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Émile Coué et la tartine de beurre

Je les vois venir, les grincheux, les malfaisants, chaussés de leurs gros sabots pas beaux. Ils se disent : “C’est facile de faire la gueule tout…

Je les vois venir, les grincheux, les malfaisants, chaussés de leurs gros sabots pas beaux. Ils se disent : “C’est facile de faire la gueule tout le temps. Y pourrait pas voir la vie en rose de temps en temps, le Lucien ?” Mais, bon sang ! J’essaie, j’essaie, si vous saviez ! Le matin, je me lève en me disant, comme Émile Coué : “Tous les jours, à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux.” Rassuré, je prends mon petit déjeuner et ça ne loupe pas, ma tartine tombe du mauvais côté ! Au fait, vous connaissez la vraie règle de probabilité sur la tartine de beurre ? Un polytechnicien me l’a expliquée : “Plus le tapis est rembourré, plus la tartine tombe du côté beurré.” Du gras sur un vieux lino tâché, tout le monde s’en fout, donc ça n’arrive jamais. C’est ce que les scientifiques appellent l’environnement “accidentogène” : pour qu’un événement ait une chance d’avoir des conséquences fâcheuses, il faut qu’il y ait un contexte favorable à la calamité. Ma conviction est faite : fabriquer et utiliser de la high-tech, de l’internet, des télécoms sont des activités extrêmement “accidentogènes“. Dès le départ, l’informatique est un truc bizarre, l’alliance entre une science inexacte et une activité humaine, donc faillible. Comment voulez-vous qu’elle produise des trucs qui marchent au zéro défaut ? Il n’y a rien de plus dur que de simplifier la complexité. Résultat : c’est toujours quand vous terminez une note urgente à votre patron que votre PC tombe en rideau. C’est quand je suis aux toilettes que mon portable sonne : je n’y passe pourtant pas ma vie, j’vous jure ! L’économie, c’est pareil. Un orage ne fait pas l’inondation sauf si la nappe est frénétique. Si on arrête tous de bosser en pensant qu’il n’y aura bientôt plus de travail, on est sûr d’être au chômage. Alors, c’est simple, pour que la reprise ait lieu, il faut les conditions suivantes : beau temps, bonne humeur, bonne santé. Allez, on sourit ! Eh, j’en vois qui ne sourient pas : méfiez-vous, cest sur vous que ça va tomber !

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La rédaction