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The Machine, l’ordinateur avec lequel HP rêve de révolutionner l’informatique

Face au volume toujours plus grands des données à traiter, HP Enterprise a développé un ordinateur qui fonctionne avec une mémoire hybride ultrarapide. Un concept intéressant, mais qui a besoin d’un nouveau type de composant pour réellement exister.

Sans maîtrise la puissance n’est rien : cet adage d’une célèbre marque de pneumatiques n’a jamais été aussi vraie. L’humanité n’a jamais produit autant de données et nos processeurs n’ont jamais été aussi puissants, mais les systèmes informatisés ont toujours plus de mal à nager dans cet océan de data.

À lire : Le supercalculateur le plus du monde est chinois jusque dans ses processeurs

C’est là qu’intervient le dernier jouet de HP Enterprise, dont il vient de faire la toute première démonstration : baptisé The Machine, ce super ordinateur a pour mission d’accélérer les traitement informatiques de nos supercalculateurs. Mais contrairement à ces derniers, The Machine place non pas le processeur au centre de sa conception, mais un autre élément informatique primordial trop souvent délaissé : la mémoire.

Mémoire ultra rapide et bus photonique

Première précision : ce n’est pas le HP constructeur de PC grand public qui parle ici. The Machine est un projet de HPE, la branche «Entreprise» désormais séparée du géant informatique, un spécialiste du serveur et des super calculateurs. L’idée derrière The Machine est qu’un des éléments qui fait perdre le plus de temps aux ordinateurs – super calculateurs inclus – est l’accès à l’information. Dans un système où fonctionnent de concert des milliers de processeurs, accéder à une donnée peut prendre du temps : il faut trouver l’information, y accéder, la copier, la transférer vers le processeur en charge de la traiter, etc. Un chemin parfois complexe et parsemés d’embuches.

Pour dépasser ces limites, The Machine abolit les limites entre les deux mémoires clés qui régissent nos ordinateurs que sont la RAM – la mémoire vive, volatile – et la mémoire de stockage, non volatile. En lieu et place, The Machine dispose d’un «pool» de mémoire qui a la double propriété d’être ultra rapide (comme la RAM) et non volatile (comme un disque dur) et à laquelle on accède par le biais d’une interface non plus électrique mais photonique. Le concept est piloté non pas par un processeur central polyvalent mais un peu lent (CPU) mais par plusieurs processeurs hyper spécialisés, moins touche-à-tout mais bien plus performants.

De cette manière, tout accès ou transfert de données se fait incommensurablement plus rapidement que dans les systèmes actuels même les plus puissants, un gain de performance qui accélèrerait diaboliquement l’analyse de gros volumes de données.

Un beau roman, une belle promesse, mais pour l’heure l’histoire de The Machine est un peu plus compliquée que cela, car elle souffre de certaines limites dont la plus notable est aussi la plus fâcheuse : la super mémoire dont The Machine a besoin n’existe tout simplement pas.

Un composant manque à l’appel

Au moment où les articles célébrant la puissance supposée de The Machine fleurissent, il faut regarder en arrière pour réaliser que le concept original a du plomb dans l’aile et que HPE est en train de le découper en morceaux fonctionnels. Comme le rappelaient nos confrères de LeMag IT en 2015, The Machine compte initialement des composants novateurs, les Memristors.

Décrit en 1971 dans des articles scientifiques, le memristor est un composant «hypothétique» qui aurait vu le jour dans les labos de HP en 2008 et dont le développement effectif représenterait un grand bon en avant puisqu’il est rapide, économe en énergie et offre des performances de lecture/écriture tout en étant non volatil. Le problème ? HP n’a toujours pas réussi à produire autre chose que des memristors de laboratoire, loin de pouvoir répondre aux besoins de l’industrie actuelle.

Prototype fonctionnel

HPE

Si les memristors et donc le concept complet de The Machine ne sont pas encore une réalité, HP Enterprise a pondu une première mouture… avec de la RAM. Beaucoup de RAM : 8 To, équipent ce module capable de s’interfacer dans les baies serveurs classiques.

Prototype sans vraie date de commercialisation, le projet de HP n’a donc pas vocation à vous aider à taper plus vite votre rapport sous Word… mais à épauler les grosses entreprises à accélérer les accès mémoire dans les processus de calcul intensifs. HP parle d’une accélération de processus allant jusqu’à x 8000 mais il s’agit là d’un chiffre théorique dans un domaine spécifique – la finance.

Inséré dans un système informatique actuel, le module actuel pourrait déjà accélérer certaines applications de x15 à x300, un gain théorique déjà très intéressant… dont on profitera peut-être un jour si les promesses sont réellement tenues.

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