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Les constructeurs réseaux repartent en chasse technologique

Les fournisseurs ont de nouveau de l’appétit. La maîtrise d’une technologie demeure le ressort principal de leurs acquisitions.

La diète forcée provoquée par la crise du début des années 2000 s’achève. La fringale des acquisitions s’empare de nouveau des acteurs du monde des réseaux et des télécoms. Dans un contexte de concurrence exacerbée,
l’achat d’une société tierce reste le moyen le plus rapide de gagner des parts de marché et d’enrichir son catalogue de produits ou de services.

Cisco crée la surprise

Il vient d’acquérir Scientific-Atlanta, spécialiste du transport de programmes vidéo sur réseau câblé. Grâce à cette opération, il renforce son expertise technique dans le domaine et rafle de nouveaux clients
 ?” essentiellement des câblo-opérateurs américains. Le montant élevé de la transaction (6,9 milliards d’euros) et la nature de la société, créée en 1951 (7 500 employés), ne correspondent guère aux acquisitions
traditionnelles de Cisco, qui vise plutôt les jeunes pousses. Mais Scientific-Atlanta remet en selle le géant de San Jose sur un secteur dominé par Motorola (câble), Alcatel, Huawei, Lucent, et ECI (DSL).Le plus gros coup
revient à l’espagnol Telefonica. Il a payé près de 26 milliards l’opérateur britannique de téléphonie mobile O2. Un montant digne des années fastes. Cette
acquisition ouvre à Telefonica les portes de deux très gros marchés (Royaume-Uni et Allemagne), d’où il est absent. Pour O2, trop petit pour rivaliser avec des poids lourds comme Vodafone, Orange ou T-Mobile (Deutsche Telekom), cette fin
était inévitable.

Une motivation d’ordre technologique

Le rachat de Marconi par Ericsson pour 1,77 milliard d’euros est plus classique. En perdition après avoir été oublié par BT dans son projet 21st Century, Marconi trouve une porte de sortie. Le
suédois, quant à lui, complète sa gamme de produits et joue la convergence entre fixe et mobiles.Que Nokia débourse
430 millions de dollars pour Intellisync, champion des systèmes de messagerie et de synchronisation pour mobiles, n’aurait a priori rien
d’étonnant. Sauf qu’Intellisync ne réalise qu’une soixantaine de millions de dollars de chiffre d’affaires et, surtout, qu’il affiche plus de 13 millions de dollars de pertes. Le finlandais a pourtant ouvert
tout grand son portefeuille, car il table sur la technologie de cette société pour renforcer Business Center, sa solution de synchronisation de messagerie mobile. C’est la nouvelle arme de guerre de Nokia pour affronter RIM et Microsoft, qui
a annoncé Push Mail, une solution concurrente.C’est aussi l’appât du gain technologique qui a motivé les acquisitions de Juniper. D’abord celle d’Arcon (8,7 millions de dollars) pour se procurer une passerelle entre les réseaux en mode circuit et
ceux en mode paquets. Puis celle de Funk Software (122 millions de dollars), spécialiste de l’authentification, afin de renforcer sa stratégie Infranet Entreprise, qui combine performances et sécurité.Enfin, l’achat le plus atypique : un groupe d’investisseurs privés, conduit par The Gores Group, LLC et Tennenbaum Capital Partners, acquiert pour 386 millions de dollars le constructeur réseau Enterasys. Mal
remis de la crise, ce dernier va pouvoir se refaire une santé à l’abri des pressions du marché financier. Il sera alors temps de le revendre avec une plus-value à la clé.

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Jean-Pierre Soulès