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Le Parti Pirate supprime son président

Avec presque mille adhérents, le Parti Pirate se met en ordre de marche pour les prochaines élections. Il se dote d’une nouvelle organisation plus transparente et démocratique.

Qui est le chef du Parti Pirate ? Réponse : personne. Pour éviter les querelles d’egos, comme celles qui font rage actuellement à l’UMP, cette mouvance politique issue de l’internet s’est dotée d’une nouvelle organisation qui supprime, tout simplement, la fonction de président de parti. « Nous sommes pour la transparence, explique Yohan Aglae, alias MindHack, porte-parole du Parti Pirate. Nous voulons abolir les barrières entre la direction du parti, les adhérents et les citoyens. Nous voulons plus de démocratie. »  

Des logiciels pour améliorer la démocratie

Tout ça, c’est bien joli, mais comment ça fonctionne concrètement ? S’il n’y a pas de président, il y a tout de même une instance de direction, le Bureau national, chargé d’exécuter les décisions émanant de la base. Sans doute pour éviter toute prise de pouvoir à la hussarde, toutes les fonctions sont doublonnées : il y a deux secrétaires nationaux, deux trésoriers, deux délégués à la Vie interne, deux porte-paroles et deux secrétaires de la Coordination Nationale. Cette dernière regroupe les différents coordinateurs des sections locales et internes, qui sont censés piloter l’organisation du parti au jour le jour.

Parallèlement, le Parti Pirate mise, comme ses homologues européens, sur les outils informatiques pour susciter le débat d’idées et faire avancer le programme. Les nouvelles idées naissent sur le chat IRC et dans les forums, puis sont débattues au travers de Mumble, un logiciel open source de voix sur IP, similaire à Skype. Les propositions qui en résultent sont alors soumis au vote des adhérents au travers du logiciel Liquid Feedback. Cette plateforme est au centre de ce que les pirates appellent la « démocratie liquide ». Pour chaque proposition, un adhérent peut voter directement ou transférer son vote à un autre adhérent, parce qu’il estime qu’il est plus compétent sur cette question. La représentativité se fait donc de manière ad hoc et mouvante. « C’est une forme de démocratie à la fois directe et indirecte », souligne Yohan Aglae.

Fini le focus sur le numérique

Reste à voir si cette façon de faire de la politique va réellement intéresser les français. Le parti nourrit beaucoup d’espoir dans les prochaines échéances électorales, notamment pour les législatives partielles du 9 et 16 décembre, où il présente un candidat pour la 1ère circonscription du Val-de-Marne. Quant au nombre d’adhérents, il est passé de 200 à fin 2011 à 948 à ce jour. « C’est beaucoup moins que dans d’autres pays européens, mais nous percevons un réel engouement pour notre parti actuellement. Nous sommes très confiants », ajoute le porte-parole. Par ailleurs, pour attirer davantage de personnes, le Parti Pirate cherche à développer un programme généraliste qui aborde tous les sujets de notre société,  et pas seulement les thèmes relatifs au numérique. En espérant ainsi échapper au syndrome allemand.

Outre-Rhin, le parti pirate avait suscité un fort engouement au début, mais l’intérêt s’est estompé suite à des disputes à répétition entre personnes, et à l’incapacité de créer un programme global et cohérent. Mais il faut bien commencer quelque part…  

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Gilbert Kallenborn