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Antennes-relais : la mairie de Paris fait pression sur les opérateurs

Face aux inquiétudes des Parisiens concernant les champs électromagnétiques émis par les antennes, la mairie de Paris veut contraindre Orange, Bouygues et SFR a plus de transparence… et de dialogue.

La tension monte dans la capitale autour des antennes-relais pour téléphones mobiles. Indispensables au bon fonctionnement des réseaux GSM et bientôt UMTS, elles poussent comme des champignons sur les toits des immeubles, au grand dam des habitants.Les mairies d’arrondissement de la capitale reçoivent de plus en plus d’appels de la part des Parisiens qui souhaitent connaître les risques liés à une exposition aux champs électromagnétiques émis par les antennes.La mairie de Paris a donc décidé de prendre le dossier en main et a élaboré un projet de charte de bonne conduite pour les trois opérateurs de radiotéléphonie mobile, SFR, Orange et Bouygues Télécom. Une approche déjà suivie dans plusieurs villes de France : Lyon, Rennes, Strasbourg…

Communication brouillée entre riverains et opérateurs

” Nous engageons ce processus car le cadre législatif est déficient. Il ne prend pas en compte les préoccupations des habitants “, explique Karim Lapp, conseiller chargé des dossiers relatifs au développement durable, à la mairie de Paris.” Nous ne voulons pas bloquer le développement des téléphones mobiles mais cela ne doit pas primer sur la santé des Parisiens “, prévient-il.Les négociations autour de la charte de la capitale commenceront le 6 septembre prochain, avec l’espoir de la mairie d’aboutir à une signature en octobre.Et il y a urgence. En effet, les Parisiens sont prêts à en venir aux mains. Il y a une semaine, les habitants de la rue Planchat, dans le XXe arrondissement, ont bloqué l’accès aux techniciens d’Orange qui venaient installer de nouvelles antennes-relais.Malgré ces tensions, les opérateurs assurent comprendre les inquiétudes des riverains tout en réaffirmant le droit en vigueur. ” Il y a un flou sanitaire puisque la première étude épidémiologique est attendue pour 2004, mais il n’y a plus aucun flou juridique depuis le décret de mai 2002 “, objecte un porte-parole d’Orange.

Faire plus que la loi

Le problème est que ce décret, le seul qui fixe des valeurs limites d’exposition du public, n’oblige pas les opérateurs à demander une autorisation à la mairie et encore moins aux riverains pour l’installation des antennes-relais sur des immeubles privés. Seul le propriétaire accepte ou non de louer son toit (voir encadré ci-dessous).Les opérateurs s’en tiennent donc à ce discours, lors des réunions avec les habitants et les associations. Quand ils n’opposent pas une simple fin de non-recevoir, comme a pu le constater Fabienne Giboudeaux, adjointe à l’urbanisme de la mairie du XXe arrondissement. ” J’avais écrit à Bouygues concernant l’implantation d’une antenne, mais sans succès “, explique-t-elle.” Aujourd’hui, les opérateurs sont excédés par ces remises en question, et ont tendance à prendre les habitants pour des irresponsables “, se désole Karim Lapp.” En conséquence, même la présentation d’études, faites préalablement à l’implantation d’une nouvelle antenne, sur son rayonnement, ne fait qu’augmenter la préoccupation des riverains “, explique Etienne Cendrier, coordinateur national de Priartem (Pour une réglementation des implantations d’antennes-relais de téléphonie mobile).Réunis au sein de l’Afom (Association française des opérateurs mobiles), les opérateurs ont publié un premier communiqué officiel sur le projet de charte de la mairie de Paris. Ils se déclarent favorables à une logique de partenariat avec les villes, tout en insistant sur le fait qu’il appartient aux autorités sanitaires nationales de définir les règles applicables.Les choses s’annoncent donc difficiles. Mais la mairie garde un atout juridique dans sa manche en cas d’échec des négociations. Un atout dont elle réserve la surprise aux opérateurs.

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Karine Solovieff