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Le pommier plie encore aux vents boursiers

L’assainissement d’Apple ne suffit pas encore à stabiliser son cours en Bourse. Et les analystes s’inquiètent.

Pas si mal “, commentait Steve Jobs lors de la publication des résultats d’Apple pour le quatrième trimestre de son année fiscale 2001, en octobre dernier. Sur le papier, la société a de quoi garder le sourire.Malgré un bénéfice net presque divisé par trois (de 170 millions de dollars, soit 189,5 millions d’euros, en septembre 2000 à 66 millions de dollars cette année) et un chiffre d’affaires en baisse de 22 %, Apple affiche une santé financière que lui envient tous ses concurrents sur le marché du PC.Oublié les déboires de 1998 et de 1999, où son cours avait chuté en raison des problèmes de livraison sur les Power Macintosh G3 et de l’échec du Cube.

Apple n’a pas de dettes…

Depuis, Steve Jobs a su trouver les arguments chiffrés pour rassurer la communauté financière. Pour le quatrième trimestre 2001, la firme à la pomme peut ainsi afficher simultanément un trésor de guerre de 4,3 milliards de dollars, une marge brute en hausse de 5 % (30,1 %, contre 25 % il y a un an), un plan d’investissement comprenant l’ouverture de 25 boutiques aux États-Unis, le lancement d’un système d’exploitation (Mac OS X) et laisser augurer d’une nouvelle gamme d’ordinateurs de bureau début 2002.” Le plus important, c’est qu’Apple n’a pas de dettes “, souligne Tim Barajin, président du cabinet d’analystes Creatives Strategies. Les 25 millions de dollars de pertes enregistrées pour l’année 2001, contre 768 millions de dollars de bénéfices pour l’année fiscale 2000, sont passées inaperçues.

… reste que son titre est très volatile

Un phénomène que nombre d’analystes attribuent à la manie du secret de son PDG, Steve Jobs. “ Il est impossible de savoir ce qu’il va faire. On ne peut que deviner “, poursuit Tim Barajin, et donc spéculer… Une spéculation qui n’est pas sans effets pervers.Ainsi en témoigne l’action en justice que préparent quatre cabinets d’avocats américains contre Apple et son patron, “ pour avoir manipulé les cours “. À y regarder de plus près, l’affaire frise le délit d’initié. Selon le cabinet d’avocats Milberg Weiss, de San Francisco, qui représenterait un investisseur institutionnel ” important “, le comportement de quatre membres influents de la direction d’Apple, qui ont cédé 22 millions de dollars d’actions à leur plus haut cours et peu avant d’annoncer une révision à la baisse des prévisions de ventes, est pour le moins suspect.” Apple avait annoncé une [nouvelle] gamme en assurant qu'[elle] aurait un impact positif sur les résultats du trimestre suivant, note la plainte déposée devant la cour fédérale de San Francisco. Mais en réalité, ces produits étaient en retard ou manquaient des fonctions nécessaires à assurer leur succès sur le marché. “Jusque-là, rien d’anormal. Toutes les communications financières se prémunissent depuis longtemps contre ce genre de mauvaises surprises, soulignant notamment l’aspect ” prévisionnel ” des déclarations qui y sont faites. Mais qu’une prise de bénéfices ait eu lieu dans l’intervalle a éveillé les soupçons de certains.

La désinvolture de Jobs

ans doute Apple paie-t-elle là les effets de l’apparente désinvolture que semble se plaire à afficher Jobs pour des actionnaires qui sont en outre, et depuis décembre 1995, privés de dividendes. “ C’est une tempête dans un verre d’eau, tempère Tim Barajin. Généralement, ce genre de litige assez courant se règle à l’amiable entre avocats “, poursuit-il, surpris que l’affaire semble prendre de l’importance. Mais la grogne des investisseurs pourrait bien en cacher une autre.Tandis que le rapport remis en août dernier à la SEC, la commission des opérations de Bourse américaine, fait état d’une augmentation de 5 millions du nombre d’options que se réservent les membres de la direction d’Apple, les plans de stock-options pour les petits employés, au nombre desquels figurent les 2 500 développeurs et ingénieurs, ne cesseraient de fondre, au rythme des variations du titre, et sans être compensées par une réévaluation, comme cela semble être le cas pour la direction. Une politique qui n’est pas sans inquiéter les analystes, qui y voient un obstacle plus sérieux que les conditions du marché elles-mêmes, à la réalisation des objectifs ambitieux quApple se fixe.

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Paul Philipon-Dollet