AMD prépare sa revanche

Ça va bientôt bouger dans nos PC ! AMD revient sur le devant de la scène avec une nouvelle architecture quadric?”ur pour ordinateur de bureau (Phenom), une nouvelle plate-forme pour ordinateurs portables (Puma), et même une
nouvelle puce hybride combinant un processeur et un circuit graphique (Fusion)…AMD n’est pas mort et compte bien le faire savoir. Il faut dire que depuis quelques mois, son rival Intel lui a ravi la vedette dans tous les segments du marché grâce à son architecture Core, plus performante et surtout moins
gourmande en énergie que celle du K8 d’AMD (utilisée sur les Athlon). Pourtant Intel n’en menait pas large avant la sortie de son architecture Core, tant la suprématie des puces Athlon 64 était avérée sur les processeurs Pentium 4. Intel a su en son
temps faire table rase du passé et repartir de zéro pour construire le Core.Sans aller aussi loin, AMD semble s’être inspiré de ce mode opératoire, se montrant assez timide sur le marché ces derniers temps… histoire de préparer une riposte de taille. Si l’on en croit le constructeur, celle ci serait à
la hauteur de l’attente tant sa nouvelle architecture Phenom serait supérieure à celle exploitée par les processeurs Core 2 Duo. On attend de goûter pour juger… Bien entendu, Intel ne compte pas rester sans réagir : le fondeur a déjà
dans ses cartons un Core 2 Duo amélioré connu sous le nom de code Penryn. Pas de doute, la guerre des puces est bien repartie !

Phenom : plus fort que le Core 2 Duo ?

Connue jusqu’ici sous le nom de code K10 voire K8L (voir l’Oi n?’192, p. 72), l’architecture processeur d’AMD destinée à succéder à celle au c?”ur de tous les processeurs de la marque porte désormais un
nom : Phenom (prononcez ‘ Fi-nome ‘). Dérivée de l’actuelle K8, cette architecture est prévue dès le départ pour faire fonctionner quatre c?”urs de concert (et non deux fois deux c?”urs, comme
chez Intel). Basée sur une gravure en technologie 65 nm, elle prévoit 512 Ko de mémoire cache de niveau 2 dédiée (L2) pour chaque c?”ur et 2 Mo de mémoire cache de niveau 3 ainsi qu’un contrôleur mémoire partagés entre tous les
c?”urs. Intégrant des unités de calcul en virgule flottante sur 128 bits la plupart des processeurs d’architecture Phenom adopteraient le format de socket AM2+ rétrocompatible avec les cartes mères actuelles par simple mise à jour du Bios. Enfin,
sa dissipation thermique ne devrait pas excéder 89 watts, y compris en configuration quatre c?”urs. De manière à jouer sur un effet de gamme, AMD a prévu de décliner son architecture en de multiples variantes adaptées aux différents segments du
marché : depuis le modèle quadric?”ur Phenom FX utilisable en mode biprocesseur (jusqu’à 8 c?”urs donc !) pour les hardcore gamers, jusqu’au modèle monoc?”ur Sempron pour les PC bureautiques de base, en passant par les déclinaisons
double c?”ur Athlon X2, ce ne sont pas moins de 11 processeurs (sans parler des versions basse consommation !) qui devraient être proposés dans les prochains mois (voir le tableau des déclinaisons ci-contre).

Penryn : la réponse d’Intel

Fort du succès rencontré par ses processeurs d’architecture Core (Core 2 Duo notamment), Intel prépare lui aussi la relève avec Penryn. Sous ce nom de code se cache en fait une évolution de l’architecture Core actuelle dont le
fait le plus marquant est le passage d’une finesse de gravure de 65 à 45 nm. De quoi intégrer près de 420 millions de transistors et donc jusqu’à 3 Mo de mémoire cache L2 par c?”ur là où l’on ne pouvait en loger que 2 Mo auparavant.
De quoi aussi envisager des fréquences de fonctionnement nettement plus élevées, de l’ordre de 3 GHz et plus. Autre changement, le remplacement du jeu d’instructions SSE3 par un SSE4 de nature, selon Intel, à booster à lui seul les performances
de l’ordre de 40 % avec les logiciels qui les exploitent. Plus original, l’arrivée d’un mécanisme d’overclocking automatique capable d’augmenter la vitesse de traitement de l’un des c?”urs confronté à un pic temporaire d’activité alors que le
second est sous-exploité. Il faudra toutefois patienter encore, puisque ces nouveaux processeurs ne devraient pas être commercialisés avant la fin de l’année.

La refonte globale de l’architecture Core, elle, ne devrait intervenir que courant 2008 avec le lancement du processeur de nom de code Nehalem avec système de communication intercomposants ?” à la manière de HyperTransport
?” et contrôleur mémoire intégrés.

Puma : Centrino en ligne de mire

Attendue au premier semestre 2008, la contre-offensive d’AMD face à Intel sur le terrain des portables porte déjà un nom : Puma. Au c?”ur de cette plateforme, on retrouve un processeur
‘ Griffin ‘ basse consommation, un jeu de composants RS780 à circuit graphique intégré et un contrôleur de réseau sans fil. Le processeur, à double c?”ur, dérivé de l’actuel Turion X2, offrirait une
gestion dynamique des deux c?”urs, proche de celle des Core 2 duo d’Intel (possibilité de désactiver l’un des deux c?”urs, et contrôle de tension sélectif ). Gravé en 65 nm et dotée de 1 Mo de mémoire cache de niveau 2 par c?”ur
(contre 512 Ko pour le Turion X2), il devrait tirer parti d’un bus Hypertransport 3.0 pour une bande passante multipliée par 3. De son côté, le RS780 serait compatible PCI-Express 2.0 et intégrerait une puce graphique compatible DirectX10
dérivée des circuits graphiques ATI HD2000 maison. Les constructeurs auraient toutefois la possibilité, à l’inverse du Centrino, d’ajouter un contrôleur graphique externe (avec passage de l’un à l’autre sans redémarrage du système), et de choisir le
contrôleur Wi-Fi.

Fusion : une puce hybride

Présenté il y a quelques mois, le projet Fusion d’AMD découle d’un constat simple : les circuits graphiques (GPU) sont aujourd’hui d’un tel niveau de puissance et de complexité qu’ils constituent un sous-système aussi
important que les unités de calcul en virgule flottante. D’où l’idée de les intégrer, comme ces dernières, directement au sein du processeur central (CPU). Avec un double objectif : augmenter le niveau de performance de l’ensemble et limiter la
consommation d’énergie. Mais Fusion ne se contentera pas de combiner un processeur et d’un circuit graphique dans une même puce. Dans un second temps, AMD pourrait s’inspirer des processeurs Cell d’IBM (utilisés notamment dans la PS3 de Sony), et
marier, dans un même circuit, un processeur généraliste et divers circuits spécialisés (en traitement audio, en compression vidéo, en chiffrement, etc. ). En clair, Fusion ne se limitera pas à une solution d’entrée de gamme… Hélas, les
premiers exemplaires ne devraient pas voir le jour avant 2010. En attendant, Intel qui travaille également sur ce sujet, pourrait alors bien damer le pion à AMD sur ce terrain et proposer avant lui un tel processeur, fort de sa finesse de gravure en
45 nm.

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Stéphane Reynaud