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Les armes du gouvernement pour faire la guerre aux drones

Radar, caméra, acoustique, plusieurs technologies sont actuellement passées au crible dans le but de mettre au point un dispositif anti-drone au-dessus des zones sensibles. En voici les détails.

Au-dessus de centrales nucléaires ou du palais de l’Elysée, les vols illicites de drones se sont multipliés en France depuis le mois d’octobre dernier. Au point de générer une quasi psychose collective que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est employé à calmer en chargeant en décembre l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) de trouver des solutions innovantes pour détecter, identifier et neutraliser les engins contrevenants.

Deux consortiums en lice

L’ANR a donc lancé un appel d’offres dans le cadre du programme « Protection de zones sensibles vis-à-vis des drones aériens ». Et deux consortiums ont été sélectionnés le 3 avril dernier. Un premier projet, ANGELAS, est piloté par l’ONERA (Centre français de recherche aérospatiale). Un autre, baptisé BOREADES, est mené par le groupe CS, spécialisé dans les solutions de surveillance militaire et civile. Les deux se sont engagés à présenter des démonstrateurs à l’issue de leurs expérimentations d’ici un an à 18 mois.

La mission sera difficile. « Les drones grand public sont de petite taille, volent à faible altitude et sont agiles, ce qui les rend difficiles à repérer et à neutraliser », nous explique Franck Lefevre, directeur du département d’optique théorique et appliquée à l’ONERA. Il va donc falloir adapter des technologies déjà existantes et en trouver de nouvelles pour mettre au point un dispositif global pouvant être utilisé aussi bien par la police que l’armée de l’air. Il faudra aussi qu’il puisse s’adapter à toutes sortes de scénarios : survol d’une foule, d’une bâtiment en ville ou encore d’un site sensible en zone rurale. Voici les principales pistes envisagées.

Détecter le drone et identifier son pilote

les radars

Des radars passifs et actifs peuvent être utilisés pour repérer les drones. Cela consiste à émettre des ondes électromagnétiques qui se réfléchissent sur l’engin. Les radars actifs permettent même de déterminer la vitesse, la position du drone et de suivre sa trajectoire.

l’optronique

L’optronique (optique et électronique) sert, elle, à observer les drones grâce à des caméras munies de plusieurs capteurs et associées à un système de traitement d’image. Certaines peuvent être dotées de balayage laser. Et avec une imagerie 3D, on peut même reconstituer l’apparence du drone en 3D. « On peut même imaginer pouvoir récupérer le signal des communications entre le drone et son pilote et prendre la main sur le drone pour le forcer à atterrir ou à changer sa trajectoire », nous détaille Franck Lefevre. Voire même à le suivre jusqu’à son propriétaire.

Le groupe CS planche en particulier sur des détecteurs panoramiques infrarouges. « Le drone est un petite cible qui émet peu de température mais de façon suffisante pour détecter un contraste entre l’objet et l’air environnant », nous explique Denis Chamartin, porteur du projet BOREADES. Reste à affiner le système de manière à ne pas confondre les oiseaux avec des drones.

l’acoustique

C’est une technique qui permet de détecter la signature acoustique d’un drone grâce à des capteurs disposés le long d’un secteur à protéger. Une solution qui a l’avantage de fonctionner aussi sur des drones qui ne sont pas connectés à leurs pilotes et qui n’émettent donc pas de signal. 

Neutraliser

le brouillage radiofréquence

Plutôt que le jet de matières (canon à eau, plomb…) qui paraît difficile à mettre en œuvre rapidement sur une cible mouvante, c’est le brouillage radiofréquence qui semble privilégié pour neutraliser les drones illicites. Il consiste tout simplement à couper les liaisons radio entre le pilote et le drone. Ce qui a pour effet immédiat de faire atterrir le drone qui ne peut continuer à voler. 

« C’est une opération délicate. Il faudra exclure certaines fréquences comme celles réservées aux forces de l’ordre et se contenter d’un petit périmètre en milieu urbain sous peine d’interrompre les communications de toute une population », souligne Denis Chamartin.

 

le brouillage du GPS

On peut aussi envisager de brouiller le GPS du drone dans le cas où ce dernier serait en mission et donc sans liaison radio.

Mais derrière tous ces moyens techniques, dont la portée n’excédera pas le kilomètre, il faudra de toutes façons des hommes pour prendre la décision de neutraliser un drone. Ce qui suppose donc des formations et des moyens. Ajoutons, en outre, qu’il faudra adapter la législation, notamment pour brouiller des fréquences. Ce type de dispositif ne devrait donc pas voir le jour avant plusieurs années…

En attendant, des sociétés profitent de l’actualité pour développer d’autres solutions, comme le groupe Gorgé qui propose un drone anti-drone capable de localiser un pilote en un temps record.

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Amélie Charnay