Passer au contenu

Ian Small, stratège d’USWeb-CKS : ” Pour les SSII traditionnelles, Internet est un choc culturel quasi insurmontable “

Interview Née en 1995 et déjà 510 millions de dollars de revenus : USWeb-CKS est aujourd’hui l’un des pure players américains (du nom de ces sociétés de services nées avec Internet) les plus médiatiques. Un mois après son annonce, le responsable de la stratégie, Ian Small, revient sur la fusion avec Whittman-Hart.

01 Informatique : Il y a un mois, vous annonciez votre fusion avec Whittman Hart. Or, en présentant ses résultats, votre nouveau partenaire a parlé d’acquisition en sa faveur. Qu’en est-il exactement?


Ian Small : Les fusions sont des exercices délicats. On y cherche toujours un vainqueur et un vaincu. Dans le cas présent, il s’agit véritablement d’une fusion à parts égales. Et à y regarder de plus près, vous constatez que USWeb-CKS contrôle 57 % de la nouvelle entité, et Whittman Hart 43 %. Cet équilibre se retrouve au niveau de l’attribution des responsabilités. Ainsi, le PDG d’USWeb-CKS devient président du conseil d’administration, et celui de Whittman Hart devient PDG de la nouvelle société. Grâce à cette fusion, nous proposons désormais des services dans trois secteurs-clés : la stratégie, le pôle marketing-création et la technologie.



Vous prétendez maîtriser toutes les briques du service Internet, mais quelle est la différence fondamentale entre un prestataire comme USWeb-CKS et une SSII traditionnelle?

Notre nouveau modèle concilie celui des ASP et celui de l’externalisation des services (exploitation et maintenance d’applications sur le segment du commerce électronique). A la différence d’une SSII traditionnelle qui n’est opérationnelle que sur une partie d’un projet.



Un rapprochement entre Cap Gemini et Ernst & Young peut-il déboucher sur un groupe semblable à USWeb-CKS-Whittman Hart?

Non, absolument pas. Car aucune de ces deux sociétés n’a de véritable culture Internet. Nous n’avons pas les mêmes délais de réactivité. Or, aujourd’hui, sur ce marché, il faut trois choses pour réussir : un excellent modèle économique, une véritable stratégie de marque et une capacité d’adaptation permanente.



En clair, vous affirmez que les SSII traditionnelles, qui toutes parlent d’insuffler un esprit de start-up à leurs divisions Internet, sont incapables de vous imiter?

En réalité, nous avons des stratégies diamétralement opposées. Pour ce type d’entreprise, l’équation à résoudre est la suivante : comment mobiliser trois personnes sur un même projet pendant trois ans? Nous ne pensons pas comme ça. Pour nous, la question serait plutôt : comment livrer tel ou tel projet en quatre-vingt-dix jours ? L’objectif est différent. Alors oui, ils peuvent toujours essayer. Mais leurs effectifs sont tellement importants et leur méthode de travail est tellement verticale que cela finit par poser des problèmes en termes de prise de responsabilités et de répartition des compétences. En réalité, c’est un choc culturel quasiment insurmontable.



Comment entendez-vous vous imposer en Europe, où votre présence est encore relativement faible?

Le nouveau groupe issu de la fusion avec Whitmann Hart comptera près de 8 000 collaborateurs de par le monde, dont 1200 sur l’ensemble de l’Europe. Ce continent est notre priorité de développement, juste après l’Amérique du Nord. Nous essayons de nous installer sur les marchés les plus sensibles comme la France [fin 1998, USWeb-CKS faisait ses premiers pas sur le marché français en achetant Sysicom, Ndlr], la Grande-Bretagne ou la Scandinavie. Mais ce qui nous importe le plus, c’est de créer des synergies entre tous ces points d’implantation, de mettre en place un réseau paneuropéen qui puisse répondre au mieux aux attentes locales de nos clients. Et pour contrer la concurrence de groupes comme Icon Medialab [une agence Internet fondée en mars 1996 et présente aujourd’hui dans onze pays européens, Ndlr].



Après le rachat de Time Warner par AOL, peut-on imaginer qu’une société comme USWeb-CKS reprenne une grosse SSII européenne?

on, nous préférons reprendre des sociétés de petites dimensions mais aux compétences complémentaires, en leur apportant notre savoir-faire, pour en assurer le développement. En France, cest exactement ce qui est en train de se passer avec Sysicom.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Philippe Crouzillacq