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Compaq : une fin sans gloire

Compaq, qui s’est imposé comme le premier producteur mondial d’ordinateurs, va bientôt disparaître, vingt ans seulement après sa création.

L’annonce de l’offre publique d’échange (OPE) de 25 milliards de dollars de Hewlett-Packard Co. sur Compaq met un terme à l’une des plus grandes aventures de l’ère numérique. L’histoire de Compaq est celle d’une bonne idée réalisée grâce à un solide esprit d’entreprise, portée par l’innovation et, finalement, condamnée par l’incapacité de s’adapter au changement. Compaq est née de l’idée de trois anciens ingénieurs de Texas Instruments ?” Rod Canion, Jim Harris et Bill Murto ?” qui voulaient fabriquer une version portable de l’ordinateur individuel d’IBM.En 1982, ils rencontraient le spécialiste du capital-risque, Ben Rosen, dans un restaurant de Houston, la House of Pies, et lui exposaient leur projet sur un coin de table. Rosen décida de tenter le pari. Compaq était née, avec Canion comme directeur général et Rosen comme président. La première réalisation de Compaq fut un ordinateur portable de la taille d’une petite valise qui remporta un succès immédiat auprès de la clientèle des hommes d’affaires.En 1983, Compaq fut introduite en Bourse et devint rapidement la plus jeune entreprise cotée à intégrer le Fortune 500, le classement des 500 premières capitalisations américaines réalisé par le magazine Fortune, et à atteindre le milliard de dollars de chiffre d’affaires. Le cours de l’action s’envola, le titre devenant une des valeurs vedettes de Wall Street.

En 1998, Michael Dell introduisait en Bourse Dell Computer…

Mais en 1991, Canion fut contraint d’abandonner son poste en raison de son refus d’accepter la transformation du marché des ordinateurs individuels qui n’était plus un marché haut de gamme avec des prix et des marges élevés mais un marché de masse caractérisé par une concurrence acharnée.Il fut remplacé par Eckhard Pfeiffer qui décida de baisser fortement les prix pour augmenter les volumes vendus faisant de Compaq le premier producteur mondial d’ordinateurs individuels. Mais la croissance de Compaq contenait les germes de sa destruction.En 1998, à Austin, au Texas, Michael Dell introduisait en Bourse Dell Computer Corp. qui proposait aux consommateurs des ordinateurs sur mesure et en vente directe. Compaq se révéla incapable avec son modèle traditionnel de production d’ordinateurs standardisés commercialisés par un réseau de revendeurs spécialisés, de réaliser les économies de coûts et les niveaux de marges atteints grâce à la vente directe.En 1997, Compaq avait certes déclaré vouloir vendre en direct à ses clients sans renoncer à son réseau de revendeurs spécialisés pour ne pas les mécontenter.Une tentative dont les résultats furent au mieux mitigés. En avril 2001, Compaq vendait 43 % de ses ordinateurs en direct contre 20 % un an auparavant… mais avait perdu sa place de premier producteur mondial d’ordinateurs individuels au profit de Dell.

Le difficile rachat de DEC

Compaq a connu un autre passage difficile, en 1998, lors du rachat pour 9,6 milliards de dollars de son concurrent en difficulté, Digital Equipment Co. La fusion se révéla difficile et il fallut beaucoup de temps pour que les synergies se matérialisent. Michael Dell a déclaré l’année dernière que cette opération avait été ” la meilleure des choses “ pour son entreprise car elle avait détourné les dirigeants de Compaq de leurs préoccupations premières ouvrant un véritable boulevard à Dell.En avril 1999, la chute des profits et l’insistance des investisseurs à obtenir son départ eurent raison de Pfeiffer qui démissionna. Le patron actuel de Compaq, Michael Capellas, ne s’est jamais résigné, prédisant jusqu’à la fin non seulement que Compaq allait survivre mais même que l’entreprise dominerait à nouveau l’industrie du PC. Sous sa direction, l’entreprise a réduit sa dépendance aux ventes de PC pour se transformer en une entreprise de services intégrés, à l’instar d’un IBM. Mais, après des milliers de licenciements cette année, sans que le cours de l’action ne décolle vraiment, l’issue attendue de longue date est venue sous la forme de l’OPE de Hewlett-Packard.Lors d’une cérémonie à l’occasion de son départ à la retraite, en octobre dernier, Rosen prononça un discours qui apparaît aujourd’hui comme le dernier hommage rendu à Compaq. Une simple idée s’est transformée en un des géants du secteur qui a su multiplier les innovations parmi lesquels le PC portable et les serveurs pour PC, a-t-il dit.” C’est une grande réussite que de générer 65 000 emplois, 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 40 milliards de dollars de capitalisation, le tout en partant d’un croquis et dun rêve “, avait conclu Rosen en retenant difficilement ses larmes.

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la rédaction (avec Reuters)