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Boris Cyrulnik*: ” L’information est mieux transmise, mais pas l’affection. “

” Il n’existe pas une seule révolution technologique qui n’ait modifié l’image que l’homme a de lui-même. Avec l’internet, la transformation est encore plus fulgurante. Ce…

” Il n’existe pas une seule révolution technologique qui n’ait modifié l’image que l’homme a de lui-même. Avec l’internet, la transformation est encore plus fulgurante. Ce qui est en jeu ? Le rapport à l’autre et les hiérarchies sociales. Chaque nouvelle invention engendre en effet un processus de distanciation entre les hommes. À l’âge du silex, ils vivaient en groupes très rapprochés. L’invention de la roue les éloigna les uns des autres et accéléra les échanges d’information. Une autre étape fut franchie avec l’imprimerie : elle permit l’émergence de la cartographie, donc la généralisation du transport maritime.Aujourd’hui, avec les e-mails et le web, on entre dans une nouvelle ère, puisqu’une information peut être transportée à l’autre bout du monde en temps réel. Les meilleurs d’entre nous sauront mettre à profit le progrès lié à ce changement : travail plus efficace, allongement du temps libre, etc. Mais attention, la technologie bouleverse profondément l’affectivité des individus. Si l’information est mieux transmise, l’affection ne l’est pas. Le danger ? Une diminution de l’empathie, c’est-à-dire l’aptitude à se mettre à la place de l’autre et à se représenter son environnement mental. À terme, j’y vois la menace d’une désagrégation du tissu social.”* Psychiatre, neurologue et éthologue à l’université de Toulon. Auteur de L’Ensorcellement du monde (Odile Jacob, 1997) et des Vilains Petits Canards (Odile Jacob, 2001).

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Gabriel Grésillon et Anne Rein