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3Com sacrifie plus d’un tiers de son chiffre d’affaires

3Com se débarrasse de sa gamme d’équipements de réseau haut de gamme et revend l’activité modems d’US Robotics. Il espère ainsi devenir le numéro un de l’accès à Internet pour les particuliers et les PME.

Pour spectaculaire qu’elle soit, la décision d’Éric Benhamou de priver 3Com d’un peu plus de un tiers de son chiffre d’affaires était attendue. En effet, la cession de Palm, prévue pour cet été, aurait mis en évidence une croissance anormalement faible du reste de la société. C’est pourquoi le PDG français de 3Com a réagi mercredi dernier, en annonçant, coup sur coup, l’arrêt de la production de la gamme d’équipements de réseau haut de gamme CoreBuilder et la cession, pour un prix non communiqué, à deux fabricants taïwanais, Accton et Natsteel, de 80 % d’US Robotics.

Un bon millier de salariés feront les frais de cette réorganisation

Cette coupe sombre préserve, malgré tout, les activités les plus lucratives de 3Com, comme les cartes adaptatrices Ethernet et les secteurs dans lesquels le constructeur n’a cessé d’investir ces derniers mois : les matériels d’accès à Internet pour le grand public, le réseau sans fil, les gammes OfficeConnect et SuperStack pour les PME, sans omettre la ligne PathBuilder d’équipements voix-données pour les opérateurs et les FAI. “Nous nous dégageons des secteurs où nos parts de marché et nos potentialités de croissances sont faibles “, justifie Éric Benhamou, dans une interview accordée à La Tribune. En conséquence, le chiffre d’affaires de la compagnie devrait être divisé par deux, passant d’un peu plus de 6 à 3 milliards de dollars, (de 6,17 à 3,08 milliards d’euros) d’ici à cinq mois, le temps que la restructuration soit effective. D’après Victor Canivell, DG de la division entreprise de 3Com pour l’Europe, le chiffre d’affaires du quatrième trimestre 2000 devrait avoisiner les 700 millions de dollars (721 millions d’euros), impact de la restructuration et de la cession des actifs de Palm compris : “Sans croissance, le chiffre d’affaires ne veut pas dire grand-chose “, relativise-t-il.
En revanche, la réorganisation de 3Com laissera vraisemblablement un bon millier de salariés sur le bord de la route. Pour la France, où 3Com emploie quelque 170 personnes, les prévisions les plus alarmistes sont envisagées. La réduction des effectifs à une trentaine de personnes n’était, jeudi dernier, ni confirmée, ni infirmée par la direction européenne. Comme le souligne Victor Canivell, le bureau français risque de payer cher ses lourds investissements dans la commercialisation des équipements de réseau haut de gamme. Sur les trois mille employés concernés, presque les deux tiers suivront les stocks de modems chez les repreneurs de la marque US Robotics. La start-up Extreme Networks hérite, pour sa part, d’une partie des ingénieurs et des techniciens d’assistance affectés à la gamme CoreBuilder. En échange, c’est elle qui assurera, en Europe comme aux États-Unis, les contrats de maintenance et la garantie après-vente des commutateurs de haut de gamme de 3Com pendant les cinq prochaines années. À charge, pour Extreme Networks, d’assurer, d’ici là, la migration des utilisateurs de CoreBuilder vers sa propre gamme Black Iron. Interrogé sur les détails de cette passation de pouvoir, Victor Canivell reste flou : “Nous assurerons nos obligations, y compris pour les contrats de maintenance personnalisés selon lesquels un ingénieur est directement en charge du suivi d’une entreprise.” Pour les modems US Robotics, le fabricant déclare s’être organisé pour que l’assistance technique et les sites de téléchargement restent accessibles aux utilisateurs.

Une dizaine d’alliances en vue

Pour faire oublier cette lourde restructuration, qui devrait coûter quelque 200 millions de dollars (206 millions d’euros), Éric Benhamou a aussitôt encha”né sur des projets, qui seront menés avec “l’énergie et l’enthousiasme d’une start-up”. Outre le rachat de Call Technologies, un éditeur de logiciels de messagerie unifiée, le PDG de 3Com a annoncé une série d’accords : avec Inktomi pour la répartition de charge, avec Symbol pour les réseaux sans fil, avec SonicWall pour les fonctions coupe-feu, avec Copper Mountain pour l’ADSL, etc. Au total, près d’une dizaine d’alliances stratégiques ou d’intentions de rachat, avec un objectif unique : dominer le marché des accès Internet domestiques et pour les PME. Là où les autres (Cisco, Nortel, Lucent ou Alcatel) ne l’attendent pas.La défection de 3Com assoit encore un peu plus la domination de Cisco dans le domaine de l’infrastructure Internet. Tant pis pour les entreprises ! Sûr de ne jamais être gagnant sur ce terrain pour le moins encombré, Éric Benhamou a logiquement jeté l’éponge. Il s’en va donc guerroyer là où il peut encore être numéro un, sur des marchés émergents ou presque, face à des start-up dont aucune n’est aujourd’hui de taille lui barrer la route.

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PAUL PHILIPON-DOLLET et RENAUD BONNET