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La course aux URL accentuées a commencé

Aujourd’hui, les noms des domaines .com, .net et .org avec accents sont à vendre. L’opération, estimée à 58 millions d’euros pour l’Europe, va ouvrir le Web à d’autres langages. De nombreux problèmes techniques et des risques de cybersquatting sont à prévoir.

Cyrillique, arménien, allemand, espagnol, turc… de nouvelles langues et donc de nouvelles lettres viennent enrichir les adresses URL. Cette extension est justifiée, d’après l’organisme américain d’assignation des noms de domaine (Icann), par l’utilisation accrue d’Internet par des non-anglophones. Limiter les adresses URL aux lettres latines sans accent serait, d’après l’Icann, une barrière au développement du Net.Par ailleurs, il semble que le marché du .com soit saturé. Les sites en quête de noms de domaine doivent aujourd’hui redoubler d’ingéniosité pour se faire une place sur le Net. “Un client a récemment déposé le nom de domaine miouzik.com !”, raconte Igaël Azoulay, dirigeant de l’hébergeur H-F.net.Nouvellesfrontieres.com, Universal Music, pour plusieurs de ses artistes, ou encore Numeriland.com comptent déposer leur nom avec accent. ” L’accent sera probablement utilisé par les nouveaux internautes qui ne connaissent pas bien le Net “, explique Isabelle Le Fur, directrice de la communication de la régie Numériland.com. ” C’est une bonne idée d’avoir introduit des accents. La nouvelle adresse sera utilisée pour notre site français “, pousuit-elle.

Les premiers arrivés seront les premiers servis

Un avis que tous ne partagent pas. Certains propriétaires de noms de domaine anticipent déjà les pratiques commerciales déloyales puisque c’est la règle du ” premier arrivé, premier servi ” qui s’applique. On peut aisément imaginer les difficultés (cybersquatting, procès…) que l’attribution de ces nouveaux noms va générer.Les sociétés dont le nom s’écrit en français avec accent ne sont pas sûres de récupérer leur adresse correctement orthographiée. Aussi, depuis ce lundi à 00 h 01, tout le monde s’est rué dans la course à l’URL. “Nous avions ouvert un service de réservation, sans garantie de résultat, pour faire face aux demandes du lundi 26 février. Nous avons déjà reçu 120 projets de dépôt de nom comportant le terme cinéma et dix fois plus avec le mot télévision”, explique le dirigeant d’H-F.net.Mais les noms déposés ne seront pas utilisables tout de suite. “L’entreprise qui achète un nom de domaine aujourd’hui n’a aucune garantie de pouvoir l’utiliser demain”, explique Igaël Azoulay. Domainoo.com, quant à lui, annonce que l’utilisation effective des nouveaux noms ne se fera pas avant la fin de l’année 2001.

Les logiciels de messagerie devront s’adapter

Les accents risquent de poser des problèmes techniques aux professionnels du Web. Hébergeurs, fournisseurs d’accès et éditeurs de logiciels de messageries devront s’adapter. Ainsi, si Outlook lit les accents, ce n’est pas le cas de toutes les messageries, sans parler des lettres arabes ou hébraïques. Par ailleurs, on ne sait pas comment les moteurs de recherche vont s’adapter aux accents, aux caractères non latins et effectuer la classification des nouveaux sites.Du côté de l’internaute, l’opération risque d’être aussi compliquée. Il sera par exemple impossible de se rendre sur un site chinois avec une URL en mandarin sans un clavier adapté. De même, il sera difficile de ne pas se tromper entre, par exemple, ete, été, éte et eté.com.En attendant, du côté de l’Icann, on peut voir la vie en rose. Ces nouveaux noms de domaine vont être vendus au minimum un tiers plus cher que les autres. Des mesures que l’organisme justifie par les problèmes administratifs et techniques que cette nouveauté va engendrer. C’est sans compter tout l’argent que cette mesure va générer : pour l’Europe, les dépôts de ces nouveaux noms de domaine devraient rapporter 5 millions d’euros sur une période de trois mois.

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Valérie Siddahchetty