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Test de l’Olympus OM-D E-M1X, le boîtier sport qui s’attaque à Canon et Nikon

Super performant et bardé de fonctions professionnelles, l’appareil photo hybride d’Olympus est un vrai boîtier monobloc, comme on en trouve chez Canon et Nikon. Il permet d’aborder la photo de nature et de sport de manière sereine, c’est-à-dire sans (trop) vous ruiner, ni détruire vos vertèbres.

L'avis de 01net.com

Olympus OM-D E-M1X

Les plus

  • + Boîtier monobloc à grip intégré
  • + Ultra résistant (poussières, intempéries, etc.)
  • + Rafale de compétition
  • + Stabilisation hors du commun
  • + Portabilité du système complet

Les moins

  • - Limites du capteur Micro 4/3
  • - On aurait aimé un meilleur viseur

Note de la rédaction

Note publiée le 27/01/2020

Voir le verdict

Fiche technique

Olympus OM-D E-M1X

Monture (baïonnette) Micro 4/3
Format de capteur 4/3
Définition du capteur 20.4 Mpx
Type de capteur Live MOS
Sensibilité ISO min 200
Voir la fiche complète

L’exercice de la photo de sport et de nature a ceci d’exigeant qu’il faut non seulement de gros boîtiers solides, mais aussi de puissants téléobjectifs. Le problème est ici double. L’équipement est lourd, mais en plus il est cher. Comme tout le monde n’a pas 15.000 euros ni le dos d’un troisième ligne de rugby, Olympus a une solution : son OM-D E-M1X et son parc optique Micro 4/3.

Adrian BRANCO / 01net.com

Avec son hybride, Olympus met le pied là où un constructeur autre que Canon ou Nikon n’a jamais été légitime. Autour des stades, seuls les EOS 1DX et autres Nikon D5 existent, et quand un Sony pointe son nez, c’est un Alpha A9 au look traditionnel. Dans l’ère numérique, c’est la première fois qu’une marque, autre que les deux grandes, propose un appareil à optique interchangeable avec ce look de tank intégrant la poignée en mode vertical. Et rien que pour cela, l’OM-D E-M1X est un boîtier exceptionnel.

Monsieur muscle

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Aussi petits soient-ils, les OM-D E-M1 et OM-D E-M1 Mark II ont une très bonne réputation quant à leur solidité. L’E-M1X va évidemment plus loin, beaucoup plus loin avec son lourd châssis en alliage de magnésium, un châssis plus épais encore que sur l’E-M1 Mark II et protégé par encore plus de joints d’étanchéité.

Adrian BRANCO / 01net.com
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Les trappes à batterie et cartes mémoire sont non seulement scellées contre les éléments, mais en plus équipées d’un mécanisme de verrouillage qui empêche toute ouverture non voulue. Aucune commande (levier, bouton) n’est affleurante ce qui fait qu’une chute a peu de risque d’arracher quoi que ce soit tandis que la rigidité du boîtier monobloc donne envie de planter des clous avec – même si, en toute honnêteté, un marteau est quand même mieux adapté.

Adrian BRANCO / 01net.com
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Cette solidité intérieure et extérieure a un prix : celui du poids. L’E-M1 X est le boîtier le plus lourd de l’histoire des appareils à capteur Micro 4/3 avec presque un kilogramme sur la balance – 997 grammes pour être exact. C’est toujours 350 à 400 grammes de moins que les monoblocs de Canon et Nikon, mais c’est aussi (et surtout) côté optique que l’équation penche en faveur d’Olympus.

Les optiques, l’autre arme fatale de l’E-M1 X

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Mettons-nous dans la peau d’un professionnel qui utilise ce genre de boîtier gros format, tel un photographe de PQR. Le kit traditionnel d’un tel professionnel consiste en deux boîtiers avec un 24-70 mm sur l’un et un 70-200 mm sur l’autre, tous les deux ouvrant à f/2.8 si le photographe ou la publication a encore de l’argent, f/4 pour un kit moins cher et plus léger. La plage 24 à 200 mm permettant de tout couvrir ou presque, de la kermesse de la maison de retraite en passant par la visite du député du coin, le salon local, etc.

