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Fibre optique : les projections de déploiement d’Orange [MAJ]

Le cabinet Tactis a analysé les récentes annonces de France Télécom. Résultat : une carte présentant les projections de déploiement de son réseau très haut débit, avec de fortes disparités entrez zones urbaines et rurales et entre régions.

Article mis à jour le 21 février 2011, avec insertion d’une nouvelle version de la carte de Tactis, qui comporte des précisions sur le communes très denses, ainsi qu’une mention de Free et SFR.

Première publication le 17 février 2011

Où le groupe France Télécom-Orange va-t-il déployer sa fibre optique ? L’opérateur historique n’a jamais publié de carte précise. Il est pourtant le plus gros acteur du secteur, ses projets sont donc autant d’indicateurs sur l’avenir de la fibre optique en France et sur sa répartition géographique.

« Les données détaillées ne sont pas publiques », indique FT-Orange, mais le cabinet de conseil Tactis, spécialisé en stratégie télécoms, fournit à 01net. sa propre cartographie des projections de déploiement de l’opérateur. Une carte basée sur une l’analyse approfondie des annonces faites par FT-Orange entre février 2010 et janvier 2011.

Cette analyse tient notamment compte de la dernière communication : « Apporter la fibre optique d’ici à 2015 dans 3 600 communes réparties dans 220 agglomérations incluant l’ensemble des grandes villes et des villes moyennes, avec une couverture de 10 millions de foyers en 2015 et de 15 millions en 2020, soit 60 % des foyers français ».

Cela se traduit (voir la carte ci-contre ou sur le site de Tactis) par une concentration des projets en zones urbaines (1). Les zones rurales restent largement en dehors de tout projet d’accès au très-haut-débit. Les régions les plus ciblées par FT sont l’Ile-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur, suivie par le Nord-Pas-de-Calais.

Rappelons que le choix des localisations de projets fibre tient principalement compte du coût de revient du déploiement. Il est inférieur en zones à forte densité de population, car techniquement l’installation de la fibre est facilitée : utilisation des fourreaux existants, des égouts, etc. De plus, un plus grand nombre de clients potentiel peuvent être raccordés avec un moindre investissement (habitat collectif dense).

Un budget surprenant

La carte présente donc une large fracture numérique sur le très-haut-débit. Il y a de grandes chances que les annonces de FT présentent un scénario très optimiste.

Pour couvrir 3 600 communes en 2015, l’opérateur prévoit un budget de 2 milliards d’euros. « L’ambition renforcée de France Télécom est une bonne chose, mais le montant de l’investissement est très surprenant », estime Tactis. « FT présente un budget inchangé par rapport aux annonces de février 2010, qui couvraient alors environ 500 communes, soit 40 % de la population. Comment expliquer que l’on puisse couvrir 7 fois plus de communes et 50 % de population en plus pour un même montant ? »

Selon les estimations du cabinet, c’est environ 6 à 7 milliards d’euros qu’il faut mobiliser pour financer le FTTH sur les 3 600 communes ciblées par FT (2) et 30 milliards d’euros pour couvrir l’ensemble du territoire métropolitain. Avec le budget présenté par l’opérateur, le déploiement risque d’être partiel, avec par exemple un nombre très limité de points d’accès par commune.

Il nécessiterait un cofinancement de la part par d’au moins deux autres opérateurs à un niveau équivalent de celui de FT, ce qui est loin d’être acquis. Les parts de marché des autres opérateurs dans la plupart des zones sont largement inférieures à celles d’Orange. Or, ses concurrents ont volonté à investir proportionnellement à leurs parts de marché. Difficile donc d’envisager des investissements équivalents à ceux de l’opérateur historique.

Orange table sur des économies d’échelle

Contacté par 01net., Orange donne quelques éléments d’explications sur le maintien de son budget pour un déploiement plus important. « Nous tablons sur des économies d’échelle, sur l’amélioration des technologies de déploiement et sur d’avantage de recours au cofinancement », précise un porte-parole. De plus, les 3 600 communes ne seront pas toutes à 100 % « fibrées » en 2015, indique l’opérateur.

Pour Stéphane Lelux, président de Tactis, « des incertitudes pèsent sur la disponibilité réelle d’une offre commerciale d’accès au très-haut-débit dans ces communes d’ici à cinq ans. Il faut veiller à ce que les intentions des opérateurs se précisent pour ne pas pénaliser les collectivités locales dans l’élaboration de leur stratégie de déploiement de la fibre optique et dans l’accès aux financements de l’Etat ». Rappelons que là où un opérateur déclare déployer un réseau fibre, la collectivité ne bénéficie plus des aides de l’Etat dans ce domaine.

« Il est donc important de s’assurer que les projets puissent réellement être réalisés », poursuit le responsable. « Des engagements détaillés des opérateurs (délais précis, capillarité du réseau envisagé, financement…) sont indispensables pour assurer la mise en œuvre d’une stratégie maîtrisée de passage de notre pays au très-haut-débit dans un délai maîtrisé », conclut Tactis.

(1) Article mis à jour le 21 février 2011, avec insertion d’une nouvelle mise à jour de la carte de Tactis.

(2) Tactis a consolidé l’ensemble des études réalisées depuis deux ans par le gouvernement (ministère de l’Industrie, Datar), l’Arcep, l’ARF (Association des régions de France), la CDC et les parlementaires (Rapport Maurey) pour déterminer une fourchette la plus objective des montants d’investissements qui sont en jeu pour atteindre 60 % de la population en FTTH.

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Christophe Guillemin