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Transformer une Tesla en centrale de surveillance mobile, c’est possible

Un hacker a développé un système qui enregistre et analyse en temps réel les flux vidéo des caméras intégrées d’une Tesla. Au menu : reconnaissance faciale, lecture de plaques d’immatriculation, détection comportementale… le parfait cocktail pour « fliquer » votre quartier.

Les capacités techniques des voitures avec assistance à la conduite ouvrent des perspectives parfois étonnantes, voire effrayantes. À l’occasion de la conférence DEF CON 27, qui s’est déroulé à Las Vegas, le hacker Truman Kain a montré que l’on pouvait transformer une Tesla en une véritable centrale de surveillance mobile. Il a créé un système baptisé « Surveillance Detection Scout » (SDS) qui s’appuie sur les trois caméras intégrées d’une Tesla pour reconnaître des visages parmi les piétons environnants, lire les plaques d’immatriculation des voitures qui passent et, surtout, détecter des comportements étranges.

Ainsi, SDS pourra alerter en temps réel le conducteur qu’une voiture le suit depuis un certain temps ou qu’elle passe à proximité de son domicile plusieurs fois par jour depuis une semaine. Par la suite, le conducteur pourra même géolocaliser les endroits où il a rencontré certains véhicules.

Le système peut également détecter la présence de piétons tagués comme étant connus par le conducteur. Ou alerter le conducteur qu’une personne louche rode autour de sa voiture depuis quelques heures.

Bref, les possibilités sont larges. C’est juste une question de paramétrage et d’idées. Dans une vidéo, le hacker montre toutes les pistes qu’il a explorées jusqu’à maintenant. D’autres sont déjà sur sa feuille de route, comme la reconnaissance de la démarche ou la reconnaissance d’objets.

Cette application est franchement impressionnante. Interrogé par Wired, Truman Kain estime pourtant n’avoir rien fait de particulièrement révolutionnaire. Pour récupérer les flux vidéo des caméras, il s’est appuyé sur les interfaces de programmation existantes de Tesla. Ces images sont ensuite stockées et analysées sur Jetson Xavier, un kit de développement de Nvidia dédié à l’intelligence artificielle. Il est doté d’un processeur ARM 8 cœurs et, surtout, d’un processeur graphique Volta à 512 unités de calcul appelées « Turing Tensor Cores ». Côté logiciels, le hacker s’est servi de briques librement disponibles comme la base de données MongoDB, la plateforme JavaScript NodeJS, le service d’automatisation IFTTT ou les outils d’apprentissage automatique TensorFlow et Darknet.

Des usages très discutables

Mais attention : mieux vaut ne pas imiter Truman Kain. Il est peu probable que l’utilisation de SDS soit légale dans nos contrées. Sur le plan éthique, la diffusion d’un tel système est également très discutable, car on pourrait imaginer des scénarios d’usage beaucoup plus offensifs. Exemple : garer une voiture près d’une maison et surveiller les entrées-sorties en vue de la cambrioler. Les possibilités de flicage pourraient être encore plus grandes si l’on interconnecte les SDS de plusieurs voitures.

Truman Kain est évidemment conscient de ces risques. Mais il estime qu’il vaut mieux s’y confronter dès à présent, plutôt que d’attendre qu’une société privée développe une plate-forme orwellienne en catimini. Ce qui n’est pas faux.

Sources : DEF CON 27, Wired

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