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UMA, un standard pour faire communiquer téléphones et technologies portables

Les communications passant par un bimode GSM/ Bluetooth ou Wi-Fi pourront transiter de façon transparente d’un réseau à l’autre.

L’organisme de normalisation 3GPP ?” en charge notamment du GSM et de l’UMTS ?” vient de donner un brusque coup d’accélérateur à la mise en place concrète d’une certaine forme de convergence fixe-mobile. Il a en effet annoncé sa décision d’intégrer les spécifications UMA (Unlicensed Mobile Access) dans la ‘ Release 6 ‘ de ses recommandations, qui accéderont donc au statut de norme avant l’été, vise en effet à garantir aux possesseurs d’un combiné 2,5G ou 3G bimode l’accès aux mêmes types de services cellulaires voix/données, que la connexion se fasse de manière classique via le réseau mobile (lorsque l’abonné est à l’extérieur) ou qu’elle se fasse par le biais d’un réseau local radio (lorsque ce même abonné se trouve chez lui, dans une entreprise ou dans la zone de couverture d’un hot spot Wi-Fi).

Elaborées par une quinzaine d’opérateurs et d’équipementiers, dont Alcatel, BT, Cingular, Ericsson, Motorola, Nokia, Nortel, O2, Siemens et T-Mobile, les spécifications UMA doivent également permettre un transfert sans coupure des communications d’un réseau à l’autre en cas de déplacement de l’utilisateur. Reste que l’architecture ainsi définie impose l’installation d’équipements spécifiques dans les infrastructures et la mise sur le marché de téléphones cellulaires dotés également d’une interface Wi-Fi ou Bluetooth (1) et d’un logiciel ad hoc. L’offre est toutefois prête à fleurir, comme ont pu le découvrir les visiteurs du 3GSM World Congress, qui s’est tenu à Cannes mi-février.

Des logiciels clients UMA pour Windows Mobile et Symbian OS.

Le principe à la base de l’architecture UMA est relativement simple. Il consiste, dès qu’un téléphone mobile entre dans la zone de couverture d’un point d’accès Wi-Fi ou Bluetooth, à faire transiter les communications par la base radio et le réseau IP large bande filaire auquel cette base est connectée. Dans la pratique, c’est le logiciel client UMA installé dans le terminal qui se charge d’encapsuler dans des paquets IP l’ensemble du trafic cellulaire (voix numérisée, données et signalisation).

Ces paquets sont alors véhiculés par le réseau d’accès IP large bande (ADSL par exemple) jusqu’à un équipement spécifique ?” le contrôleur UMA ?” qui, lui, restitue les communications sous leur forme native. Placé de manière stratégique entre le monde IP et le c?”ur de l’infrastructure du réseau radiocoms (GSM, CDMA ou UMTS), le contrôleur UMA a également pour fonction d’avertir la base de données du réseau mobile de la nouvelle localisation de l’abonné, afin que le trafic dont il est destinataire puisse être routé par le réseau d’accès UMA et non pas par l’infrastructure cellulaire traditionnelle (voir illustration ci-dessous). Il se charge aussi d’authentifier les terminaux et d’autoriser l’accès aux services cellulaires via les bases Bluetooth ou Wi-Fi.

‘ L’architecture UMA a plusieurs avantages pour les opérateurs mobiles, note Yves Nicolas, vice-président en charge des activités DSL de la société française Inventel, qui a annoncé lors du 3GSM World Congress le support de la technologie UMA par ses passerelles résidentielles ADSL compatibles Wi-Fi ou Bluetooth (2). Elle leur permet notamment de résoudre les problèmes éventuels de couverture des lieux d’habitation par les réseaux cellulaires, de libérer des ressources spectrales dans les zones où les fréquences GSM sont proches de la saturation et de proposer une facture unique fixe-mobile. Les opérateurs fixes voient également avec intérêt l’arrivée à maturité de la technologie UMA, car elle peut leur permettre de conserver leurs abonnés et de générer du trafic vocal supplémentaire sur leurs infrastructures filaires ‘.

Dans cette perspective, le britannique BT semble avoir été particulièrement séduit par le concept. Suffisamment en tout cas pour que l’opérateur repousse son projet de convergence fixe-mobile Bluephone annoncé en 2003, le temps que ses partenaires équipementiers, dont Alcatel, Inventel et Motorola, disposent de matériels compatibles UMA. Le but à terme étant, pour BT, de déployer chez ses abonnés des bornes téléphoniques résidentielles utilisables avec des combinés GSM bimodes, Bluetooth dans un premier temps, puis Wi-Fi dans une seconde étape.

L’édition 2005 du 3GSM World Congress a d’ailleurs fourni l’occasion d’assister aux premières démonstrations de téléphones mobiles UMA, en particulier sur le stand de la société Kineto Wireless, particulièrement moteur dans l’élaboration des spécifications récemment avalisées par le 3GPP. Cette jeune pousse, qui propose aussi des contrôleurs UMA compatibles GSM/GPRS/Edge ou CDMA, a développé un logiciel client UMA pour terminaux cellulaires, déjà disponible sur Windows Mobile et en cours de portage sur Symbian OS. Si les constructeurs BenQ et Chi Mei figurent parmi les premiers licenciés de Kineto, Philips s’est, pour sa part, engagé à fournir dès la mi-2005 des plates-formes Nexperia 2,5G/Wi-Fi intégrant le logiciel de l’Américain.
(1) L’architecture UMA est a priori compatible avec la technologie Dect, mais l’interopérabilité parfois défaillante entre combinés et bases Dect constitue encore un handicap à son adoption dans des terminaux mobiles GSM bimodes.
(2) Les spécifications UMA ne concernent pas directement les points d’accès ou les résidentielles, mais ces équipements auront un rôle prépondérant à jouer sur les aspects sécurité et qualité de service lors de la mise en place concrète du concept.

Principe de la technologie de convergence fixe-mobile UMA

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Pierrick Arlot