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Formats de fichiers : une grande tour de Babel

Vous changez de logiciel. Autant vous prévenir tout de suite, la récupération de vos données va vous demander un certain temps.

Ca y est : vous avez décidé de vous débarrasser de votre Palm pour vous équiper d’un PocketPC (ou le contraire). Votre premier souci est de transférer sur le nouvel appareil toutes les données que vous aviez saisies avec l’ancien.Aucun problème ; avec les filtres de conversion de fichiers, vous récupérerez intégralement vos contacts, vos rendez-vous et vos notes et vous pourrez commencer à travailler immédiatement avec votre nouvel appareil, une fois l’opération achevée.Stop : ce que vous venez de lire relève de la pure fiction !En effet, les outils chargés de convertir les fichiers d’un format à un autre sont généralement d’une rare inefficacité. Vos données, après conversion, seront émaillées de perles, comme l’ajout systématique d’un (01) devant les numéros de téléphone, l’inscription du code postal dans la rubrique Ville ou inversement ou l’oubli intégral de la rubrique Notes !En fin de compte, il vous faudra reprendre vos fiches une par une et en corriger les erreurs. Si votre carnet en comporte deux cents, prévoyez un certain temps…Les organiseurs ne sont qu’un exemple de l’effet tour de Babel qui règne dans le monde des formats de fichiers. Ainsi, il est quasiment impossible de récupérer parfaitement avec un logiciel un document complexe réalisé avec un programme concurrent.Essayez donc de lire avec Word un document WordPerfect comportant des images, des notes de bas de page, des renvois, des index, un mode plan et une table des matières. Et je ne parle pas des macros saisies dans une feuille de calcul et qu’il faudra jeter aux orties le jour où vous changerez de tableur.Certes, on peut renoncer à ces ” fioritures ” et écrire en ” texte brut “, sans enrichissement, façon machine à écrire. Mais n’est-il pas regrettable de se priver précisément des petits plus qui nous ont fait choisir tel logiciel plutôt que son concurrent ?C’est comme ça : vous êtes quasiment enchaîné à votre éditeur de logiciel et il vous fera payer cher toute infidélité. Ce n’est pas pour rien si, dans les logiciels courants, les procédures d’importation (celles qui récupèrent les fichiers issus de logiciels concurrents) sont nettement plus performantes que celles chargées de la conversion inverse. On n’est jamais si bien servi que par soi-même.Alors, est-il illusoire d’espérer la création d’un format universel de données ? Il faut croire que oui. Beaucoup ont essayé. Ainsi, le RTF (Rich Text Form), censé définir LE standard en termes de texte, n’a jamais abouti et a donné lieu à de nombreuses variantes, un comble pour un standard !Quant aux bases de données, le format dBase pour Windows a longtemps fait figure de standard, reconnu par tous les SGBD, avant d’être relégué aux oubliettes. Ce n’est pas le format MDB d’Access qui va le remplacer. Alors lequel ?Les langages de programmation n’échappent pas à la règle. Les éditeurs ne se privent jamais de contourner ou d’enrichir les langages utilisés par leurs outils pour améliorer les performances ou les fonctions de ces derniers. Au risque de les rendre incompatibles avec ceux de la concurrence.Prenez un document Word et enregistrez le au format HTML. Observez le nouveau document : vous y trouverez une avalanche de balises parfois superbement ignorées des navigateurs.Le codage des caractères lui-même fait l’objet de plusieurs normes, ne serait-ce que l’Ascii et l’Ansi. Pourquoi ne pas généraliser l’Unicode ? Certes, il exige 2 octets par caractère, mais à 1 euro le CD-R de 660 Mo, on aurait tort de pinailler.En fin de compte, je me demande si je ne vais pas rédiger désormais mes textes avec le Bloc-Notes de Windows, en Courier 10 et tout en majuscules pour éviter la perte des caractères accentués. Ce ne sera pas beau, mais tout le monde pourra me lire.*Chef de service, chargé de la rubrique Pratique à L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique mercredi 14 novembre

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Etienne Oehmichen*