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Dans le cas d’un reflex professionnel – Canon EOS 1DX Mark III ou Nikon D5 – le kit constructeur complet pèse entre 3,7 et 4,0 kg en f/2.8 et entre 2,7 et 3,0 kg en f/4. Si le boîtier grand format de Olympus OM-D E-M1X, est un peu plus léger (entre 300 et 400g de moins que les Canon et Nikon), c’est avec les optiques que le sac s’allège vraiment : seulement 2,26 kg f/2.8 en kit version f/2.8 (et avec une focale plus resserrée de 300 mm en prime). Et seulement 1,56 kg en f/4, la grâce en soit rendue à l’épatant 12-100 mm f/4 constant, un zoom à tout faire quasi impossible à réaliser en plein format.

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– Olympus OM-D E-M1 X (0,997 kg) + ED 12-40mm f2.8 PRO (0,382 kg) + ED 40-150mm f2.8 PRO (0,880 kg) = 2,26 kg pour une plage focale de 24 à 300 mm f/2.8
– Olympus OM-D E-M1 X (0,997 kg) + ED 12-100 mm f/4 IS PRO (0,561kg) = 1,56 kg pour une plage focale de 24 à 200 mm f/4

Canon EOS 1DX Mark II (1,34 kg) + EF 24-70mm f/2.8L II USM (0,850 kg) + EF 70-200mm f/2.8L IS II USM (1,490 kg) = 3,68 kg pour une plage focale de 24 à 200 mm f/2.8
Canon EOS 1DX Mark II
(1,34 kg) + EF 24-70mm f/4L IS USM (0,600 kg) + EF 70-200 mm f/4L IS II USM (0,780 kg) = 2,72 kgpour une plage focale de 24 à 200 mm f/4

Nikon D5 (1,405 kg) + AF-S NIKKOR 24-70MM F/2.8E ED VR (1,070 kg) +  AF-S NIKKOR 70-200mm f/2.8E FL ED VR (1,540 kg) = 4,02 kg pour une plage focale de 24 à 200 mm f/2.8
Nikon D5 (1,405 kg) + AF-S NIKKOR 24-120mm f/4G ED VR (0,710 kg) + AF-S NIKKOR 70-200mm f/4G ED VR (0,850 kg) = 2,97 kg pour une plage focale de 24 à 200 mm f/4

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Ainsi, dans une configuration f/4, la souplesse du développement autour du petit capteur Micro 4/3 permet de ramener le set à une seule optique et à diviser par deux le poids du kit photo. Et ça, c’est sans même aborder les zooms Panasonic-Leica à ouverture glissante encore plus légers, ni même les super téléobjectifs. L’équivalent 600 mm de chez Olympus, le Zuiko Pro 300 mm f/4 IS ne pèse ainsi que 1,475 kg avec le collier de pied – et coûte « seulement » 2500 euros – quand les alternatives de chez Canon et Nikon pèsent plus du double (3,1 kg pour le Canon, 3,8 kg pour le Nikon) et s’affichent à 14.000 euros. La qualité « absolue » du plein format a donc un prix… et un poids.

Qualité d’image : niveau suffisant largement atteint

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Soyons clairs : un capteur plein format 24 x 36 mm offrira toujours un niveau de détails supérieur et une meilleure gestion de bruit numérique qu’un petit capteur Micro 4/3, surtout à définition d’image équivalente. L’EM1-X affichant 20 Mpix comme ses deux concurrents au capteur quatre fois plus grand, il est évident que les niveaux de bruit numérique sont supérieurs – le seuil subjectif maximal de qualité optimum est plutôt aux alentours de 3200-6400 ISO contre 12.800 voire 25.600 ISO pour les deux autres. La plage dynamique de l’Olympus est aussi inférieure d’un seuil – on récupère un peu moins dans les ombres et les hautes lumières.

Mais comme en témoignent ces images qui vont de 200 à 2500 ISO, la qualité d’image suffisante est plus qu’atteinte. Ce seuil au-delà duquel il faut analyser les images à 100% sur un écran pour discriminer des portions d’une image et tenter de caractériser si cela sort d’un petit ou d’un grand capteur.

