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Nous avons essayé le MacBook Pro 16’’, le portable d’Apple qui vous en donne plus pour le même prix

Annoncé et lancé aujourd’hui, 13 novembre 2019, le nouveau portable pro haut de gamme d’Apple change tout, assure une configuration solide, propose un écran plus grand, et promet une belle autonomie… Tout cela pour le même prix que le MacBook Pro 15 pouces, qu’il remplace.

Le MacBook Pro 15 pouces est mort, vive le MacBook Pro 16 pouces ! Apple vient d’annoncer son nouveau portable destiné aux professionnels, que la rumeur et quelques fuites avaient déjà bien défloré. Nous avons eu l’occasion de passer quelques longues heures en sa compagnie, assez pour éprouver un peu son nouveau design, son clavier et sa configuration… Mais bien entendu, tout commence par un nouvel écran… plus grand.

01net.com – Les bordures d’écran sont plus fines, sans flirter pour autant avec le borderless…

16 pouces, et pas un de moins…

Et « plus » pourrait bien être le credo de cette nouvelle machine. Dans un châssis de 15 pouces – presque inchangé, il gagne un peu en poids et en corpulence mais on ne s’en rend pas compte sans jeter un oeil à la fiche technique, Apple fait désormais tenir une dalle de 16 pouces et sa définition de 3072×1920 pixels, pour une résolution de 226 ppp. Cela représente pas moins de 5,9 millions de pixels qui s’ébrouent pour le plaisir de vos yeux. 

Pour réussir ce petit tour de force, Apple a réduit la largeur des bandes noires qui encadraient l’écran, comptez 25% de moins pour la partie supérieure et environ 35% pour les bandes latérales, les plus gênantes au quotidien et les moins faciles à justifier puisqu’elles n’hébergent pas la caméra FaceTime.

Comme d’habitude, Apple soigne particulièrement l’affichage. La dalle est donnée pour assurer une luminosité de 500 cd/m2, une promesse identique à celle de la génération précédente et qui devrait être tenue a priori. À l’usage, elle est en tout cas très agréable à regarder, même quand la fatigue gagne.

On retrouve par ailleurs la technologie P3, qui garantit un gamut très large et une fidélité colorimétrique élevée, et la fonction True Tone, qui fait varier la chaleur de l’affichage en fonction de la lumière ambiante. Un gain de confort réel au quotidien.

Ce MacBook Pro 16 pouces introduit également une option qui pourrait ravir les monteurs vidéos pointilleux (ou très professionnels), il est possible de faire varier la fréquence de rafraîchissement de la dalle dans les Préférences Système.

01net.com – Le MacBook Pro 16 pouces propose (toujours) quatre ports Thunderbolt 3 et une prise mini-jack.

Une configuration encore plus pro

L’année dernière, Apple introduisait des processeurs Core i7 et Core i9 de huitième génération à six coeurs dans ses MacBook Pro 15 pouces, avant une mise à jour vers des puces de neuvième génération à six et huit coeurs, en mai de cette année.

En cette fin 2019, les équipes de la firme de Cupertino gardent ces puces ultrapuissantes arrivées en mai dernier, Core i7 et i9 de neuvième génération – les puces de dixième génération, nom de code Comet Lake, gravées en 14 nm, étant davantage destinées à des machines plus grand public.

Les deux Core i9 proposés, l’un de série et l’autre en option, intègrent huit coeurs (pour 16 threads). Les applications professionnelles optimisées pour le multi-threading vont pouvoir s’en donner à (multi)coeur joie.

Pour prendre la mesure des capacités de ces puces, nous avons lancé quelques outils de bench sur la configuration que nous avons eue entre les mains pour ce premier contact. Elle repose sur le Core i9-9880H à huit coeurs cadencés à 2,3 GHz et utilise 16 Go de mémoire vive (DDR4 cadencée à 2666 MHz). C’est depuis quelque temps la quantité de mémoire vive par défaut dans les MacBook Pro 15 (et désormais 16 pouces).

Apple double d’ailleurs la quantité maximale de RAM, le MacBook Pro 16 pouces peut en embarquer jusqu’à 64 Go, contre 32 jusqu’aux MacBook Pro introduits en mai dernier. Une bonne nouvelle pour ceux qui utilisent quotidiennement des applications gourmandes, qu’il s’agisse d’outils de compilation ou, plus traditionnellement, de Photoshop.

