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Ralf Nader à Bill Gates : rendez l’argent aux petits porteurs !

36 milliards de dollars en caisse et pas un cent versé aux actionnaires. Ralf Nader dénonce la politique de Microsoft consistant à ne pas verser de dividendes afin d’éviter une imposition plus forte. A qui profite le crime ?

Microsoft n’est décidément pas une société comme les autres. Sa santé financière est quasiment sans égal. Avec une rentabilité de près de 30 % en 2001, le bénéfice net s’élève à 7,35 milliards de dollars. On pourrait penser que le conseil d’administration de l’éditeur, présidé par Bill Gates, a décidé de partager cet argent avec ses nombreux actionnaires.Or, il n’en est rien. Depuis quinze ans que la société est cotée en Bourse, Microsoft ne leur a pas versé un centime de dividende.Une pratique que le célèbre défenseur des droits des consommateurs, Ralf Nader, trouve injuste. Ce dernier a donc pris sa plume, vendredi dernier, pour écrire une belle lettre à Bill Gates lui enjoignant de verser des dividendes.Ses arguments ? Microsoft dispose de 36 milliards de dollars en cash ou en placements à court terme. Ces milliards de dollars sont issus des bénéfices accumulés moins ce qui a été investi en développement par l’entreprise. Or, une telle accumulation, selon Ralf Nader qui en appelle à la loi, devrait être soumise à l’impôt qui pèse normalement sur le versement de dividendes aux actionnaires.Ainsi, au lieu de payer normalement des dividendes taxées à 39,6 %, Microsoft laisse ses actionnaires réaliser des profits en achetant et en revendant des actions. Et, fait remarquer Ralf Nader, l’impôt sur les plus-values boursières est, aux Etats-Unis, d’au plus 20 %.Par exemple, ajoute-t-il, prenant à partie Bill Gates : ” Vous avez vendu à titre personnel pour 2,9 milliards de dollars d’actions Microsoft l’an dernier, tirant un bénéfice faramineux du taux d’imposition moindre qui s’applique à la cession de titres. ” Difficile de calculer le profit que Bill Gates a pu tirer de cette opération, mais il est probable que la différence entre les deux taux d’imposition quand il s’agit de montants aussi élevés se chiffre à plusieurs centaines de millions de dollars.

Placement ou détournement ?

Pour l’auteur de la lettre, cette pratique constitue une injustice criante au regard des taxes que payent, par exemple, les travailleurs indépendants. Mais c’est également un motif d’interrogation quant à la composition de l’actionnariat de l’entreprise.” Il est significatif qu’un petit nombre de personnes dirigeant la société, écrit Ralf Nader, détienne une part substantielle de son capital (17,3 % du capital est détenu par les directeurs généraux et autres managers, sans compter les parts détenues par le cofondateur, Paul Allen), une situation qui est plutôt inhabituelle pour une société cotée de cette taille (la capitalisation se monte à 373 milliards de dollars) “.Or, si l’on comprend bien l’avantage financier que peut tirer Microsoft de cette pratique, on peut se demander quel est son but stratégique. Est-ce pour être en mesure de procéder à des investissements qui profiteraient aux actionnaires, ou bien ses desseins sont-ils autres ?Microsoft pourrait par exemple investir cet argent dans des opérations financières complètement étrangères à l’activité de la société, afin de générer de substantiels revenus financiers. Dans tous les cas de figure, Ralf Nader se demande pourquoi ne pas laisser le choix aux actionnaires d’investir eux-mêmes le produit de leur placement en leur versant des divendes. Une façon, naïve mais percutante, de faire comprendre que cette pratique de Microsoft équivaut à un détournement. Tout du moins en théorie.

Relancer la polémique autour de Microsoft

En effet, la lettre de Ralf Nader a moins pour objectif de faire pression sur Microsoft pour qu’il verse des dividendes que d’attirer l’attention sur l’indécente santé financière de l’éditeur ?” 36 milliards de dollars de trésorerie ! Deux fois plus que General Motors, qui affiche pourtant un chiffre d’affaires sept fois supérieur ?” au moment où se radicalisent les actions en justice pour abus de position dominante.Ralf Nader espère faire entendre à l’opinion publique américaine, qui reste majoritairement favorable à léditeur, que ce dernier accumule des bénéfices indus.

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David Prud'homme