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E-banking : les guichets virtuels ne font plus la différence

La baisse des taux d’intérêt proposés par les banques en réseau leur fait perdre un avantage concurrentiel majeur.

La rémunération des comptes d’épargne par les banques en ligne n’est plus ce qu’elle était. L’italien Bipop, qui avait dynamité le marché français avec un étonnant 6,1 % brut en mars 2001, baisse son taux actuel de 5,5 % à 5 %. Et ce n’est pas fini ! ” Dans l’année qui vient, nos taux seront conformes à ceux de la Banque centrale européenne “, glisse Saverio Caracciolo, PDG de Bipop France. Soit 3,75 %…Chez ING Direct c’est aussi la décrue. Le banquier hollandais avait articulé son offre de lancement, en mars 2000, autour du compte surrémunéré Épargne Orange. Son taux a chuté de 5 % à 4,3 %. En réaction, des centaines de clients ont fermé leur compte. “ Moins de 1 % de notre clientèle “, relativise André Coisne, directeur général d’ING Direct, tout en concédant que ” si l’évolution actuelle persiste “, il leur faudra ” momentanément ” renoncer à ses marges pour rester compétitif. Pour autant, la baisse des taux n’a pas encore été répercutée par tous les acteurs du marché de la banque à distance, du moins pour le moment.

Figer la rémunération

Mise en vente par son propriétaire, Bernard Arnault, Zebank maintient une rémunération de 5,1 % jusqu’au 30 juin 2002.“Nous avons figé cette rémunération dès notre lancement en février grâce à des produits structurés [contrats d’échange de taux d’intérêts, options], et ce quelle que soit l’évolution du marché monétaire “, se félicite Olivier de Montety, président du directoire de Zebank. La Banque Covefi se maintient un peu plus haut à 5,25 % brut : ” Nous avons pris l’engagement de ne pas changer cette rémunération avant le 31 décembre 2001, même si cela doit nous coûter un peu d’argent “, confirme-t-on à la direction.De son côté, arguant d’une situation économique difficile, BNP Paribas a décidé de “geler les dépenses de développement” de sa filiale Banque Directe. ” Cela signifie que nous allons mettre l’accent sur nos clients actifs plutôt que sur la conquête forcenée de nouveaux prospects. Nous allons aussi un peu moins investir dans nos systèmes d’information “, explique le président de Banque Directe, Jean-Pierre Volmer. ” Mais nous comptons tout de même gagner près de 20 000 clients en 2002 “, précise-t-il.Le recul des taux d’intérêts complique l’équation économique de la banque en ligne car, comme l’admet Saverio Caracciolo, “ le compte d’épargne est un vrai produit d’appel “. Or, ce produit commence à perdre ce qui faisait son principal attrait : une rémunération réellement attractive. Résultat ? Les banques doivent élargir leur offre produit tout en continuant à couper dans leurs dépenses. Comme Bipop France, qui reconnaît avoir supprimé 50 % de ses dépenses marketing et arrêté tout publicitaire, mais se prépare à signer un partenariat produit avec une compagnie d’assurance. ” Avant la fin de l’année “, confie Saverio Caracciolo, sans plus de précision.Et les AGF continuent à renforcer leur pôle bancaire, lancé en 2000 pour mieux arrimer leurs 5 millions d’assurés grâce à une offre bancaire complète. ” Nous avons la conviction que seuls les acteurs disposant d’une offre complète en épargne et produits patrimoniaux pourront résister à la concurrence “, juge Christian de Gournay (AGF). Mais le net a permis à la filiale française de l’Allemand Allianz de vite rentrer sur le marché bancaire. Mais en trois ans, AGF aura consommé 100 millions d’euros de cash pour 200 000 clients revendiqués et 470 000 prévus d’ici à 2004.

La concurrence ne faiblit pas

Baisse des taux ou non, acteurs installés et nouveaux candidats continuent à se bousculer sur le marché de la banque en ligne. La Société générale vient de rénover son site client, tandis que le courtier en ligne Selftrade, qui lorgne sur les services bancaires, a obtenu l’indispensable agrément pour se lancer dans la bataille. Selftrade propose, depuis le 22 octobre, une offre de crédit bancaire construite par Netvalor, une filiale du CCF. La distinction entre banquiers, courtiers et assureurs en ligne tend à s’estomper. Reste à savoir si le client s’y retrouvera…

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Michel Gassée