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Quoi de neuf ?XXI ?” Un parachute directoire

Résumé des chapitres précédents : Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne…

Résumé des chapitres précédents : Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.Il suffisait de cliquer sur n’importe quel lien pour lancer le programme qu’avait implanté le hacker. Alerté, Niak identifia le texte comme le manifeste de la Hacker Pride, écrit en 1986, au lendemain de l’arrestation d’un adolescent accusé d’avoir piraté une banque. Il expliqua que, dans l’esprit des cyber-ados, le piratage avait pris le sens d’un jeu, parfois même le sens d’un combat politique.Ces jeunes-là avaient appris à puiser dans la famille des Troyens. À Back Orifice (et non pas Back Office, comme Arzel avait cru entendre), avait succédé Sub Seven, puis Imprecator I, II et III. D’après Niak, ils connaissaient les moteurs de recherche, les procédures qui permettaient de rafler les passwords au nez et à la barbe des agences de voyage ou des banques. Ils s’introduisaient de nuit dans les bureaux, s’échangeaient les codes source. Ils employaient cent pseudos. Ils s’entraidaient quand il s’agissait d’alerter un hacker menacé d’être découvert. “ Toute une culture…“, ajouta Niak.Antitrust, le film où Tim Robbins joue le rôle d’un méchant clone de Bill Gates, certains l’avaient vu en DVD sans attendre sa sortie dans les cinémas. Ils l’avaient accueilli avec autant d’émotion que leurs aînés découvrant Le cercle des poètes disparus. Niak en savait tant qu’Arzel trouvait ça louche…Pour la première fois, Prestibank avait donc été victime d’un acte de malveillance. Jusque-là, le site de la banque en ligne avait connu divers incidents. La plupart résultaient de retouches dans la configuration, dans le paramétrage, dans la programmation. Jamais, en revanche, il n’avait été infecté par des Troyens. À Martigny, pressé de savoir sous quel délai le site serait remis en état, Wang avait répondu “No problem “. Le responsable de Safe Tech, la hot line, ne disait jamais non. Quelle que fut la gravité du bogue, il jurait avoir la solution.C’était le début de l’après-midi. Wang tentait de reprendre le contrôle à distance du serveur infecté. Arzel s’avisa que le Taïwanais répétait la même opération depuis le matin. Il fit la remarque au téléphone. Wang feignit de ne pas comprendre. En réalité, en déduisit Arzel, Wang s’interdisait toute initiative : il n’agirait que sur instruction de ses supérieurs, ceux de la filiale de Rotterdam, lesquels auraient attendu d’avoir consulté leurs homologues du siège de Taïpeh ! D’ici là, compte tenu du décalage horaire, les responsables du back-up de Prestibank auraient rétabli la connexion avec un nouveau serveur.Arzel avait eu tort de médire. Wang venait de communiquer l’historique des appels de la nuit dernière. Parmi les numéros, Arzel reconnut celui de son domicile. Il appela.
” Astrid, où est Théo ? Sa femme s’offusqua :
?” Où veux-tu ? Il n’a pas quitté sa chambre !
?” Peux-tu aller voir ? Enfin, Astrid apporta la réponse : ” Théo aura passé une nouvelle nuit sur internet. Il dort, un journal sur la tête. Fermer les volets, il a la flemme…
?” Quel journal, chuchota Arzel ?
?” Quelque chose comme Hackerz, Hackerz Voice, je crois…”
Voyant Arzel pâlir, Martigny soupira d’aise : parachuté à ses côtés par certain nabab du directoire d’Euryx-Bartabas, son adjoint battait en retraite avant d’avoir livré bataille.
La semaine prochaine, dernier épisode : ” Grand large “
*Journaliste, écrivain, ancien éditeur. Dernier ouvrage paru : “Caïn et Abel avaient un frère” (LOlivier Édition).

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Philippe Delaroche*