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La vidéo et la TV confirme IP

Le gotha des médias électroniques s’est rassuré lors du NAB. L’union des réseaux à large bande, vidéo et TV, et des technologies de diffusion de l’information, sous l’égide d’Internet, est inéluctable.

Les professionnels de la radio et de la télévision sont chez eux à Las Vegas. Exploitants de satellites, acteurs d’Internet et, plus récemment, opérateurs de réseaux et autres opérateurs télécoms viennent y chercher de nouveaux outils et des applications. La convention nationale de la NAB (National Association of Broadcasters) accueille, comme chaque année au mois d’avril, tous les spécialistes au sein d’une gigantesque exposition.Le thème de la convergence des médias résonne, une fois de plus, dans les allées. En revanche, les habituelles annonces tonitruantes se sont faites discrètes pour cause de crise boursière. L’occasion a donc été mise à profit par de nombreux constructeurs d’équipements, d’éditeurs de logiciels et d’intégrateurs de solutions pour développer leurs idées sur cette fameuse convergence. Ils partagent tous la même vision.Premier type de discours : celui de Sony. Le constructeur japonais, qui revendique plutôt un caractère international, est présent dans de nombreux secteurs de l’électronique grand public et professionnelle. L’idée de Sony se résume en un mot : anycast. Tout est dans tout et réciproquement, ou presque. Pour l’industriel nippon, l’heure n’est plus à distinguer la diffusion par émetteur terreste de la paire de cuivre du téléphone.

Valoriser le contenu sur tous les médias

Sony appréhende, dans leur ensemble, la problématique d’acquisition ou de création des contenus, celle de leur stockage, de leur distribution et de leur gestion avec, comme partout, le concept d’asset management (gestion des actifs), qui doit permettre de mieux valoriser les contenus en multipliant leur circulation et les revenus. Il est donc logique que, du point de vue de la distribution de ces fameux contenus, l’approche soit résolument globale et ne différencie plus le broadcasting, le narrowcasting, le webcasting ou le datacasting, en mode filaire ou sans fil.La branche américaine de Sony, sceptique sur l’échéancier de la numérisation des procédés de diffusion actuellement en cours (le basculement total est prévu pour 2006), donne sa préférence aux réseaux de télévision par câble. Ce discours est repris et adapté par les filiales nationales du groupe. Spécialiste incontesté de la diffusion au sens traditionnel du terme, Sony doit prouver qu’il est capable d’intégrer des solutions techniques complexes dans un domaine où il existe peu de références. Pour crédibiliser son discours, l’entreprise dispose de cartes puisées dans le sabot grand public, qui reste la finalité de tout ce remue-méninges.

Terminal multifonction

Ainsi, au Japon, Sony commercialise déjà l’AV-IT, un écran plat communiquant avec une passerelle multiservice domestique par le biais de laquelle il peut indifféremment servir de téléviseur, de terminal Internet, de micro-ordinateur, de livre électronique ou de lecteur de DVD. Dans sa réflexion, Sony prend aussi en compte les données incontournables du marché, comme la généralisation de l’IP (qu’il voit déjà comme protocole réseau dans les studios de production), et défend les grands principes comme la normalisation. Mais, comme tous ses confrères du domaine de la diffusion (broadcast), il doit maintenant apporter la preuve qu’il est devenu aussi un bon joueur dans le registre des réseaux large bande (broadband).

Vers un nouvel affrontement Sun-Microsoft

Philips aurait pu tenir un discours équivalent, mais il a choisi de quitter le broadcast (les équipements de création de contenus sont cédés à Thomson Multimedia) pour se concentrer sur la partie distribution. Baptisée MP4Net, l’argumentation de Philips repose sur un principe : la normalisation MPeg, dont le constructeur est un acteur important. Pour Ahmad Ouri, vice-président et directeur général de Philips MP4Net, il s’agit d’offrir aux opérateurs des solutions intégrées, compatibles de bout en bout avec les spécifications, et susceptibles de délivrer des contenus sur des terminaux divers.Avec sa gamme de produits WebCine, Philips a déjà fait la démonstration d’une diffusion de qualité sur un organiseur personnel connecté à un réseau de mobiles GPRS. D’autres démonstrations de distribution sécurisée avec le système de gestion de droits InterTrust ont également été effectuées. Pour conforter sa position sur le marché, le géant d’Eindowen a pris l’initiative de l’Internet Streaming Media Alliance (ISMA), qui regroupe déjà Apple, Cisco, Kasenna, et Sun dans un front quelque peu anti-Microsoft, mais assurément pro-MPeg-4. En parallèle de ce syndicat, des accords ont été noués avec TriMedia (processeur), Sun (serveur) et, plus récemment, Veon (outils de gestion des droits d’auteur), racheté par Philips, le but étant de construire une offre complète, ouverte, sur la base d’un terminal normalisé MHP. Une véritable passerelle domestique qui offre des services personnalisables sous l’appellation Your TV (avec Digital Networks), des applications de T-commerce (Respond TV), de monitoring de santé domestique (Agilent) ou d’album de photos électronique (avec Kodak).La finalité de ces deux exemples est la même, l’argumentation est très proche, seule l’approche diffère. Il existe d’autres solutions. Mais le fédérateur IP impose de se plier aux normes, car personne ne veut rééditer, sur le broadband, la disparité des standards que connaît encore le broadcast.

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Philippe Pelaprat