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Le PC fait sa révolution culturelle

Pour devenir une ?”uvre d’art, un ordinateur doit trouver des artistes pour le créer, une galerie pour l’exposer et… des poules pour le tester !

Quand un fabricant présente une machine superpuissante, cela s’appelle une vitrine technologique. Quand deux artistes parisiens dévoilent un PC surgonflé, cela devient une installation artistique à forte teneur symbolique. Le Kolkoz Computer, pensé par le duo Kolkoz, trône jusqu’au 10 juin dans une salle immaculée de Rurart, une galerie de Rouillé (Charente), pour l’exposition Playtime. Il déborde de ventilateurs, de radiateurs géants et de tuyaux pulsant un liquide bleu curaçao. Dans ses entrailles de plexiglas éclairées de néons blafards, on trouve ce qui se fait de mieux en termes de disques durs, de carte graphique dernier cri et de processeur poussé aux limites de sa fréquence. Pour quoi faire ? Rien.Dans sa version exposée, le Kolkoz Computer ne possède même pas d’écran. Seuls quelques moniteurs de contrôle informent de la température de la bête ! ‘ La toute puissance de la machine se suffit à elle-même, expliquent les artistes. On adore le côté absurde de la recherche de la performance pure, comme dans le sport. Il n’y a pas d’application pour exploiter cette puissance. ‘

Nouvel art populaire ?

‘ On suit l’actualité technologique depuis un bout de temps, et nous avons été fascinés par l’overclocking, cette technique qui consiste à pousser les éléments d’un ordinateur dans leurs derniers retranchements ‘, raconte Samuel Boutruche, un des deux artistes de Kolkoz. Benjamin Moreau, l’autre moitié du duo, renchérit : ‘ C’est vrai que c’est assez fascinant de voir ces ventilateurs énormes, ces liquides de refroidissement. Certains utilisent même des systèmes de changement de phases, comme dans les frigos, pour empêcher la surchauffe de leur machine ! On a affaire à une vraie culture vivante qui se développe, un vrai mouvement populaire où les génies sont dans des garages à assembler des machines surpuissantes. Comme dans la légende des débuts de l’informatique. ‘En pratique, le Kolkoz Computer a été entièrement construit par Franck Poncelet un spécialiste des PC extrêmes qui, depuis dix ans, assemble aussi bien des calculateurs pour Ubisoft ou Thalès que des machines de luxe pour des particuliers qui ne regardent pas à la dépense. Il a choisi soigneusement des éléments du commerce (mémoire, processeur, etc.) pour leur capacité à supporter des fréquences élevées. ‘ Le principe de prendre un produit du marché et de le détourner nous plaît bien ‘, explique Samuel. ‘ Maintenant, ça ne suffit plus d’avoir un objet, il faut se le réapproprier, le sortir de la masse et de la fabrication en série ‘.En se penchant sur l’overcloking, ils veulent donc donner un nouvel éclairage sur cette pratique du tuning de PC, de la personnalisation de l’apparence et de la puissance. L’informatique grand public devient un nouveau territoire dans lequel s’aventure l’art contemporain. Dans ce domaine, les Kolkoz ont une longueur d’avance. Ce duo d’artistes s’est fait connaître en 1998, en détournant le jeu vidéo Quake 3 pour modéliser en 3D (et vendre en francs) des appartements de collectionneurs. Les visiteurs pouvaient soit visiter cette galerie virtuelle, soit s’y massacrer joyeusement à coup d’énormes fusils. Depuis les deux compères apparaissent, sur le Net, aussi bien sur les très sérieux forums d’art contemporain que sur ceux, plus légers, de fanatiques du jeu vidéo. ‘ Ça nous plaît bien d’avoir cette double casquette artiste et nerd [NDLR : fana d’informatique], rigole Benjamin.

Ou bricolage du dimanche ?

Les passerelles entre l’art et le bidouillage informatique sont lancées. ‘ On aime ce côté mécanique, très manuel, de l’overclocking et du tuning. L’informatique n’est plus une boîte noire réservée aux ingénieurs, mais quelque chose qu’on peut bricoler soi-même. ‘

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La rédaction