Quoi qu’il en soit avec Geekbench 4, nous avons obtenu un score Single Core de 5 458 et un score Multi Core de 28 718. L’an dernier, le modèle de 15 pouces que nous avions testé était équipé d’un Core i9 à 2,9 GHz, il faisait logiquement mieux (de peu) en Single Core avec 5 663 points. Mais quand tous les coeurs sont sollicités, son résultat de 25023 permet au MacBook Pro 16 pouces de prendre le large. Soit un mieux d’environ 15%.

Avec Cinebench, on suit une même tendance. Là où le MacBook Pro 15 pouces 2018 obtenait un score de 1052, le MacBook Pro 16 pouces affiche 1365. Il y a donc bel et bien un progrès très notable, de l’ordre de 30% en l’espèce. Pour mémoire, le modèle de mai dernier, équipé du Core i9-9980HK 2,4 GHz à 8 cœurs, affichait un score Cinebench de 1384. La logique est donc respectée.

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Nous n’avons pas eu le temps de torturer durablement ce nouveau MacBook Pro pour savoir s’il pourrait être victime comme l’ont été ses aînés de throttling, cette maladie des PC équipés de processeurs puissants qui ont tendance à trop chauffer quand ils sont très sollicités, ce qui les amènent à réduire leur fréquence de fonctionnement pour éviter de mal finir.

Nous avons néanmoins eu le temps de mettre un peu à l’épreuve la nouvelle architecture de dissipation thermique mise au point pour ce nouveau MacBook Pro. Censée améliorer le flux d’air de 28% et reposer sur un dissipateur thermique 35% plus large, le MacBook Pro 16 pouces est donné pour pouvoir gérer jusqu’à 12 Watts de consommation électrique supplémentaire quand il est très sollicité.

Pour voir si notre Core i9 à 2,3 GHz s’effondrait ou réduisait la voilure, nous nous sommes contentés de lancer en boucle Cinebench 20 et de surveiller les courbes de température et de fréquence de l’Intel Power Gadget, un outil développé par le fondeur de la puce. Accompagné par le bruit des ventilateurs dont les pales ont été élargies, on constate alors que lorsque le processeur approche des 95,5°C, la fréquence Turbo Boost maximale (de 4,8 GHz) est réduite. Pas de catastrophe, mais un plafonnement à environ 3 GHz de la fréquence utile. C’est mieux que ce que faisait le modèle de mai dernier, qui se maintenait à ce stade dans le meilleur des cas seulement.

Il faudra le confirmer avec des tests plus poussés mais le throttling semble donc mieux contenu dans cette nouvelle configuration.

Un SSD rapide et conséquent

Intéressons-nous maintenant à un autre élément de la configuration des MacBook Pro qui est traditionnellement de très haute tenue : le SSD. En l’occurrence, la quantité de stockage est doublée, elle aussi. Il est possible d’opter pour un SSD de 8 To, une option tout de même vendue 2880 euros.

8 To dans une seule machine, qui plus est portable, cela peut paraître astronomique, mais il faut mettre ce chiffre en perspective avec les besoins des professionnels visés. Ainsi, certains compositeurs de musique doivent avoir à portée de la main des centaines de gigaoctets, voire des téraoctets de banque de sons et d’instruments pas ou peu compressés. Un tel stockage n’est donc pas une simple lubie, il correspond à des besoins précis, et bien entendu, vous pouvez vous contenter de la capacité de stockage par défaut qui a été doublée elle aussi à 512 Go.

Évidemment, nous avons réalisé quelques petits tests pour nous assurer que le SSD intégré est à la hauteur de ses aînés. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Apple ne déçoit pas. Le SSD embarqué est plus rapide que celui du modèle de juillet et fin 2018, et fait jeu égal avec celui présent dans la mise à jour de mai dernier.

L’outil BlackMagic Disk Speed Test, qui permet d’établir les capacités de votre support de stockage en termes de débits en lecture et écriture, dans le domaine vidéo, affiche un colossal pic stable de 2816,5 Mo/s en écriture et 2831,4 Mo/s en lecture. C’est mieux que les 2647 Mo/s en écriture et 2681 Mo/s en lecture du MacBook Pro 15 pouces de 2018, qui ne déméritait pourtant pas, loin s’en faut.

AJA, autre outil de tests des performances des supports de stockage, confirme ces progrès conséquents. Seule une petite contre-performance en lecture d’un fichier 5K de 16 Go prive le MacBook Pro 16 pouces d’une domination absolue sur son aîné.

