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La prime du dernier arrivé

L’attribution des stocks-options atteint l’aberration. Au point de transformer cette technique managériale en agression.

Appliqué à la nouvelle économie, l’adage “Tant vaut l’homme, tant vaut la terre.” fait des ravages… à coups de stocks-options. Le dernier cataclysme en date provient de Gemplus, qui aurait attribué à son nouveau directeur général, Antonio Perez, un pharaonique pactole de bienvenue s’élevant à 600 millions de francs. Il est vrai que ce monsieur occupait un poste confortable chez Hewlett Packard. Il est vrai qu’il était très courtisé pour ses qualités de manager. Il est vrai que, aux Etats-Unis, les primes de ce type sont monnaie courante.Bien sûr les actions peuvent très vite dégringoler, et le Nasdaq, à New York, tout comme le nouveau marché ne manquent pas d’exemples actuellement. On argumentera aussi que les prestations de ce monsieur seront, ou non, à l’origine de la réussite de l’entreprise, donc de sa valeur. Mais là, tout de même, le bouchon est poussé un peu loin ! Il frise l’indécence. N’est-ce pas récolter à peu de frais les résultats du travail des collaborateurs, ingénieurs et informaticiens ?” 6 000 en l’occurrence aujourd’hui ?” qui font, depuis 1989, la qualité du fabricant de cartes à puce.C’est bien là une des aberrations de la nouvelle économie car, si on reprend l’adage cité ci-dessus, la valeur de la société vient bien de la qualité de ses collaborateurs, de leur haute technicité, de leur investissement personnel dans la société. Alors, arroser le dernier arrivant, fût-il à un niveau hiérarchique élevé de l’entreprise, n’est-ce pas à la limite une injure pour les autres salariés ? Qu’il fasse d’abord ses preuves, que diantre ! Et que l’entreprise sache garder raison en le rémunérant bien, certes, mais pas à ce niveau excessif. C’est aussi à la limite de l’injure pour les autres patrons de start-up qui triment d’arrache-pied pour faire marcher leur entreprise.Certes, rétorqueront certains, le marché le veut ainsi. Et de renchérir sur la fameuse pénurie de compétences en hautes technologies, sur le diktat des analystes sur le choix des dirigeants. Doit-on pour autant encourager ces primes à lembauche qui font la joie des mercenaires ?Prochaine chronique le lundi 8 janvier 2001

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Anne-Françoise Marès