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Euro 2016 : comment les opérateurs et diffuseurs vont nous faire vivre la compétition

Ces derniers mois, les principaux acteurs techniques de l’Euro ont investi pour adapter leurs infrastructures aux nouveaux défis de l’événement.

L’Euro 2016 débute ce vendredi 10 juin, mais ceux qui sont chargés de la diffusion de la compétition y travaillent depuis plusieurs années. Plus que jamais, les façons de vivre l’événement se multiplient. En plus des traditionnels canaux que sont la TV, la radio où les réseaux sociaux, la vidéo en direct – apparue ces derniers mois avec Periscope et Facebook Live – va enrichir notre expérience. Autant de nouveaux concurrents pour les diffuseurs, et de défis techniques pour les opérateurs, chargés de faire transiter toutes ces données. Orange, SFR, Bouygues, Free, mais également beIN ou TF1 ont mis en place de nombreux équipements pour l’occasion.

La 4G dans tous les stades

Tous les opérateurs ont été mobilisés pour offrir la meilleure connexion possible aux spectateurs. Ils ont mutualisé leurs moyens pour équiper en antennes relais les dix stades de la compétition. Au total, cela représente plusieurs dizaines de millions d’euros. Dans chaque enceinte, un opérateur a pris la direction des opérations. Bouygues Telecom a hérité du Parc des Princes, quand SFR s’est impliqué à Lille, Marseille et Nice. De son côté, Orange s’est occupé des six stades restants, parmi lesquels le Stade de France.

Stade de France – Le Stade de France à Saint-Denis

La première étape – et l’une des plus coûteuses – fut la pose des antennes couvrant les gradins, la pelouse ou les salons privés. Selon les besoins, chacune d’entre elle couvre entre 3000 et 6000 spectateurs. Pour Pierre-Louis de Guillebon, chef de projet Orange sur le partenariat technique avec l’Euro 2016, l’opération était indispensable. «Avec les nouveaux usages comme la vidéo en direct, on s’attendait à une hausse des besoins. Au Stade de France, on est passé de deux à trente antennes de dernière génération» explique-t-il.

462 Go de données en un match

Pour offrir la meilleure qualité de réseau, les quatre opérateurs investissent un local technique situé dans chaque stade. Leurs équipements reçoivent le signal fibre avant de le renvoyer vers les antennes, puis vers leurs clients assistant à la rencontre. Chacun y va ensuite de ses arguments pour convaincre. Chez SFR (actionnaire du groupe NextRadioTV, propriétaire de 01net.com), on mise sur l’Ultra Haut Débit, qui agrège trois bandes de fréquences pour décupler la vitesse de connexion.

01net.com – Les installations de Bouygues Telecom au Parc des Princes

Alexandre Wauquiez, Directeur Marketing Réseaux chez SFR, est confiant concernant les capacités de transfert de données. «Nous avons fait des essais au Stade de France, notamment lors de la dernière finale de Coupe de France qui opposait le PSG à l’OM. Au total, 462 Go de données ont transité durant la rencontre. Il s’agit déjà d’un record, mais nous avons encore renforcé nos moyens depuis grâce à l’allumage de la 4G sur la nouvelle bande de fréquence 1800 MHz» explique-t-il. Par ailleurs, des camions mobiles seront déployés aux abords des fanzones. Là aussi, il s’agit de rajouter des antennes supplémentaires pour augmenter les débits.

SFR – Un camion mobile SFR

Le déploiement massif de ces nouvelles fréquences sera contrôlé par l’Agence nationale des fréquences (ANFR), qui en dénombre pas moins de 5000. Selon l’organisme public, une quarantaine d’agents seront répartis sur les 10 enceintes sportives. Ils seront chargés de contrôler leur bonne utilisation grâce à des camions équipés en laboratoire de mesure. 

TF1 et beIN adaptent leur offre

Malgré le mouvement commun de tous les acteurs, Orange garde un rôle particulier. En tant qu’opérateur historique, il est directement impliqué dans la retransmission des matchs. C’est notamment grâce à ses réseaux que les signaux TV captés par les caméras de l’UEFA sur la pelouse convergent vers Paris pour arriver à l’International Broadcast Center (IBC), situé Porte de Versailles. Dans l’immense bâtiment, les diffuseurs du monde entier récupéreront les images, selon les droits qu’ils ont payés.

Orange – L’International Broadcast Center à Paris

Parmi eux, beIN Sports, qui diffuse l’intégralité de la compétition. Comme TF1 et M6 – qui disposent également des droits de diffusion, la chaîne achemine ensuite les signaux vers ses locaux situés à Boulogne-Billancourt. A l’instar de ses concurrents, beIN ne se contente pas des images fournies par l’UEFA. «Sur 18 matchs, nous faisons venir un car de production sur place. Il gère nos propres caméras, ajoutées au dispositif commun. Elles permettront d’avoir des images exclusives» précise Sylvain Merle, Directeur technique de la chaîne. Pour ne pas risquer l’écran noir, chacun des 20 signaux transitant de l’IBC aux locaux de beIN sont dupliqués et prendront deux parcours différents.

Mais l’idée est également de faire profiter les abonnés de cet afflux de contenus. Pour cela, les équipes de la chaîne lancent un nouveau dispositif baptisé Match Center. Inspiré de ce que proposent déjà beIN ou Canal+ avec leurs applications respectives, il s’agit d’un second écran diffusé sur beIN Sports 2. Les images de la chaîne principale sont reprises et enrichies d’autres contenus comme des plans provenant de caméras isolées, des statistiques ou un live-tweet. Matthieu Crubezy, Directeur des antennes chez beIN, n’exclut pas de reprendre le concept à l’avenir, par exemple lors de rencontres de Ligue des Champions ou de Ligue 1.

beIN Sports – Le Match Center de beIN Sports

De son côté, TF1 – qui diffusera 5 matchs en 4K en partenariat avec Orange – cherche également à aller plus loin que la simple diffusion TV. En plus du lancement d’un site Web dédié, la chaîne proposera un Football Live Center disponible sur son site et son application. Durant chaque match, le téléspectateur pourra utiliser la caméra qu’il désire pour voir la rencontre à sa façon. Les équipes veulent également aller plus vite dans la diffusion de vidéos courtes.

60 millions de diffuseurs?

«Nous allons lancer un système de vidéo à la demande, en version instantanée» explique Nicolas Lemaitre, Directeur des contenus digitaux chez TF1. Qu’il s’agisse d’un but ou d’un carton jaune, chaque moment clé du match sera découpé et mis en ligne en moins de deux minutes. Les applications comme Periscope ou Facebook Live seront utilisées en complément de l’antenne, avant ou après les rencontres.

Une analyse des réseaux sociaux sur laquelle se basera également M6, qui diffusera en clair la finale de l’Euro 2016. La chaîne fera appel à la technologie développée par la start-up française Vigiglobe. Son l’algorithme permet aux producteurs de discerner les grandes tendances de discussions, notamment sur Twitter.

Les chaînes s’appuieront sur leur force de frappe pour toucher le grand public, mais les opérateurs pourraient finalement permettre à leur plus féroce concurrent d’émerger : les spectateurs. Si les équipements en réseau tiennent leurs promesses, l’Euro 2016 pourrait aussi se vivre de particulier à particulier, avec des applications telles que Periscope et Facebook Live. La France a 60 millions de sélectionneurs, chacun d’entre eux pourrait devenir diffuseur.

Voir aussi notre dossier spécial Euro 2016

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Raphaël GRABLY