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La BLR a fait ses preuves, mais ne décolle pas

La boucle locale radio n’a pas su se tailler le marché que ses capacités semblaient lui promettre. Relativisant les contraintes techniques et économiques, les acteurs rescapés revoient leurs ambitions à la baisse.

Grâce à des débits dépassant les 8 Mbit/s et à une qualité équivalente à celle des liaisons filaires, la BLR supporte n’importe quel service disponible sur ligne louée ou DSL. Elle est même plus simple à déployer et à faire monter en puissance. Malgré ces atouts, le succès n’est pas au rendez-vous. Certes, le nombre de sites connectés (un millier) est supérieur à celui du DSL dégroupé. Mais la pénétration du marché est embryonnaire, et la plupart des opérateurs se sont trouvés rapidement en difficulté.

Réticence envers la technologie radio

LDCOM a ainsi absorbé FirstMark et Belgacom France, qui ont rejoint ses deux autres filiales spécialisées, BLR Services et Squadran. Broadnet est tombé dans le giron d’Altitude Telecom, tandis que Landtel est en redressement judiciaire. Côté explications, on a évoqué la réticence des clients à confier leurs flux informatiques et téléphoniques à une technologie radio. En pratique, la disponibilité du service ne pose pas de problème grâce à une densité ad hoc de stations de base, répondant au facteur critique, la pluviométrie. “En trois ans, nous n’avons jamais subi les influences de la météo”, assure Xavier Lenoir, responsable informatique à la mairie de Lyon, qui loue un accès Internet à 1 Mbit/s, étendu à 2 Mbit/s lors de creux sur le réseau. “Et cela, bien que la station de base de FirstMark soit éloignée de plus de 3 km”, ajoute-t-il. Même satisfecit de la part de Makhete Cissé, responsable informatique de la Société des eaux de Marseille : “En un an, sur nos onze sites, nous avons subi moins d’une minute d’arrêt, qui peut être due à des intempéries.Même des pluies intenses n’ont pas eu d’influence sur les liens à 2 Mbit/s transportant notre trafic Internet et téléphonique.”On a aussi parlé du surcoût technique de la BLR par rapport au DSL. “Il est compensé par l’absence de reversement à l’opérateur historique”, rétorque Thierry Mileo, directeur général de FirstMark. On a enfin dit que le marché ne progresserait pas assez vite pour abaisser le coût des équipements. Or, ceux-ci sont déjà largement déployés en Corée du Sud, par exemple.“Les projections initiales étaient irréalistes”, reconnaît cependant Michel Paulin, responsable des services IP de LDCOM. Écartant toute projection chiffrée, il annonce : “La BLR doit désormais s’occuper de son marché, complémentaire de celui du DSL, en ce qui concerne la couverture géographique, les débits et la redondance.” Ainsi, au-delà de 2 Mbit/s, la BLR est avantagée, et elle constitue un secours logique sur les sites dont la liaison principale est filaire.

Mêmes tarifs pour la BLR et le DSL

Quant à la technologie, elle ne bridera pas de sitôt l’essor de la BLR. Les deux fois 112 MHz alloués autour de la fréquence de 26 GHz autorisent une bande passante de 120 Mbit/s par station de base. En jouant sur les consommations instantanées, chacune peut desservir cinq cents sites à 1 Mbit/s sur une zone de 20 km2.Jugée initialement insuffisante pour amortir les investissements, cette capacité n’est pas prête d’être atteinte par les opérateurs. Pourtant, on affirme chez LDCOM que les tarifs de la BLR resteront comparables à ceux du DSL dégroupé, soit 20 % moins chers, au minimum, que des lignes Transfix.

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Thierry Lévy-Abégnoli