Même dans le cas de la récupération de détails, les fichiers RAW du « petit » CMOS 20 Mpix de l’E-M1X permettent à Adobe Lightroom de réaliser un très bon travail, comme ici sur la tête de l’ours ou sur le Federal Hall National Memorial de New York.

Dans le cas de ce « portrait » de canard, les 1600 ISO ne détériorent pas de manière notable les nombreux détails, pourtant très fins, de son plumage. Merci à la stabilisation qui pousse jusqu’à 7,5 vitesses !

Quant au rendu des couleurs, même les Jpeg sortis de boîtier sont de très bonne tenue comme en témoignent ces clichés de New York aux tons agréables et naturels. Seul reproche : une tendance à la surexposition sans doute pour limiter le bruit dans les ombres et sans doute, aussi, du fait de la plage dynamique un peu plus faible du petit capteur. Une simple correction des hautes lumières dans Lightroom permet de rattraper les tons cramés en une seconde.

Il faut aussi noter l’excellente gestion de la balance des blancs : les clichés dans le métro new-yorkais sont propres, avec une lumière certes jaune, mais fidèle à l’ambiance de ce haut lieu de l’élevage sauvage des rats.

Double processeur pour plus de puissance

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Comme c’est souvent le cas dans les appareils monoblocs, un processeur d’image ne suffit pas. Tout comme le 1DX Mark II de Canon embarque deux Digic 6, l’OM-D E-M1X est piloté par deux puces TruePic VIII. Des puces qui font l’objet, tout comme le capteur, d’une attention particulière en matière de dissipation thermique puisque le fort débit d’image ne doit pas perturber la rafale.

Une rafale qui va d’impressionnante – 18 i/s avec suivi du sujet – à démoniaque, avec ce mode à 60 i/s en AF simple. Le suivi est lui aussi excellent, même s’il s’avère plus difficile qu’avec un reflex à cause de la latence de l’écran. Car outre les compétences du photographe – pauvres en matière de photo nature/sport chez votre serviteur – qui rend l’usage des longues focales universellement difficile, s’ajoute aussi le fait que le vieillissant viseur (il s’agit de celui de l’E-M1 Mark II avec un nouveau bloc optique en face) n’est pas aussi réactif que les viseurs de dernière génération type Alpha A9.

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Notez qu’à l’instar de ce que fait Fujifilm sur certains de ses boîtiers (moyen-format notamment), l’E-M1X peut prêter sa puissance de traitement d’image à l’ordinateur. Il faut pour cela développer les images dans Olympus Workspace (logiciel gratuit d’Olympus) et relier l’appareil à l’ordinateur. Le logiciel utilise alors les deux processeurs d’image pour accélérer le rendu des traitements d’image.

Une fois encore, l’OM-D E-M1X est inférieur aux Canon EOS 1DX Mark II et autre Nikon D5, tant sur la présence du bruit numérique en hautes sensibilités, qu’en précision de suivi du sujet (à cause du viseur électronique notamment). Mais le niveau de performances est largement au « niveau suffisant » pour un usage professionnel. Pour deux fois moins cher et deux fois moins lourd.

Multishot à main levé, la parade du petit capteur

Olympus est une petite marque photo par rapport aux géants que sont Sony, Canon, Nikon et même Panasonic. La marque ne dispose pas du portfolio de produits – et des ingénieurs – pour satisfaire tous les usages photographiques. Dans sa configuration, il lui faut avoir recours à des astuces pour tenter de répondre aux besoins de tout le monde. Pour la définition d’image, limitée par la petitesse du capteur Micro 4/3 et le faible nombre de fournisseurs, Olympus a donc rusé.

L’image 50 mégapixels dont vous voyez les détails ci-dessus ne sort pas d’un boîtier moyen format, mais bel et bien de l’E-M1X doté d’un capteur 20 Mpix. S’il dispose toujours du mode multishot 80 Mpix sur trépied de l’E-M1 Mark II dont nous vous avions déjà parlé, l’E-M1X embarque aussi un tout nouveau mode capable de shooter et combiner plusieurs images à main levée. Par rapport au mode 80 Mpix l’avantage est évidemment la souplesse puisque l’on n’est pas bloqué sur le trépied.

