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Marine Le Pen joue la carte anti-Hadopi pour séduire les internautes

La candidate du FN promet d’abroger les lois « liberticides » que sont Hadopi ou Loppsi. Pour la Quadrature du Net, Marine Le Pen profite du silence, relatif, des autres partis.

Je garantirai les libertés sur Internet au niveau constitutionnel et j’abrogerai les lois Interneticides, à commencer par Hadopi et toutes les dérives de Loppsi 2… [Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, ndlr]. » Ces propos ne viennent ni de Jean-Luc Mélenchon, ni d’Eva Joly, encore moins d’associations militantes telles que la Quadrature du Net ou Reporters sans Frontières. Ils ont été tenus par Marine Le Pen.

Dans une vidéo publiée sur le Web, la candidate du Front national évoque des thèmes chers aux internautes. A savoir la suppression de la riposte graduée et du texte qui a instauré le filtrage de la Toile sous couvert de la protection de l’enfance. Christopher Szczurek, chargé de mission Internet au Front national explicite : « Il ne s’agit pas d’être en faveur du piratage, mais de garantir l’accès à la culture à tous. Les intérêts de l’industrie musicale ont pris le dessus sur [ceux] des consommateurs, qui subissent des représailles lorsqu’ils téléchargent. Nous sommes favorables à une proposition alternative : la licence globale. »

Un opportunisme électoral ?

En abordant ces thèmes, le parti d’extrême droite vient draguer sur la Toile un public jeune et pas forcément frontiste. « Il n’y a pas vraiment de rupture par rapport aux positions historiques du FN sur Internet et sur l’accès à la connaissance, analyse Philippe Aigrain, cofondateur de la Quadrature du Net. Mais le parti de Marine Le Pen exploite de manière opportuniste le terrain laissé vide par les autres partis, qui ont tardé à se saisir du sujet Hadopi dans la campagne à la présidentielle. » Quand ils ne sont tous bonnement hésitants.

Ainsi le PS subordonne-t-il la suppression de la Hadopi à une refonte du financement de la création numérique. Et ce, sans pour autant renoncer à un volet répressif. Au FN, on se défend d’être opportuniste. Pourtant, force est de constater que le parti n’a pas de réel programme numérique pour l’heure. Pas un mot sur l’open data, sur la neutralité du Net, sur e déploiement de la fibre ou encore sur la protection des consommateurs en ligne.

Favoriser le média social, vrai canal de liberté d’expression

Mais Internet n’est pas qu’un moyen de chercher des voix, il est aussi un véritable enjeu de communication. Le Web est « une chance pour le débat d’idées et la liberté d’expression, j’en serai donc l’ardent défenseur », poursuit la candidate frontiste dans sa vidéo. En militant pour la liberté de parole en ligne, l’extrême droite ne prêche-t-elle pas pour sa paroisse ?

Le Front national assume. « Le Net est devenu un média alternatif qui nous permet de nous exprimer à destination d’un large public, tandis que la presse est vieillissante et que la télévision subit la défiance des citoyens », avance le chargé de mission Internet. « Nous misons sur Internet, non seulement parce qu’il permet une vraie liberté d’expression, mais parce que les médias traditionnels avantagent les vieux partis », enchérit Florian Philippot, directeur de campagne de Marine Le Pen.

Le parti appelle les blogueurs soutenant ses idées à rejoindre « la toile bleu marine ». Tous seront réunis en mars pour « optimiser la campagne du Front sur le Net ». La campagne en ligne est lancée.

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Hélène Puel