Une carte graphique dans la… Navi

Pour conclure sur la configuration matérielle, parlons brièvement de la partie graphique. Outre le chipset Intel intégré, Apple fait encore une fois appel à une puce AMD. Il s’agit en l’occurrence de la nouvelle gamme de GPU portables de génération Navi, gravés en 7 nm. On trouve ainsi la Radeon Pro 5300M et la Radeon Pro 5500M, la première est équipée de 4 Go de GDDR6, la seconde est proposée avec 4 ou 8 Go de GDDR6, une première sur une MacBook. Le modèle que nous avons pu commencer à éprouver fonctionne grâce à la Radeon Pro 5500M, pourvue de 4 Go de mémoire vidéo.

Nous l’avons brièvement confronté à la Radeon Pro 560X (4 Go de GDDR5) embarquée dans le MacBook Pro 15 pouces 2018, ainsi qu’à la Pro Vega 20, ajoutée aux options pour ce même portable en fin d’année 2018.

Il en ressort que dans les quelques tests que nous avons eu le temps d’effectuer la 5500M l’emporte sans grande surprise, distançant confortablement la Pro Vega 20 et s’affichant plus de 2,5 fois plus performante que la 560X dans le test Unigine Heaven.

Non seulement la configuration graphique du nouveau MacBook Pro lui fait prendre le large, mais elle assure surtout des performances largement suffisantes pour jouer sur cette machine, que ce soit sur Steam ou via Apple Arcade. Bien entendu, si les polygones d’un jeu vidéo ne vous intéressent pas, vous pourrez toujours solliciter cette puissance graphique pour des rendus 3D, avec OctaneX, par exemple.

Evidemment quand on sollicite la carte d’AMD, le MacBook se met à ventiler de manière très audible, cependant au vu des résultats, difficile de lui en vouloir.

Mais ce n’est pas tout, ces cartes graphiques sont également capables de piloter jusqu’à deux écrans 6K (6016×3384 pixels) ou quatre écrans 4K (4096×2304 pixels). Le MacBook Pro 16 pouces n’est pas seulement une station de travail portable, il est aussi pensé pour devenir la machine principale des professionnels et donc travailler de concert avec des écrans qui resteraient à disposition sur un bureau. Apple cherche clairement à proposer une machine capable de s’adapter à de nombreux cas d’usage.

01net.com – Le MacBook Pro 16 pouces est le premier portable d’Apple récent à abandonner le clavier papillon.

La fin de l’effet papillon

Terminons enfin par une autre grosse nouveauté de ce MacBook Pro : le nouveau clavier ciseaux, appelé Magic Keyboard. Comme le voulait les prédictions de certains analystes, ce modèle 16 pouces est le premier portable d’Apple à abandonner le clavier papillon. Ces touches hyper fermes et réactives sont-elles condamnées à disparaître ? A priori, non. Il semblerait que ces deux types de clavier soient appelés à cohabiter et à évoluer de conserve, pour quelque temps au moins.

Quoi qu’il en soit, il faut bien le dire, pour nous qui sommes grand utilisateur et fan des claviers papillon, ce retour aux ciseaux, à des airs de retour en arrière. S’arrêter là serait toutefois aller un peu vite en besogne. Pour cette nouvelle génération de clavier, Apple s’est inspiré du clavier des iMac et a tout repensé. Ont ainsi été revus l’assise des touches pour qu’elles soient plus stables, le dôme en caoutchouc pour amortir les bruits et enfin la course. Elle passe de 1,6mm sur un clavier Apple à ciseaux classique à 1mm seulement.

Sur le papier, on a l’impression d’un compromis entre les points forts des claviers papillon et ceux des claviers ciseaux, dans les faits, c’est exactement ce que c’est.

La course est donc assez courte et assez ferme, mais bien moins « dure » et réactive que sur les MacBook récents. Il y a plus de mollesse ou de souplesse, selon le point de vue. Le son produit par les touches, bien qu’agréables, nourrit d’ailleurs cette impression de discrétion. Pour tout dire, et c’est une bonne nouvelle pour les travailleurs noctambules, il est très silencieux.

Tout ceci est extrêmement subjectif et une question de goût, d’une part, et d’habitude, d’autre part. Néanmoins, alors que nous utilisons ce nouveau clavier pour écrire ces lignes, il est évident qu’on trouve un vrai plaisir à saisir du texte sur cette machine… 

01net.com – Les touches du nouveau clavier Magic Keyboard sont légèrement plus hautes.

D’autant qu’Apple a également revu d’autres aspects du clavier, plus particulièrement la Touch Bar. Ainsi, la touche Escape et le bouton Touch ID ont désormais fait sécession. ils sont désormais clairement séparés de la barre interactive. Le lecteur d’empreinte digitale fait toujours appel à une puce Apple T2 pour chiffrer les données et gérer vos données sensibles.

