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Le monde de la finance adopte les standards Internet

Après la mise en conformité avec l’an 2000 et l’euro, les banques doivent investir massivement dans la migration vers les standards d’Internet. Le réseau international Swift est le premier à réaliser cette mutation.

Sous la pression d’Internet, les établissements financiers internationaux entament leur métamorphose. L’heure est à la dématérialisation des procédures et aux traitements réalisés en temps réel, entre des institutions interconnectées au niveau mondial. Mais cette accélération des flux menace tout l’édifice. Des montants colossaux sont transférés autour du globe dans des délais très courts, tandis que le nombre des transactions augmente.Or, l’intégration entre les applications de front-office et celles de back-office n’est encore que partielle. De nombreuses ressaisies manuelles sont nécessaires ?” souvent traitées avec le même personnel qu’auparavant ?”, multipliant les sources d’erreurs et mettant en danger les banques comme leurs clients. Face au risque, le monde de la finance cherche son salut dans le concept STP (Straight through processing), né à la fin des années 90.

Une messagerie en temps réel

STP permet de traiter un ordre de Bourse de façon automatisée de bout en bout, en interconnectant les systèmes informatiques des différents intervenants. Le concept a déjà été mis en ?”uvre avec succès sur le marché des changes asiatique, en s’appuyant sur une messagerie en temps réel, définie par l’organisation FIX (Financial Information Exchange). En 1998, la démarche STP a donc été reprise par l’association GSTPA (Global STP Association), créée sous l’impulsion des banques anglo-saxonnes, afin de traiter les ordres de Bourse dans la journée, au niveau mondial. C’est la société axion4 qui est responsable de la mise en ?”uvre concrète de STP. Quant aux services de télécommunications nécessaires à de tels échanges, ils sont confiés à Swift, un réseau interbancaire mondial sur lequel circulent déjà plus de 5 trillions de dollars quotidiennement !Pour cela, Swift a dû revoir son infrastructure télécoms. Sa charpente X.25 était beaucoup trop rigide, comparée à la flexibilité et à l’universalité d’Internet. En outre, ses services d’échanges de messages sont abusivement coûteux. Le noyau X.25 de Swift sera donc doublé par une architecture IP, fournie par Global Crossing, et sécurisée à partir de VPN et d’une infrastructure PKI. Des certificats numériques et des clés privées seront fournissur cartes à puce.En octobre dernier, Swift et FIX ont également décidé de développer conjointement une messagerie en temps réel basée sur XML, attendue pour le début de 2002. Quant aux établissements financiers, ils basculeront progressivement sur le nouveau réseau Swift, baptisé SwiftNet, à partir de juin 2002, l’essentiel de la migration étant prévu pour 2003.L’usage des standards du Web permettra à la fois de réduire le prix des prestations et de sécuriser le commerce B to B, de façon native. Pour cela, Swift lancera le service TrustAct, afin de valider en ligne l’identité des entreprises et les transactions passées. Ce service supportera les différents scénarios du commerce électronique (commerce entre entreprises ayant ou non la même banque, et via une place de marché) et autorisera une sécurisation à base de certificats numériques et de PKI. Swift travaille, pour l’occasion, avec Identrus. L’idée est d’intégrer les applications commerciales et bancaires de façon transparente et sécurisée.

Réduire les coûts de développement

La colle logicielle indispensable sera assurée par les outils d’EAI (Enterprise application integration), dont les éditeurs s’engagent résolument dans le support du concept STP et des nouveaux services de SwiftNet. En juin 2001, Mercator a été le premier à connecter, en laboratoire, son serveur d’intégration B to B à la plate-forme de routage des transactions définie par le GSTPA, via le module d’accès fourni par axion4, en employant des messages SwiftNet. Les éditeurs d’EAI SeeBeyond et webMethods suivent la même voie.Par ailleurs, Swift et Identrus ciblent le paiement dématérialisé. Pour cela, Identrus pousse un projet baptisé Eleanor, tandis que Swift porte E-Payments Plus, basé sur TrustAct. En octobre dernier, ValiCert, un éditeur spécialisé dans la sécurité, et Swift ont entamé la mise en ?”uvre de l’infrastructure ad hoc à partir de l’offre e-Pay Secure du premier. Ces services compléteront ?” ou concurrenceront, car le marché est encore flou ?” ceux de prestataires plus anciens dont les plates-formes électroniques jouent les interfaces entre les banques, les assureurs et les entreprises. On trouve en tête des firmes comme Bolero (dont Swift est actionnaire), CCEWeb (offre @GlobalTrade) ou TradeCard. Les deux premières annoncent être compatibles avec l’infrastructure PKI d’Identrus.En conclusion, le basculement du monde financier sur les technologies IP, XML et PKI déployées par SwiftNet prendra du temps, car de nombreuses applications se sont fossilisées autour du réseau précédent.Pourtant, supportés par l’ensemble des éditeurs de logiciels et des opérateurs de télécoms, les standards du Web réduisent les coûts de développement de façon substantielle. En les adoptant, les banques rationaliseront la circulation des flux et gagneront en souplesse. De quoi étoffer leurs offres de services internationaux aux entreprises, à l’heure où la concurrence devient mondiale.

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Jean-Pierre Blettner