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Mobile : les fils coupés sont renoués

Six mois après s’être séparé de sa filiale MMO2, BT rentre à nouveau sur le marché de la téléphonie mobile. L’opérateur compte y générer au moins 290 millions d’euros par an d’ici à 2004-2005.

Comment faire du mobile sans posséder de réseau ? Réponse : en utilisant les services de son ancienne filiale. Développée en avril dernier, la nouvelle stratégie de BT en la matière consiste en effet à racheter de la capacité de communications à O2 (la nouvelle marque de l’ancienne filiale mobile) de manière à pouvoir la revendre à des PME sous sa propre marque. BT Retail a en effet décidé de concentrer sa stratégie mobile sur le seul marché des entreprises : “D’une certaine manière, commente Pierre Danon, CEO de BT Retail, cette stratégie revient à acheter une commodité.” Avec l’avantage non négligeable de ne pas avoir à assumer d’infrastructure. “Nous sommes maintenant le principal revendeur d’O2 et nous représentons 50 % de leurs ventes en petites et moyennes entreprises”, poursuit Pierre Danon. Financièrement viable pour O2, la stratégie permet aussi à BT de rétablir sa marque dans le mobile. “À l’époque de la séparation, il y a eu le préjugé que BT sortait complètement de la mobilité. C’est tout à fait faux”, commente le responsable.

De la mobilité sans mobiles

Du coup, le groupe joue sur les mots : aujourd’hui, BT serait toujours dans la mobilité mais plus tout à fait dans le mobile et le prouve au travers des réseaux sans fil Wireless LAN (WLAN). Le 24 juin dernier, BT a en effet annoncé la création de son premier WLAN à l’aéroport de Heathrow, permettant ainsi d’offrir l’internet à haut débit aux possesseurs d’un ordinateur portable dotés d’une carte ad hoc. En août, le groupe prévoit de généraliser l’expérience : les entreprises devront alors payer 153 euros par mois et par employé pour un accès internet illimité dans un rayon de 100 mètres. Enfin, la compagnie espère aussi générer des revenus en proposant le service aux particuliers dans les mois qui viennent. Pour cela, elle prévoit de construire 70 bornes d’ici à la fin de l’année et de développer 4 000 réseaux dans les cafés, les aires d’autoroutes et les aéroports à l’horizon 2005. “Pour une entreprise comme BT, la stratégie du WLAN est bonne, dans la mesure où elle repose sur leur c?”ur de compétences : à savoir, les lignes fixes”, commente Nick Greenaway, responsable du service mobilité chez Datamonitor à Londres. De fait, certains opérateurs mobiles s’inquiètent d’ores et déjà de l’impact financier que pourrait entraîner la généralisation des WLAN à court terme : “La stratégie est d’autant plus intéressante que les réseaux de téléphonie mobile de troisième génération [UMTS, notamment, ndlr] ont encore à démontrer leur efficacité”, poursuit le consultant. Mais précisément, BT pourra-t-il se couper longtemps d’un réseau de téléphonie mobile ? “En se séparant de sa branche mobile et perdant ainsi accès à ses licences de troisième génération qu’elle a payées au prix fort, BT a complètement détruit tout potentiel de développer des solutions de téléphonie fixe et mobiles intégrées”, commente Lars Godell, analyste chez Forrester Research. “En somme, la compagnie a réduit à néant ses chances d’être à l’avant-garde de l’innovation en matière de communications”, renchérit le spécialiste. Pour beaucoup, le retour de BT dans le mobile sur le long terme ne fait aucun doute : “Dans les dix années qui viennent, il y a fort à parier que BT possédera à nouveau un réseau, totalement ou en partenariat avec une autre compagnie”, commente Nick Greenaway. Mais pour l’instant, le groupe n’en est pas là. De cette stratégie en mobilité, BT espère seulement générer 290 millions deuros de revenus par an sur les 36 mois à venir.

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Stéphanie Salti