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Sam Yagan (eDonkey) : ‘ Notre challenge est de convertir nos utilisateurs au payant ‘

Menacé de procès, Sam Yagan annonçait fin septembre qu’il allait rendre son logiciel de peer to peer plus conforme aux exigences des maisons de disques. Le patron de MetaMachine, éditeur d’eDonkey, explique sa décision.

01net. : Vous avez
annoncé
que vous alliez vous plier aux exigences de l’industrie musicale qui vous menaçait de procès. Que va devenir eDonkey ?


Sam Yagan : Notre site reste ouvert et le développement d’eDonkey va continuer. Mais nous allons désormais essayer de nous conformer aux demandes de l’industrie de la musique. Je ne peux pas encore vous dire
comment. Nous sommes en train de négocier pour trouver un accord. Pour l’instant, nous n’avons pas de date butoir.En prenant cette décision, vous pensiez que le jugement de la Cour suprême des Etats-Unis dans
l’affaire Grokster
(qui reconnaissait le réseau P2P responsable d’incitation au piratage) s’appliquerait à eDonkey ?


Non. Nous pensons que [en cas de procès avec l’industrie musicale, NDLR] nous ne serions pas tenus pour responsables [d’inciter les utilisateurs au piratage, NDLR] au regard de la
décision Grokster. Cependant, nous savons qu’il faudrait dépenser dans les 5 millions de dollars en l’espace de deux à trois ans rien que pour nous défendre. Cela n’en vaut pas la peine.Quelles sont les conséquences de la décision Grokster ?


Toutes les entreprises de P2P vont fermer [si elles ne se conforment pas aux décisions de l’industrie du disque, NDLR]. C’est ce que je prévois. Et les nouveaux venus renonceront à s’installer aux
Etats-Unis. Ils iront en Europe, en Asie, aux Caraïbes, là où ils n’auront pas en permanence une menace au dessus de la tête. Le peer to peer va continuer à exister, mais avec moins d’innovations. Cela comporte
désormais trop de risques.Avez-vous cherché à négocier avec les majors pour distribuer légalement de la musique sur votre plate-forme ?


Bien sûr. Nous avons passé beaucoup de temps à essayer, mais sans y parvenir. Il est impossible de deviner pourquoi les maisons de disques n’ont pas signé d’accord. Peut-être est-ce parce qu’elles ne voulaient pas
compromettre leurs chances de gagner dans l’affaire Grokster. Ou parce qu’elles voulaient sortir toutes les sociétés de P2P du business.Pourtant Snocap (plate-forme légale de distribution musicale) est parvenu à signer avec EMI et Sony BMG, par exemple…



Ils ont peut-être annoncé des partenariats avec des maisons de disques. Et alors ? Ont-ils des utilisateurs ? Ont-ils seulement sorti un produit ? Non.Ne craigniez-vous pas que les utilisateurs d’eDonkey se tournent vers d’autres logiciels, comme eMule, un clone gratuit d’eDonkey ?


C’est possible, mais nous espérons que cela ne sera pas le cas. Nous avons été l’un des créateurs de la technologie du P2P, nos utilisateurs le savent, l’apprécient et je pense qu’ils sont loyaux envers nous.Mais comment les convaincre de payer sur des plates-formes commerciales comme la vôtre pour des contenus qu’ils peuvent trouver gratuitement ailleurs ?


C’est ça le challenge. Il faut trouver de nouveaux modèles économiques. Tout va dépendre des accords que nous pourrons trouver avec l’industrie musicale.

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Propos recueillis par Stéphane Long