S’il faut absolument éviter les sujets qui bougent – oui, même les feuillages – la fonctionnalité est du pain béni pour les natures mortes, paysages calmes et autres packshots rapidement abattus en studio. Et démontre aussi l’incroyable maîtrise des déplacements du capteur par les ingénieurs d’Olympus – une maîtrise renforcé par le petit format du capteur, moins difficile à contrôler qu’un 24×36 mm. La promesse de cette fonctionnalité avait été faite par Olympus en février 2015 lors du lancement de l’OM-D E-M5 Mark II qui inaugurait la fonction sur trépied (dans une définition plus basse à cause de la moindre définition de l’époque) et l’OM-D E-M1X montre qu’Olympus tient ses promesses technologiques. Espérons que la fonction soit déclinée dans des boîtiers moins chers !

Pléthore de fonctions

S’il est un cran en dessous des monoblocs de Canon et Nikon en matière de hautes sensibilités et de suivi de sujet, l’E-M1X a cependant les atouts des hybrides. À savoir un panel de fonctionnalités « numériques » intégrées. La plus importante est le mode multishoot détaillé ci-dessous, mais s’ajoute à cela une pléthore de fonctions avancées, qu’il s’agisse de la vidéo 4K DCI (cinéma) stabilisée, la simulation de filtre à densité neutre variable inédite dans le monde de la photo, le focus stacking intégré à l’appareil (jusqu’à 15 images à focus différents combinées) ou encore la rafale électronique à 60 i/s.

Pas de quoi faire lâcher leurs D5 et 1DX Mark II aux photographes des J.O., mais largement de quoi séduire des photographes avec un panel d’usages plus large que la seule photo de sport.

Performant, mais pas très « intelligent »

Adrian BRANCO / 01net.com

Les lignes qui vont suivre ne concernent pas que le l’E-M1X, mais tous les appareils photos actuels, aussi bien les séries grand public que professionnelles. Ces appareils font tous de superbes images, mais sont – heureusement vont s’écrier certains – dépendants du photographe pour déterminer certains éléments, notamment en ce qui concerne la vitesse. Si nous abordons ce sujet c’est que l’E-M1X est un appareil de vitesse : son AF est redoutable, son suivi du sujet très bon… mais l’appareil est « bête ». Bête, comme tous les appareils photo.

Regardez cette image de John le canard (le nom a été changé pour préserver l’anonymat du palmipède), vous remarquerez qu’elle est floue. Car, comme nombre d’oiseaux aquatiques, John bouge et la vitesse de 1/640s que le mode P de l’appareil a sélectionné automatiquement n’est pas suffisamment rapide pour figer l’action. Le problème ? Simplement que l’appareil devrait être assez intelligent pour analyser le sujet sur lequel l’AF continu assure le maintien. Et pousser la vitesse au 1/1250e voire 1/2000e pour assurer la netteté, ce qui est largement faisable puisqu’au 1/640e l’appareil n’est qu’à 400 ISO – il y a de la marge pour monter en sensibilités. C’est ce genre d’intelligence que l’on voit arriver dans les smartphones, ce genre d’intelligence que Sony et les autres veulent ajouter par « l’IA ». Mais qui n’est pas encore réellement au cœur des appareils.

On pourrait arguer qu’il aurait fallu, au moment de déclencher, vérifier la vitesse. Certes, mais votre serviteur shootait un autre sujet juste avant. Et c’est peut-être une histoire de vision, mais le vrai travail du photographe reste, selon nous, le cadre. En tous les cas, sans jeter la pierre à l’E-M1X spécifiquement, on ne peut que regretter qu’un tel bijou de 2999 euros équipé, dans le cas précis, d’un 300 mm f/4 (équivalent 600 mm) à 2499 euros ne dispose pas encore de l’intelligence d’un smartphone…

La bataille n’est cependant pas perdue puisque Olympus promet des mises à jour améliorant la reconnaissance des sujets pour le tracking AF, notamment dans les domaines animaliers. Il faut espérer qu’Olympus tienne ses promesses comme il l’a fait pour le multishot Hires.

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