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La personnalisation du m-commerce passe par la géolocalisation

La localisation du terminal sans fil est une nouvelle variable nécessaire à la fourniture de services mobiles pertinents.

Les bâtisseurs d’applications de commerce électronique ont pris conscience de l’intérêt d’établir une relation personnalisée avec leurs clients. Une fois identifiés, les visiteurs de ces sites marchands se verront proposer un contenu ciblé (publicité, promotion, etc. ), correspondant à leur goût. L’objectif étant de les fidéliser et, au final, de les inciter à consommer. Face à ces sites de commerce électronique ” traditionnel “, les nouvelles applications de commerce mobile, dit m-commerce, ne feront bientôt plus figure de parent pauvre en matière de personnalisation. Celles-ci pourront au contraire prendre en compte une dimension nouvelle et inestimable : la position géographique du terminal sans fil depuis lequel l’utilisateur consomme ses services. “Dans le cas du m-commerce, cette variable est fondamentale”, insiste Albert Godfrind, consultant chez Oracle. Ainsi, un marchand de vins électronique, plutôt que de présenter un bandeau publicitaire à un internaute mobile, sera à même de lui indiquer l’adresse du caviste le plus proche de l’endroit où il se trouve.“Le marché des services applicatifs mobiles fondés sur la géolocalisation est extrêmement vaste”, indique Christophe Tourret, responsable de l’agence montpelliéraine d’Esri, le leader des systèmes d’information géographique (SIG). Ce créneau s’ouvre tout juste, mais il semble promis à un avenir des plus florissants. En 2005, d’après Mobile Communications International, il devrait peser près de 10 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, une initiative, baptisée E911 et menée par la FCC (Federal Communications Commission), commission fédérale des communications américaine, oblige les opérateurs de téléphonie mobile à identifier le numéro de téléphone d’un utilisateur déclenchant un appel d’urgence 911 – l’équivalent de notre 15 national – et à fournir sa localisation dans un rayon d’émission inférieur à 125 mètres.Les techniques physiques de géolocalisation d’un téléphone mobile existent : elles sont classées en deux catégories. La première concerne les solutions directement rattachées au terminal, dont la plus connue est, sans conteste, le GPS (Global Positioning System). Ce procédé, mis en place et contrôlé par l’armée américaine, repose sur vingt-quatre satellites Navstar. Un terminal équipé de GPS obtient une série d’informations délivrées, en général, par trois ou quatre satellites. Celles-ci sont traitées par le terminal, ou envoyées sur le réseau afin de calculer sa position dans le référentiel géodésique mondial WGS84. La précision des signaux GPS est aujourd’hui de l’ordre de 5 à 40 mètres. “Les téléphones mobiles équipés de GPS seront de plus en plus fréquents”, estime Christophe Tourret. Le Finlandais Suunto a d’ores et déjà annoncé NaviCom, un appareil aux doubles propriétés GSM/GPS. Les équipementiers de téléphonie mobile pourront aussi s’appuyer sur les fabricants de semi-conducteurs, en quête permanente de miniaturisation. Motorola vient ainsi de dévoiler sa puce OnCore GPS de 8 millimètres sur 8, qui devrait entrer en production d’ici au début 2001. Un domaine également visé par SnapTrack, une division de Qualcomm, avec sa dernière puce IFR3300. Pour raccourcir le délai de calcul de position, les GPS peuvent être assistés par le réseau, dont les stations au sol permettent d’indiquer quels sont les satellites disponibles à un instant t. Pour pallier l’inconvénient majeur du GPS, qui est de ne pas fonctionner à l’intérieur d’un bâtiment ou sous un ciel très nuageux, les nouveaux téléphones, dopés en puissance de calcul et en mémoire, pourront faire appel à la technique appelée E-OTD (Enhanced Observed Time Difference). Cette dernière consiste à mesurer la différence de temps nécessaire aux stations radio alentour pour transmettre les données au terminal.On retrouve ce principe dans la deuxième catégorie de technique de géolocalisation, qui inclut les solutions basées sur le réseau. La procédure TOA (Time of Arrival), dite aussi de triangulation de distances, mesure le temps de transmission des données émises par le téléphone vers les trois stations radio les plus proches. Contrairement à E-OTD, ce mécanisme présente l’avantage de fonctionner avec les plus vieux téléphones. Enfin, il faut mentionner la technique baptisée Cell ID, ou CGI (Cell Global Identity), qui consiste à repérer la cellule ou le rayon d’émission d’une station radio assurant la couverture du téléphone. “La recherche de la cellule d’émission est bien appropriée pour des besoins de localisation en ville. On obtient des précisions de l’ordre de la centaine de mètres”, signale Christophe Tourret.Heureusement, pour se lancer dans la création de services mobiles de géolocalisation, les développeurs n’ont nullement besoin de connaître ces techniques de radiocommunication sur le bout des doigts. “Tous les équipementiers de réseaux disposent de leur propre serveur de positionnement de terminal”, précise Albert Godfrind. Ces serveurs sont livrés avec un kit de développement contenant une bibliothèque d’API (Application Programming Interface), qui facilite leur programmation. Pourtant, ces interfaces restent propriétaires. Un obstacle qu’entend gommer le nouveau forum LIF (Location Interoperability Forum), mis en place fin septembre par Ericsson, Motorola et Nokia. LIF a pour but de définir une méthode d’accès simple, sécurisée et uniforme aux informations de positionnement issues des réseaux et des terminaux sans fil, indépendamment de leur technologie radio et de leur mécanisme de localisation. “Les travaux de LIF sont une bénédiction pour des entreprises comme la mienne”, jubile Ken Hart, directeur opérationnel d’AirFlash, un fournisseur de services mobiles fondés sur la localisation (voir tableau ci-contre).La récupération des données de localisation – latitude, longitude – est certes nécessaire, mais insuffisante. L’idéal est de coupler ces coordonnées aux bases de données spatiales. Même si Ken Hart pense que, à ce jour, “une carte sur un téléphone mobile n’est pas du tout adaptée”, il y a fort à parier qu’au fil des évolutions du téléphone mobile – portant principalement sur la taille et la résolution de son écran – la cartographie deviendra le compagnon indispensable des services de géolocalisation offerts sur les terminaux sans fil. Tout concourt à cette future combinaison. Les fournisseurs de services mobiles font déjà copieusement appel aux contenus cartographiques de sociétés telles que Navtech ou Tele Atlas, ou encore aux techniques de géocodage, qui consistent à transformer une adresse postale en coordonnées X, Y. Dans le même temps, les SIG – MapXtend de MapInfo, par exemple – s’allègent pour se glisser dans les assistants personnels. L’époque où l’utilisateur de téléphone cellulaire recevra non seulement l’adresse du cinéma le plus proche de sa position, mais aussi une carte en couleurs lui indiquant l’itinéraire pour s’y rendre n’est plus très lointaine.

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Stéphane Parpinelli