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Mouches télécommandées

Contrôler le comportement d’une mouche à l’aide d’un laser : telles est la prouesse réussie par deux chercheurs de l’université de Yale.

Ce sont des mouches à fruits tout à fait normales. Elle battent des ailes, volent, se déplacent avec leurs pattes. Pourtant, elles ne sont pas libres de leurs mouvements. Car, à quelques mètres, des scientifiques contrôlent leurs faits
et gestes avec un laser, comme
ils télécommanderaient une voiture.Cette prouesse, publiée
dans le journal Cell du 8 avril, est d’autant plus impressionnante qu’elle ne se base pas sur des électrodes posées sur les insectes.
La technique est tout autre.Elle part du principe que des cellules nerveuses spécifiques peuvent être équipées de ‘ récepteurs ‘ moléculaires qui leur permettraient de reconnaître un signal extérieur (une variation d’intensité d’un laser
par exemple) et de l’interpréter comme un signal électrique caractéristique de l’activité nerveuse.Les cellules nerveuses ciblées font partie d’un système contrôlant des mouvements spécifiques (fuite, saut, vol) qui ont très rapidement permis aux chercheurs de l’université de Yale de vérifier le fonctionnement de leur
‘ télécommande ‘.Mais en ciblant d’autres cellules, ils pourraient influencer des comportements plus complexes, comme l’apprentissage, des postures agressives et même, disent-ils, ‘ des pensées
abstraites ‘.
Cette découverte concrétise, pour la première fois, les rêves de bien des chercheurs et auteurs de science-fiction : contrôler l’esprit à distance à l’aide de technologies. Bien sûr, pour l’instant, le système
ne fonctionne pas avec n’importe quelle mouche, il faut qu’elle ait reçu un traitement spécial.Mais la découverte ouvre surtout plusieurs voies de recherche, bien moins romanesques que le mind control. Elle pourrait servir à soigner les personnes touchées par le syndrome de Parkinson, en stimulant la
production de dopamine, dont l’absence est l’une des causes du développement de la maladie.Elle pourrait aussi aboutir au développement d’ordinateurs bioniques, mêlant des circuits neuronaux interfacés avec des circuits électroniques…* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique jeudi 27 avril

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Alain Steinmann*