La Touch Bar est, elle, toujours égale à elle-même, oscillant entre utile et dispensable selon les applications, les usages et l’envie du moment.

De très bonnes surprises et une petite déconvenue

Vient la dernière ligne droite, celle où on convient de tout le chemin encore à parcourir pour se faire une idée plus arrêtée de ce que cette machine a dans le ventre. On se permettra une digression sur un point qu’on néglige parfois, trop souvent : l’audio, qui s’inscrit en l’occurrence dans la case bonne surprise.

Ce MacBook Pro mise beaucoup dans ce domaine. Tout d’abord, il embarque six haut-parleurs haute fidélité où les woofers sont montés en opposition afin que l’un l’autre annulent les vibrations qu’ils produisent. Cela évite que le boîtier du MacBook Pro ne vibre et permet d’améliorer le rendu des basses.

En définitive, le son est très agréable et regarder un film sans mettre son casque, dans une chambre d’hôtel, par exemple, mais pas dans un open space, est extrêmement immersif. Le son renforce le plaisir qu’on a à se plonger dans l’écran et inversement.

Mais ces haut-parleurs ne sont pas le seul point audio qu’Apple a revu. Trois micros de « qualité studio » font leur apparition sur le côté gauche du MacBook Pro. Le but est éventuellement de permettre à un podcasteur de se passer de micro, mais surtout de renforcer la qualité de prise de son pendant les appels FaceTime, par exemple.

01net.com – Les bordures affinées rendent vraiment justice à l’écran 16 pouces du nouveau MacBook Pro.

Une autre bonne nouvelle tient à la capacité de la batterie lithium-polymère embarquée dans ce MacBook Pro 16 pouces. Elle est de 100 Wh, ce qui, semble-t-il, est le maximum que puisse embarquer un objet mobile au regard de la réglementation fixée par l’agence fédérale de l’aviation américaine (FAA). Nous n’avons évidemment pas pu réaliser des tests d’autonomie au cours de notre grosse dizaine d’heures en compagnie de ce nouveau portable, mais on peut espérer que cette batterie conséquente arrive à alimenter la pantagruélique configuration pendant une journée de travail. En l’occurrence, Apple annonce jusqu’à 11h en lecture de film (dans l’application Apple TV) et jusqu’à 11h de surf sur le Web, en Wi-Fi.

Et justement, parlons du sans-fil. Ce MacBook Pro est, assez inexplicablement, puni, privé de Wi-Fi 6, la norme qui va s’imposer dans les mois et années à venir. Alors, certes, le 802.11ax n’est pas uniquement tourné vers les débits mais il est étonnant qu’une machine de ce prix fasse l’impasse sur cette évolution technologique. D’autant qu’Apple a largement contribué à l’éclosion du Wi-Fi à l’origine.

Un avis en attendant…

Ce MacBook Pro 16 pouces n’est pas une refondation tonitruante de ce qu’est une machine professionnelle. C’est plutôt un réajustement bienvenu qui s’inscrit dans la lignée de la reprise en main de la gamme des Mac professionnels depuis le lancement de l’iMac Pro, fin 2017. Un long chemin qui se conclura en apothéose en décembre prochain avec l’arrivée confirmée du Mac Pro.

01net.com – Le nouveau clavier, une question de perspective ?…

Pas un chamboulement donc. Toutefois, l’écran de ce MacBook Pro est assez bluffant, lumineux, plus large et aux bordures plus fines pour figurer en haut d’une liste des raisons de s’y intéresser. Sa configuration, ensuite, devrait assurer de jolis gains de performances, notamment avec les applications professionnelles, telles que la suite Creative d’Adobe. Le stockage, la RAM voient leur quantité accrue, pour plus d’évolutivité, de pérennité et de puissance. La partie graphique se muscle joliment avec l’arrivée des puces AMD de nouvelle génération. Le système audio est renforcé. Enfin, le Magic Keyboard, s’il signale la fin du clavier papillon, efface aussi l’épée de Damoclès qui accompagnait cette technologie. Bref, vendu dès aujourd’hui à partir de 2699 euros, ce MacBook Pro apporte plus et plus encore, pour un prix qui, lui, ne bouge pas. De là dire qu’on lui souhaite beaucoup de succès, il n’y a qu’un pas, qu’on franchira éventuellement après notre test.

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Pierre Fontaine, envoyé spécial à New York