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Se former pour aller plus loin

Avec le numérique, tout est très facile si l’on se contente d’appuyer sur un bouton. Mais pour en faire plus, tout peut sembler déroutant, même à un photographe chevronné de l’ère argentique…

‘ Je me suis longtemps contenté d’utiliser le mode automatique de mon appareil. Techniquement, mes photos étaient réussies, mais il leur manquait quelque chose ‘, explique Jean Fort,
photographe amateur qui, depuis qu’il est à la retraite, consacre plusieurs heures par jour à sa passion. ‘ Cette touche personnelle, je l’ai trouvée lorsque j’ai suivi une formation pour apprendre à me
servir du mode manuel. Tout seul, j’avais déjà acquis les principes fondamentaux ; il m’a suffi d’une demi-journée de cours pour commencer à utiliser le mode manuel. Ensuite, bien sûr, j’ai dû faire beaucoup de
pratique pour obtenir des photos qui me plaisent vraiment. ‘
Se former pour progresser dans la prise de vue et la maîtrise de son appareil est une démarche que les photographes amateurs les plus passionnés font depuis longtemps. Mais avec le numérique, la demande de formation touche aussi tous
ceux qui désirent s’initier ou se perfectionner dans le domaine de la retouche sur ordinateur. ‘ Même si nous travaillons tous en numérique, nous ne sommes pas des informaticiens ‘, souligne
Gérard Antoine, secrétaire général de la Fédération photographique de France et chargé de la formation. ‘ Mais il est essentiel de bien comprendre comment est composée une image numérique. Cela n’est pas évident pour
tout le monde, en particulier pour les générations qui ne sont pas venues naturellement à l’ordinateur. Pourtant, c’est ce qui va permettre de bien effectuer ses réglages pour avoir le plus vaste champ de possibilités au moment
d’imprimer. De même, arriver à imprimer correctement une image, c’est une technique. Et une technique, cela s’apprend. L’image, elle, vient après. ‘
Un point de vue que ne partagent pas forcément les vidéastes amateurs. Philippe Sevestre, président de la Fédération française de cinéma et de vidéo, reconnaît que ‘ si l’on a besoin de
l’informatique, celle-ci ne doit pas devenir la préoccupation principale. En montage vidéo, on peut utiliser des stations de travail Casablanca, dédiées uniquement à cet usage et très simples à utiliser. Elles permettent à ceux qui ne
maîtrisent pas bien l’informatique de s’affranchir de la technique. Bien sûr, nous avons aussi dans certains clubs des adhérents branchés qui partent à la recherche du Graal informatique et oublient ce qui fait la valeur d’un
film : son écriture, sa composition, son rythme… ‘
Dans les clubs vidéo, la formation à l’outil est donc très souvent mêlée à la construction du film. Les problèmes techniques sont discutés et résolus au
fur et à mesure.

Un éventail de formations

Quoi qu’il en soit, en vidéo comme en photo, s’il ne s’agit que d’une première prise en main, certains éditeurs (comme Adobe) ou distributeurs (la Fnac, par exemple) proposent des séances de découverte de
quelques heures, souvent gratuites. La Fnac a aussi un programme plus traditionnel de sessions d’une demi-journée, délégué à des organismes de formation. On y trouve aussi bien une initiation, qui inclut la manipulation de l’appareil
et le tout début de la gestion des images, qu’un niveau un peu supérieur pour leur traitement informatique.La Nikon School, service proposé par le fabricant d’appareils, uniquement sur Paris (mais qui pourrait également être développé en province en septembre prochain), a choisi une autre approche avec des stages beaucoup plus précis,
concentrés sur une journée. ‘ La chaîne numérique est un domaine très vaste que l’on peut tout à fait structurer par thème ‘, souligne Roland Serbielle, coordinateur de la formation.‘ Une journée permet d’apporter une réponse à ce que le photographe cherche, mais aussi une ouverture vers d’autres sujets qui suscitent la curiosité de l’élève. Le photographe va intégrer ce
qu’il a appris en le mettant en pratique dans son utilisation quotidienne, puis il peut vouloir aller à nouveau un peu plus loin et refaire une nouvelle formation. C’est pourquoi nous proposons des sessions allant de
l’initiation technique à l’appareil photo jusqu’à la gestion de la couleur ou l’adaptation à des conditions particulières d’éclairage. ‘

