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Winstar, l’autre opérateur de BLR

Le nord-américain Winstar Communications n’a pas été autorisé par l’ART à fournir en France des services de boucles locales radio. Il n’en est pas moins, depuis septembre dernier à Paris, un opérateur de BLR, non pas en mode point à multipoint, mais point à point.

Grâce à d’autres solutions technologiques, Winstar contourne, en effet, dans la plus parfaite légalité, les dispositifs réglementaires existants. Depuis juillet 1999, il est titulaire d’une licence L.33-1 pour l’Ile-de-France, qui l’autorise à proposer aux entreprises ses propres services de transmission de données hauts débits.
Pour mettre en ?”uvre ses faisceaux radio point à point, il lui suffit ensuite de demander à l’ART, dès qu’il a recruté un client, une licence de fréquence hertzienne, qu’il obtient généralement dans un délai de deux mois. “Pendant ce temps, nous commençons déjà à précâbler l’immeuble de ce client, pour ne pas rallonger encore les délais”, précise Marc Delforge, directeur de Winstar France.

La BLR multipoint par concentration de faisceaux point à point

Cinq bases radio de concentration des faisceaux suffisent à couvrir Paris intra-muros et sa proche couronne. Elles ont été installées sur les points hauts les plus appropriés : au sommet de l’hôtel Concorde-Lafayette, Porte Maillot ; de l’hôtel Sofitel, Porte de Sèvres ; de la tour Cofonca à La Défense, ainsi que d’une des deux tours Mercuriales, Porte de Bagnolet, le dernier hub ayant été placé rue Balzac dans le 8e arrondissement, sur le siège de Winstar France, qui sert également de n?”ud d’interconnexion internationale.
Mais, si, par malchance, l’immeuble d’un client était situé top bas ou trop loin, l’opérateur se réserve toujours la possibilité de le raccorder via les réseaux métropolitains fibre optique de France Télécom ou de Colt. Une trentaine de clients se sont déjà laissés convaincre. Parmi eux : Maubuisson, France Soir, Web Bar, Web Studio, Epita (Ecole pour l’informatique et les techniques avancées), CAP Déménagements, Financière de Courcelles, Axxor Informatique, Budd, Sibel, Intersite…
Les faisceaux hertziens de Winstar utilisent de préférence la bande 38 GHz, avec la technologie de l’américain DMC. Ils peuvent offrir jusqu’à 155 Mbit/s de bande passante, alors que les BLR point à multipoint sont limitées, comme on sait, à 8 Mbit/s. Ces faisceaux garantissent une fiabilité de 99,999 % dans un rayon de 3,5 km, mais leur portée peut aller jusqu’à 25 km. Ils s’installent en 19 jours ouvrables.
Les clients peuvent commencer avec un débit de 128 kbit/s. L’opérateur leur installe alors un faisceau de 2 Mbit/s, qu’il leur facturera au tarif d’un lien de 128 kbit/s. Cette bande passante pourra ensuite être augmentée à tout moment en 48 heures à 256 kbit/s, 512 kbit/s, etc. à titre temporaire ou définitif.
Sur ces faisceaux, Winstar propose aujourd’hui 5 types de services :- l’accès Internet permanent ;- le routage téléphonique longue distance ;- le circuit permanent vers un autre site, se trouvant à l’autre bout de la ville ou outre-mer ;- des circuits virtuels permanents Frame Relay jusqu’à 2 Mbit/s pour les transferts de fichiers vers des sites multiples, par exemple. Ils sont fournis par des commutateurs de Lucent Technologies, qui se charge également de l’ingénierie et de la maintenance des faisceaux hertziens ;- ainsi que des services associés à l’Internet comme les pare-feu, les VPN et l’hébergement de sites web. D’ici la rentrée prochaine, Winstar compte également introduire des services de streaming vidéo ainsi qu’une version en langue française de son portail Office.com de services ASP pour les PME. Il prévoit aussi d’ouvrir un ou deux data centers en Europe avant la fin de l’année, puis de s’implanter dans d’autres villes françaises comme Lyon et Marseille vers la fin 2002, sinon courant 2003.
Dès à présent, Winstar développe également une offre Campus, pour l’interconnexion jusqu’à 34 Mbit/s de bâtiments situés hors de la portée de ses concentrateurs de faisceaux hertziens. Tous ces services sont en principe facturés de 20 à 30 % moins cher que leur équivalent filaire chez France Télécom.
Les services d’accès Internet ont été adoptés par près de 90 % des clients parisiens. Cinq d’entre eux ont dès maintenant recours aux prestations d’hébergement web. Parmi les clients Frame Relay, on peut citer France Soir et Sibel, pendant que l’Epita a réservé un canal Internet de 34 Mbit/s pour l’ensemble de ses 4 sites. Le raccordement radio point à point très haut débit est en réalité le métier d’origine de Winstar Communications aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Au 31 décembre dernier, il totalisait 250 points de concentration (hubs) et en avait déjà réservé 150 autres. Il raccordait quelque 4 400 immeubles et près de 13 900 clients. Fin 2000, son revenu mensuel moyen par client était de 1 850 dollars, contre 1 700 dollars trois mois plus tôt. C’est donc forcément lui qui détient dans le monde le plus grand nombre de licences hertziennes.

La BLR multipoint seulement en appoint

Il lui arrive de demander des licences BLR point à multipoint, mais seulement pour compléter son offre point à point, qui reste évidemment sa préférence. Il vient ainsi de décrocher plusieurs licences régionales en Allemagne et en Belgique.

“En France, en revanche, précise Marc Delforge, nous avions, pour une fois, fait le calcul inverse. Nous avions demandé 1 licence nationale et 12 licences régionales point à multipoint avant d’avoir commencé d’offrir des services point à point, et cela sans nous allier à un partenaire français. C’était notre erreur. Mais peu importe après tout, puisque cela ne nous empêche pas d’exercer en France même notre vrai métier.”

Winstar emploie aujourd’hui à Paris une quinzaine de personnes. Au plan mondial, son chiffre d’affaires a été, au 4e trimestre 2000, de 225,2 millions de dollars, en progression de 59,1 % par rapport au même trimestre de 1999. En décembre 2000, son portail de services ASP Office.com, développé en partenariat avec Microsoft, avait enregistré 3 millions de visiteurs uniques, contre 2,8 millions en novembre 2000. Mais la perte nette trimestrielle, quoiqu’en diminution constante, a encore été de 255 millions de dollars.
Pour autant, l’opérateur n’a pas de souci financier, puisqu’en novembre dernier il a réussi une levée de fonds de 1 milliard de dollars, constituée notamment de 270 millions d’investissement provenant de Microsoft, Compaq et Cisco Systems, d’encours chez Compaq et Cisco ainsi que de l’extension de sa facilité de crédit (www.winstar.com) (www.office.com).

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La rédaction