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Alain Coste, Directeur des technologies au ministère de la Recherche et des Technologies : “Les régions devront relayer l’Etat pour financer les incubateurs publics”

Pour Alain Coste, l’expérience de l’amorçage public, lancé en 1999, est à renouveler. Mais les collectivités devront mettre la main à la poche et entraîner le secteur privé.

Aujourd’hui, 31 incubateurs publics maillent le territoire français pour aider les chercheurs à créer leurs entreprises. Est-ce bien le rôle de l’État de subventionner l’entrepreneuriat ?Certainement ! L’idée de départ était d’inciter les chercheurs du secteur public à entrer dans le monde économique. Le programme lancé en 1999 prévoyait, sur trois ans, l’incubation de 850 projets. Nous avons atteint les 65 %. Le budget initial se chiffrait à 24,64 millions d’euros pour 31 incubateurs, chacun recevant une enveloppe de 28 200 euros par projet incubé. Nous pensions alors que ces structures seraient capables de s’autofinancer après trois années d’existence. Mais il n’en est rien : les incubateurs n’ont pas vocation à gagner de l’argent. Nous devons donc trouver des solutions de financement alternatives. Nous pensons intégrer le coût de ces structures dans les plans État-régions(*). En clair, les régions devront prendre le relais de l’État pour financer les incubateurs. Personnellement, je pense que des acteurs privés, comme les grands groupes industriels, mettront la main au portefeuille pour soutenir ces structures. Quant à savoir si le financement des incubateurs est bien du ressort de l’État ? Et bien, il faut savoir que le retour sur investissement existe. Il se fait sous la forme de création d’emplois et de taxes dont les sociétés créées doivent s’acquitter.Comment les incubateurs traversent-ils la crise actuelle?Nous craignions que le flux de projets ne tarisse. Le nombre de chercheurs intéressés par les conditions de la loi Allègre aurait pu être limité. En fait, aujourd’hui, les projets continuent d’affluer. Tout simplement parce que les incubateurs constituent des bulles à l’abri desquelles les initiatives parviennent à se développer, et cela indépendamment des aléas du marché. Pourtant, il est vrai que les sociétés incubées pâtissent de la désaffection du capital-risque. Bien que les financiers fassent partie des comités de sélection des incubateurs, les projets peinent à trouver des fonds. Les capital-risqueurs doivent réapprendre à faire de l’amorçage, sans trop compter sur d’illusoires jackpots.Quel est, à ce stade, le profil des projets soutenus par ces incubateurs publics ?Ces projets restent encore très orientés nouvelles technologies. Les sciences de la vie représentent environ 38 % des projets développés au sein des incubateurs publics ; viennent ensuite les sociétés informatiques avec 34 % ; puis les services, avec 6 % ; le reste relève de l’industrie traditionnelle.(*) Dans chaque région, l’État et le conseil régional négocient les actions quils financent. Ces contrats de plan programment, pour 7 ans, les équipements de la région et répartissent entre les collectivités les moyens de leur réalisation.

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Hélène Puel et Agathe Remoué