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Compiègne veille avant tout à sa stratégie pédagogique

L’établissement fait appel à des professionnels, mais se montre très attentif à leurs interventions. Ainsi, il vérifie que les stages ne sont pas l’objet d’une confusion des genres de la part de l’entreprise. C’est la formation qui est recherchée, et non l’embauche.

Ce jour-là, une grande société de conseil vient donner une conférence dans un amphithéâtre de l’université de technologie de Compiègne (UTC). Le sujet de l’intervention ? ” Conférence e-business “, lit-on sur les e-mails d’information. Mais les étudiants ne sont pas dupes : “Le but n’est absolument pas d’informer, mais de récupérer des CV, explique l’un d’eux. Nous n’y allons pas pour suivre un cours. Nous pratiquons la langue de bois, comme eux.” Et de laisser leur CV en quittant la salle. Si ce genre de manifestation fait presque partie des règles du jeu, l’université est beaucoup plus sourcilleuse lorsqu’il s’agit de négocier l’intervention d’un professionnel dans le cadre d’une unité de valeur, d’une option, etc.
En la matière, François Peccoud, le président de l’UTC et ancien informaticien, participe à la sélection. Avec quelques critères bien arrêtés : “Les loueurs d’informaticiens ne m’intéressent pas. Les intégrateurs de services et les éditeurs à l’origine de leurs produits m’intéressent beaucoup. Les spécialistes de ” new business models ” ne m’intéressent pas.” Que peut donc apporter un intégrateur aux étudiants ? “La démarche d’intégration elle-même. En CAO, par exemple, il existe une multiplicité d’outils. Le but : comprendre comment les faire dialoguer entre eux.”Patrick Albert, directeur scientifique de l’éditeur Ilog, a une vision plus pragmatique : “Nous avons un contrat de partenariat avec l’UTC. Nous payons un thésard et, en contrepartie, nous avons accès aux résultats de ses travaux. Cela permet au laboratoire d’avoir plus d’étudiants.”

La réputation de l’entreprise examinée à la loupe
Les étudiants ont aussi leur mot à dire, puisqu’ils remplissent des fiches d’évaluation de ces intervenants. En fonction, les enseignants-chercheurs décident ou non de reconduire la collaboration. Les antécédents des entreprises et la réputation qu’elles ont parmi les enseignants sont, bien sûr, examinés à la loupe. Notamment en ce qui concerne les stages. Car l’UTC, comme les deux autres universités de technologie, joue dans la cour des écoles d’ingénieurs. La validation du diplôme passe par deux stages de six mois à partir du cycle ingénieur et par un projet de fin d’études. Chaque année, deux cent cinquante étudiants en génie informatique partent en stage. A cette occasion, près de quatre mille contacts sont activés. Dans le même temps, plus de six cents propositions de stages arrivent spontanément. Là encore, l’UTC veille. “Le stage est totalement intégré à la pédagogie, insiste Christian Deblois, responsable du service des stages. Il est validé par le responsable pédagogique de la branche.”Que le sujet émane de l’UTC ou d’un ingénieur qui a recensé un besoin dans son entreprise, il est défini en fonction des objectifs de la formation, et non en vue d’une embauche. Or, l’université est, comme les écoles d’ingénieurs, confrontée à ce phénomène du stage transformé en période d’essai. “Même un peu trop à notre goût, ajoute Christian Deblois. Nous demandons un travail de stagiaire, pas un poste de cadre. Nous devons vérifier qu’il y a une véritable étude.” Pour cela, le stagiaire bénéficie d’un enseignant-suiveur, dont certains se déplacent même sur le site pour juger la teneur de la mission. Christian Deblois dispose d’un autre indicateur, moins formel et assez subtil : si l’entreprise met plus de trois semaines à répondre à la demande de stage, c’est qu’elle a fait entrer l’étudiant dans son processus de recrutement. “Si un étudiant doit passer dix tests pour trouver un stage, ça devient ingérable. L’an dernier, arrivés à la date butoir, certains n’avaient rien signé.”



Le stage est aussi le moment où se nouent des relations industrielles avec des partenaires un peu à part. “Beaucoup d’offres de stages sont remontées par les anciens, assure Luc Alba, président de l’Association des anciens de l’université de Compiègne (Adauc). Bien sûr, nous avons demandé à l’UTC une clause de priorité dans l’affectation des stagiaires. Cela fait partie de l’entraide.” L’établissement a notamment demandé à l’Adauc de soigner ses contacts à l’étranger. A terme, l’UTC accédera en ligne à la base de données des anciens pour pouvoir se tourner facilement vers eux. Pour l’heure, ce sont les anciens thésards et docteurs qui sont le plus sollicités.
Ce qui n’empêche pas l’ancien d’arriver avec ses propres préoccupations : “Notre présence permet aux étudiants de garder le contact avec des anciens et d’être au courant des opportunités du marché. Pour nous, il est toujours gratifiant de parler de nos métiers, et nous pouvons tester le potentiel des étudiants pour savoir lesquels prendre en stage.” Et plus si affinités Arnaud Devillard

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Arnaud Devillard