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Et si c’était bientôt la fin du streaming gratuit (et légal) de musique?

Pour la première fois, les revenus tirés de l’écoute musicale en ligne ont dépassé ceux du téléchargement. Les majors s’en félicitent… tout en affûtant leurs armes.

On pourrait croire que c’est une excellente nouvelle : ça y est le marché de la musique est enfin en phase avec nos usages ! En 2015, le streaming est devenu la première source de revenus pour la grande industrie musicale au monde, à savoir les majors américaines.  En cinq ans, les revenus ont explosé puisqu’ils ont pratiquement été multipliés par cinq. Autres motifs de satisfaction pour l’industrie du disque : globalement, le marché de la musique aux Etats-Unis est en croissance constante depuis 2010 ; et les revenus du numérique ont pris le pas sur l’activité traditionnelle. Les majors sont donc enfin réconciliées avec Internet. Champagne ? Pas si vite !

Le scandale Youtube

Il reste un problème. Il tient au modèle économique du streaming : un mix entre l’abonnement payant et la gratuité financée par la publicité. Or, la majorité des revenus du streaming provient de l’abonnement. Trop peu sont issus de l’écoute gratuite… Honteusement peu, pour la RIAA qui rassemble les majors américaines ! Sans citer de nom, son président s’en prend “aux géants de la technologie (qui) se sont enrichis aux dépens des créateurs de musique“. Toujours sans citer Google ou Youtube, il dénonce ces “nombreux services (qui) ont engrangé des milliards de dollars de recettes sur le dos des artistes, auteurs-compositeurs et labels“.

Ce que les majors ne digèrent pas, c’est cette distorsion – certes importante- entre le nombre de morceaux “streamés” et les revenus qui en découlent. Selon la RIAA, le problème s’aggrave avec le temps. La preuve du scandale ? Les ventes de vinyles ont rapporté plus en 2015 que les centaines de milliards d’écoutes gratuites sur Youtube. On doit cette comparaison étonnante -ou plutôt devrais-je dire cette provocation- aux majors, qui savent trouver les  arguments pour clamer leur colère.

L’adieu au tout-gratuit ?

Ce qui semblait une bonne nouvelle se transforme en nouveau cheval de bataille pour les majors. Deux options : soit elles obtiennent une meilleure rémunération des services financés par la publicité, soit elles vont à l’évidence intensifier leur guerre contre le gratuit… avec le risque de voir les offres totalement gratuites, illimitées et légales disparaître petit à petit. Youtube a déjà fait un pas vers le payant avec Red. Et il se murmure que Spotify n’écarte pas la possibilité de réserver une partie de son catalogue aux seuls utilisateurs qui paient. Des perspectives peu réjouissantes pour les internautes… 

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Delphine SABATTIER