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Fabrice Sergent Pdg de Club-Internet : “Soit les gens paieront pour un service donné, soit ils ne l’obtiendront pas”

Filiale à 100 % de T-Online, Club-Internet amorce un virage stratégique. De fournisseur d’accès à internet, la société compte devenir distributeur de services.

Pourquoi lancer une offre de services payants alors que le marché est aux offres les moins chères ? Nous voulons être un fournisseur de services à forte valeur ajoutée plutôt que de nous battre pour obtenir une part de marché sur l’accès pur. Un fournisseur d’accès doit arbitrer entre la conquête de parts de marché coûte que coûte et la création de services. Aujourd’hui, tous les acteurs tentent d’augmenter leur revenu par abonné. Cela passera par la commercialisation de services complémentaires et payants. Notre offre ” Full is beautiful ” va nous procurer entre 2 et 4 euros de plus par abonné et par mois, c’est déjà important. Les services proposés seront novateurs : les abonnés disposeront du report de minutes sur leur forfait, d’un réseau de 10 à 15 % plus rapide, d’une garantie de remboursement si nous n’assurons pas la qualité promise et d’une hotline prioritaire. C’est un internet à deux vitesses…Soit les gens sont prêts à payer pour un service donné, soit ils ne l’obtiennent pas, c’est aussi simple que cela. Tous les services ne vont pas devenir payants. Beaucoup vont rester gratuits sur un modèle hertzien d’audience, financé par la publicité. L’hébergement de pages personnelles pourra rester gratuit sous une forme basique, mais avec des statistiques ou des services professionnels, il deviendra payant.Quelle est votre position sur l’internet forfaitaire illimité en bas débit ? C’est un service que nous ne proposerons jamais. Il est structurellement déficitaire chez nos concurrents. Quant à ceux qui ont lancé un forfait illimité à 15 euros, ça leur a coûté des centaines de millions de francs. Ils ont préféré investir dans la conquête de parts de marché plutôt que dans la qualité de service. Ce n’est pas notre position. Surtout, je ne crois pas que les 27,5 euros par mois proposés par le régulateur soit un tarif réaliste. Il faudrait compter 46 euros, soit le prix d’une offre ADSL [Asymmetric Digital Subsriber Line, internet rapide via une ligne téléphonique classique, ndlr]. Dans ce cas, je préfère que France Telecom investisse sur le haut débit que sur le RTC [réseau téléphonique commuté] illimité qui est dépassé et n’apporte rien aux consommateurs.Alors pourquoi la pénétration de l’ADSL est-elle si lente ? C’est une question de tarifs : le prix psychologique fort se situe en dessous de 38 euros. Mais ce montant est lié aux tarifs de gros appliqués par France Telecom. On ne peut pas attendre de baisse avant le dégroupage. Les opérateurs alternatifs ne seront pas prêts avant septembre 2002, et France Telecom n’a pas intérêt à baisser ses prix avant cette date. Mais ils évoluent, ils ont compris que l’ADSL est l’avenir de leur réseau fixe. Comment vont s’organiser les offres de contenus avec le haut débit ? On va vers une logique de câblo-opérateur avec des bouquets de services payants à l’abonnement ou à l’acte. Ce sera aussi une logique de proximité, de services à forte valeur ajoutée où les éditeurs vont vraiment investir. Monter un service de contenus ADSL coûtera bien plus que les quelques millions investis dans un simple site . La rentabilité, c’est possible pour un fournisseur d’accès ? S’il y a un marché qui se porte bien actuellement c’est celui des fournisseurs d’accès. C’est un métier qui est structurellement rentable. La seule chose qui déstabilise les comptes, c’est l’investissement marketing. La surenchère a déséquilibré définitivement certains fournisseurs d’accès. Cette année le marketing ne représentera que de 10 à 20 % de notre budget et notre revenu par abonné est déjà supérieur à celui de Wanadoo en France. Nous serons rentables en 2003.

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Propos recueillis par Amaury Mestre de Laroque et Alain Steinmann