


L’objectif de nos clients, en particulier dans les télécoms, est de plus en plus la performance. En interne, EDS va investir 1,5 milliard de dollars sur trois ans pour créer de grands centres de développement
d’infrastructure et atteindre une nouvelle phase industrielle. Car c’est un peu comme dans l’acier. Plus vous produisez, plus vous diminuez vos coûts unitaires et plus vous êtes attractif. Nous allons développer nos centres à
Saragosse en Espagne, à São Paulo au Brésil, et à Singapour.Vous ferez, vous aussi, de la gestion d’infrastructure depuis ces centres ?


Nous ferons de la gestion des réseaux (voix, données et mobiles), puis du développement applicatif au Mexique, au Brésil, en Hongrie et surtout en Inde, à Bangalore. Il nous faut réduire les coûts de nos contrats d’infogérance, car
c’est sur ce point que les entreprises nous attendent le plus.En quoi serez-vous différents de vos concurrents ?


Dès la conception, on prend en compte l’impact métier. En rationalisant et en consolidant, on déploie une nouvelle chaîne logistique qui s’occupe de la gestion du changement, ce qui est autrement plus complexe que la simple
infogérance bureautique. L’exemple de notre partenariat avec Towers Perrin, une société américaine spécialisée dans les ressources humaines et les retraites, est symbolique dans le domaine du BPO (Business process
outsourcing).
Pour eux, nous gérerons pendant dix ans non seulement les postes clients et l’hébergement des sites, mais aussi le personnel, la compatibilité et les services administratifs. Il s’agit d’une
joint-venture à part entière, issue d’un partenariat exemplaire.Et pour l’industrialisation du logiciel, quel est votre objectif ?


Avec les principaux acteurs que sont Dell, Cisco, EMC, Microsoft, Oracle, SAP, Sun et Xerox, nous avons créé, début 2005, une plate-forme de travail commune. Les clients savent qu’ils auront à leur disposition la meilleure
plate-forme informatique, dont nous ne fournissons que les services. Le coût de possession se réduit, car on passe de solutions sur mesure à des assemblages de briques prêts à l’emploi. En termes de choix, ce n’est plus aussi lourd. On
ne joue pas sur tous les tableaux comme IBM, qui s’occupe à la fois du matériel, du logiciel et des services. L’enjeu actuel n’est autre que la commodité.Comment allez-vous vendre vos nouveaux services ?


On va couper en deux les 70 % des services classiques avec des modes de facturation différents, par connexion par serveur et par utilisateur. L’ensemble évoluera vers une facturation où l’on paie pour ce que l’on
consomme uniquement. La rationalisation passe par une transformation qui secoue actuellement les banques, celle où l’on passe d’une politique orientée produits à une politique orientée clients. Les entreprises classiques régies par les
grandes fonctions sont obligées d’évoluer pour adopter une position d’écoute, où l’information sur les besoins clients devient prioritaire.

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Thierry Outrebon