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La pervenche, la puce et le papillon

Depuis septembre dernier, la mairie de Cannes a adopté le ClipCard pour ses contraventions. Fini le papier, tout se passe dans une puce. Visite sur place.

Contractuelle à Cannes (Alpes-Maritimes) depuis bientôt dix-neuf ans, Brigitte débute sa tournée par la rue des Etats-Unis, à quelques pas de la Croisette. A 9 h 14, la première infraction est relevée : le propriétaire de cette voiture japonaise a visiblement oublié de payer pour son stationnement. La sanction est immédiate. N’importe quelle contractuelle de France ouvrirait alors son carnet à souches pour rédiger un procès-verbal. Brigitte, elle, sort de sa sacoche une ClipCard, une petite carte de contravention au format d’une carte de crédit, et l’insère dans son PDA, son ordinateur de poche. En quelques secondes, elle saisit le numéro de la plaque minéralogique, le modèle de la voiture, le type d’infraction, le lieu du stationnement et valide le tout. Il ne lui reste plus qu’à accrocher la carte de contravention à l’essuie-glace. Pour régler son amende, le conducteur devra simplement se présenter avec le PV électronique dans un bureau de tabac équipé d’un terminal de paie-ment et payer par carte bancaire. Une première en France !Depuis le lance-ment du système, en septembre dernier, la mairie de Cannes et la police municipale ne tarissent pas d’éloges sur la Clip-Card. ‘ Cette nouvelle forme de contravention nous apporte d’abord de sérieuses économies : le traitement d’un PV sur papier coûte entre 8 et 9 euros, contre 3,50 seulement pour un PV électronique ‘, explique Guy Héron, directeur des services de la sécurité urbaine de la ville.

Plus souple et pratique

‘ C’est aussi plus efficace humainement : les PV sur papier mobilisent de cinq à sept agents qui assurent à longueur de journée la saisie informatique. Avec ClipCard, toutes les données sont saisies par la contractuelle dans son procès-verbal, nous pouvons affecter ces agents à des tâches plus agréables. ‘ Sur le terrain, les contractuelles sont elles aussi séduites. ‘ Cela montre que notre métier peut s’informatiser, et c’est un moyen de valoriser notre travail, lance Brigitte, visiblement convertie. ‘ Les gens sont également plus respectueux et plus curieux, beaucoup nous posent des questions sur son fonctionnement, poursuit-elle. Le PV électronique est d’ailleurs d’autant mieux accepté qu’il apporte une option très appréciée de tous : tant que le PV n’est pas validé sur le PDA, il est encore possible de convaincre l’agent de l’annuler.

ClipCard ou pas, un PV reste un PV

‘ Avec le PV sur papier, l’annulation était impossible : tout PV entamé devait être terminé. Même si l’usager apportait la preuve de sa bonne foi, il fallait qu’il écrive à l’administration, raconte Brigitte. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus souple et plus pratique. ‘Face à la contravention électronique, les automobilistes restent toute-fois divisés. Pour Hervé, un artisan qui vient tout juste de ‘ recevoir ‘ sa première ClipCard, le système présente quelques avantages. ‘ C’est une bonne formule, car vous pouvez payer directement par carte bancaire et être rapidement débarrassé, sans le risque d’oublier ‘, reconnaît-il.Didier Morine, directeur du Pantiero, un des bureaux de tabac partenaires, note même une certaine curiosité : ‘ Au départ, il y a un côté plus ludique que le timbre. ‘Mais la réalité prend vite le dessus pour Khadija, comme pour la grande majorité des Cannois: ‘ Que ce soit un PV sur papier ou sur carte à puce, un PV reste un PV, et il faut toujours payer 11 euros ‘, regrette-t-elle. Guy, artisan à Cannes, y voit même la fin de certains aménagements avec les dieux: ‘ Lorsqu’il pleuvait, vous étiez certain de ne jamais avoir de PV car les contractuelles ne prenaient pas la peine de déposer des papillons qui fondaient immédiatement sous l’eau. Avec la Clip-Card, c’est terminé ! ‘Les habitués des rues de Cannes devront pourtant rapidement s’y habituer : alors que la ClipCard ne s’applique pour l’instant qu’au stationnement sur le front de mer et dans quelques-unes des grandes artères de la ville, soit environ 900 places de parking, la mairie s’apprête à la déployer sur l’ensemble des stationnements payants avant la fin de l’année 2004.

Extension du domaine de la puce

Le PV électronique ne compte pas en rester là. Après plusieurs mois d’expérience, Vintimille, à la frontière italienne, a définitivement adopté la ClipCard, et le brevet est d’ores et déjà déposé dans 40 pays à travers le monde. Même la police royale de Malaisie s’intéresse au procédé. En France, dautres communes sont également sur les rangs, et notamment Grenoble, Orléans et Versailles. Surveillez votre pare-brise : le PV électronique pourrait bien arriver très vite dans votre rue !

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Didier Forray