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Stock-options de singe

Si une start-up gagne rarement de l’argent, elle en dépense aussi très peu. Dans la nouvelle économie, la monnaie en circulation s’appelle en effet “participation au capital”. Par Didier Géneau.

Totalement virtuelle, cette monnaie a cependant une valeur considérable pour ceux qui parient sur l’essor des dot-com. Aujourd’hui, une poignée d’actions dans le capital d’une jeune pousse, créée quelques jours auparavant et qui dispose pour seul actif d’un business plan hâtivement bouclé, concrètement, cela ne vaut pas grand-chose. Demain, cette même participation dans l’équivalent d’un Yahoo, ou d’un Amazon, c’est peut-être tout simplement le jackpot.Une véritable aubaine pour un entreprenaute pressé. Car tout s’achète contre une participation au capital. Qu’il s’agisse de développement d’un site web, de conseils juridiques, de plans de communication, ou encore d’ordinateurs, vous trouverez toujours un prestataire dont la confiance dans le franc ou le dollar, héritages de l’ancienne économie, est très limitée.Cela commence déjà par le capital-risqueur ou le business angel qui, en échange d’un fauteuil d’actionnaire, vous fourniront une trésorerie immédiate pour les quelques dépenses incontournables. Vous recherchez aussi un local ? Allez donc voir un incubateur. Il vous proposera en sus tout un ensemble de services associés pour seulement 20 ou de 30 % des actions. Dans l’Hexagone, on dénombre actuellement une dizaine de ces incubateurs. Et ce n’est qu’un début, quand on sait que ces ” accompagnateurs de start-up ” sont près de 600 aux Etats-Unis.Le recrutement d’une équipe de professionnels aguerris fonctionne sur le même modèle. Que l’on appelle cela plan de stock-options ou BSPCE (Bon de souscription de parts de créateurs d’entreprise), l’idée est de contrebalancer tous les inconvénients liés au travail dans une start-up par une participation au capital. Autrement dit, par une promesse de gains importants dans le futur.Selon une étude réalisée fin 1999 par le cabinet Arthur Andersen, 80 % des start-up françaises utilisent ou comptent utiliser les stock-options afin de compenser les rémunérations peu élevées de leurs salariés.De fait, tout le système de la Net-économie repose sur cette foi inébranlable en l’avenir et sur une valorisation démentielle des pionniers d’Internet. Reste que les turbulences boursières de ces dernières semaines vont probablement gripper cette belle dynamique. On le sait désormais de façon certaine : la majorité des start-up échoueront dans leurs projets de développement, d’introduction en Bourse, et même de rachat par un concurrent plus féroce. L’internet n’est pas ?” ou n’est plus ?” une loterie où l’on gagne à tous les coups.Quelques-uns on réussiront évidemment leur fabuleux pari. En revanche, beaucoup d’autres, créateurs de start-up, investisseurs, prestataires et bien sûr salariés, se retrouveront avec des participations et des stock-options réduites à de la simple monnaie de singe.
Peu importe, le rêve na pas de prix. Il faut juste en être conscient.

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Didier Géneau, rédacteur en chef délégué de 01net.