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Gilbert Volker

‘ Il serait dommage de jeter les vieux objectifs aux oubliettes. ‘

Photographe adepte du portrait et de la mode, Gilbert n’aime pas les recettes toutes faites. Il a découvert très tôt que l’on pouvait obtenir des images étonnantes et très personnelles en détournant des objectifs de leur rôle
initial : ‘ J’ai commencé à expérimenter de nouveaux couples objectifs/ boîtiers au siècle dernier, c’est-à-dire à l’époque de l’argentique, quand j’étais photographe de mode. Je mélangeais joyeusement les générations et
les marques. ‘
Ces mariages contre nature étaient rendus possibles par des bagues d’adaptation, fabriquées par quelques constructeurs maniaques. Elles permettaient, par exemple, de monter un objectif à vis sur une monture à
baïonnette. L’arrivée des reflex modernes ?” autofocus puis numériques ?” aux montures bardées de contacts électroniques a quelque peu compliqué les choses : ‘ Aujourd’hui, les boîtiers communiquent
étroitement avec les objectifs, pour échanger des informations d’ouverture de diaphragme, de distance de mise au point ou de distance focale. Certaines combinaisons ne permettent pas ces automatismes. Il faut alors travailler en mode
manuel. ‘

Détourner l’argentique au profit du numérique

Ce qui n’empêche nullement Gilbert de continuer ses détournements : ‘ Les bagues commercialisées par Novoflex fonctionnent très bien en numérique. J’utilise sur mon Canon EOS 1DS toutes sortes
d’optiques : des objectifs alternatifs, importés par Brener ou MMF, comme le très amusant Lens Baby, ou tout simplement les optiques argentiques de la marque. J’ai même déjà vu des photographes utiliser des optiques Leica R sur leur
EOS. ‘
Et la magie opère :‘ On obtient un rendu particulier ?” surtout dans les zones floues à grande ouverture ?”, impossible à réaliser avec les optiques classiques. J’apprécie
particulièrement le Pentax SMC Takumar F:50 1,4 pour sa capacité à produire des portraits avec une faible profondeur de champ. L’orifice du diaphragme n’est pas complètement rond, ce qui donne à l’image une douceur et un velouté sans
pareils. ‘
Gilbert nous démontre ainsi avec brio que ce n’est pas parce qu’il existe maintenant des objectifs taillés pour le numérique qu’il faut jeter l’immense parc d’optiques préexistantes avec l’eau du
bain :‘ Il serait dommage de reléguer des générations d’anciens objectifs aux oubliettes, car ils représentent une véritable culture. La rupture avec l’argentique que l’on voudrait nous imposer n’est pas justifiée, et
l’avantage des reflex numériques est justement de pouvoir continuer à profiter de toute cette richesse. ‘
Une aubaine pour les fureteurs, puisque depuis l’apparition du numérique, les optiques doccasion peuvent se trouver à
des prix très intéressants dans les boutiques ou les foires spécialisées.

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Julien Bolle