Une nouvelle activité pour les photographes professionnels

Certaines écoles privées préparant aux CAP, Bac pro et BTS photo proposent également des formations continues ouvertes à tous. Au CE3P d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), par exemple, les stages ‘ grand
public ‘ durent de un à trois jours et vont des bases (comprendre la photographie numérique ou apprendre les fonctions de votre appareil numérique) aux formations beaucoup plus poussées comme la création numérique ou le calibrage de la
chaîne numérique.Des photographes professionnels proposent eux aussi de partager leur savoir et leur passion, de façon occasionnelle ou plus régulière. Ainsi, deux d’entre eux ont créé l’association Noir d’Ivoire à Uzès (Gard), qui
officie depuis plus de dix ans auprès des collectivités, des entreprises, du monde scolaire et du grand public. ‘ Nous proposons aussi bien des stages courts durant des week-ends que des formations un peu plus longues pendant
les vacances. Bien que nous gardions un important volet de formation à la photo argentique, la demande en numérique augmente fortement depuis cinq ans ‘,
constate Catherine Tauveron, co-créatrice de l’association.
‘ Nous sommes deux à assurer les formations, mais nous nous entourons aussi d’intervenants extérieurs sur des thèmes précis ou pour des échanges avec des personnalités de renom du monde de la
photo. ‘
Des noms reconnus qui peuvent servir de garantie pour les futurs stagiaires, car il n’existe pas de cahier des charges définissant la qualité d’une formation. Mais qui ne sauraient suffire. ‘ Il faut
parfois se méfier ‘,
souligne Gérard Antoine, de la Fédération photographique de France. ‘ Certains photographes se reconvertissent dans la formation sans avoir les aptitudes à la pédagogie. On peut
fort bien exercer son art et être incapable de le transmettre ! ‘
Mais le gros des formations est encore assuré par les clubs photo et vidéo, qui proposent des sessions tout au long de l’année, ou durant les vacances. La formation est assurée par les membres du club eux-mêmes, lorqu’ils
s’estiment suffisamment compétents, ou par des formateurs des fédérations, qui se chargent de dispenser notions de base et approfondissement. Le Camera Club d’Annecy, par exemple, donne des cours toute l’année, au moins une fois
par mois, en après-midi ou en soirée. ‘ Nous organisons aussi des soirées sur un sujet précis comme l’utilisation des micros ou de la lumière, les techniques de l’interview ‘, raconte son
président, Claude Bondier.Enfin, certaines mairies ou associations paramunicipales proposent des formations à la photo numérique dans le cadre d’atelier multimédia. C’est le cas d’Art 3000, qui gère le Cube d’Issy-les-Moulineaux, un
espace de création numérique ouvert depuis 2001. ‘ Nous proposons tous les mois à nos adhérents une initiation gratuite à la photographie numérique et à la vidéo ‘, explique Isabelle Simon, responsable
formation au Cube. ‘ Mais nous ne sommes pas un organisme de formation; nous nous contentons de proposer des initiations en une ou plusieurs séances selon que les stagiaires veulent apprendre à manipuler le matériel de prise
de vue ou à travailler sur les images avec divers logiciels. ‘

Bien définir ses besoins et son niveau

Avant de choisir une formation, il est donc important de définir ce que l’on recherche vraiment et de tenir compte de son niveau de départ, car rien n’est plus frustrant que de se retrouver dans un groupe
‘ trop fort ‘ ou ‘ trop faible ‘. De plus, les échanges entre formateur et stagiaires, tout aussi importants que les cours eux-mêmes, seront plus profitables dans un groupe homogène où chacun
pourra progresser sensiblement au même rythme. Sans oublier que, pour tout ce qui touche à la retouche numérique, un minimum de familiarité avec l’ordinateur est indispensable.En effet, les formations sont, le plus souvent, consacrées uniquement au matériel et aux logiciels liés à l’image. Si l’on est totalement novice, il est donc préférable de commencer par une formation de base à
l’informatique. Qu’ils aient suivi un stage long ou court, ou une formation sur l’année, de niveau débutant ou confirmé, ceux qui ont choisi d’investir du temps (et de l’argent) dans la formation en tirent toujours
un bénéfice : prendre confiance en eux, manier différemment les appareils, gérer et traiter leur images… Ils sont unanimes pour dire que la formation suivie leur a permis, au-delà de l’apprentissage lui-même, de dépasser les blocages
auxquels ils étaient confrontés : leurs images ont pris de fait une vie différente. Cette expérience les a aussi sortis du cercle des amis pour les confronter au regard d’un public…

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Nathalie Bloch-Sitbon