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Made in France : la nouvelle application de GoPro bat au rythme d’algorithmes bleu-blanc-rouge

En plus du traitement d’image des célèbres caméras d’action, l’équipe française de GoPro est aussi en charge de l’essentiel des technologies aux commandes de sa nouvelle application Quik.

« GoPro aime la France : Episode 2 » : après vous avoir parlé en 2019 des génies des algos et du traitement du signal qui donnent toute leur puissance aux actioncams du géant californien, levons aujourd’hui le voile sur une autre équipe de frenchies. Situés eux aussi à Issy-les-Moulineaux – enfin, quand il n’y a pas de pandémie ! – cette équipe est au cœur d’une grosse actualité de la marque : le lancement de Quik.

Annoncé il y a une quinzaine de jours, Quik est tout à la fois un service de stockage en ligne et de partage de vos médias (photos, vidéos, montages), ainsi qu’une application mobile de montage en grande partie automatisable. Vrai Graal pour la stratégie grand public de la marque, Quik permet à GoPro de s’orienter un peu plus vers le service, et de mettre dans les mains du grand public un outil pour révolutionner le montage, bête noire des néophytes.

Si le stockage (qui arrive dans les prochains mois) est géré par une division américaine de GoPro, l’essentiel de la partie montage est développé dans l’Hexagone. C’est en effet une équipe construite sur les bases de la start-up Stupeflix, rachetée par GoPro en 2016, que le champion des actioncams s’est appuyé pour développer sa magie numérique. Une sauce magique capable de transformer toutes les vidéos de votre smartphone, issues d’une GoPro ou pas, en un vrai montage sympa à regarder. Petit tour en cuisine.

Une cuisine numérique

« On pourrait effectivement comparer notre application à une forme de cuisine ! », s’amuse Guillaume Oulès, ancien d’Orange Valley, qui a rejoint l’aventure GoPro par le biais de Stupeflix. « Dans cette cuisine, les algorithmes seraient les cuisiniers, les bouts de clips sélectionnés par nos moulinettes seraient les ingrédients et les filtres de rendu l’assaisonnement ! », continue-t-il, bonhomme.

L’objectif des Frenchies de GoPro. Servir un plat – un montage – de qualité.

« Mais aussi de le servir très vite », précise-t-il. « Les gens veulent leur montage sur le moment, ils ne reviennent quasiment pas sur leurs fichiers plus tard. Tout le monde n’a pas de monteurs professionnels comme chez GoPro ! ».

Un caractère express qui empêche en partie les analyses de continuité colorimétrique dans le cas de sources hétérogènes, qui était de toute façon « un vrai casse-tête technique notamment avec la variété des terminaux Android ».

Mais cette urgence laisse tout de même la possibilité aux algorithmes de réaliser de petits miracles.

« Nos algos analysent les clips pour déterminer le contexte, les émotions humaines exprimées, la nature des voix, les expressions des visages et les sourires, les actions (stable ou saut par exemple, NDR), etc. Tout en profitant des éventuelles métadonnées intégrées dans le fichier (lire plus loin)», détaille Guillaume Oulès.

Une prouesse rendue notamment possible par la puissance toujours grandissante des terminaux.

« Les progrès en matière de puces de smartphone sont énormes, qu’il s’agisse de puissance brute ou de computer vision. De nombreuses tâches peuvent être exécutées en un instant », s’enthousiasme notre interlocuteur.

S’ajoute à cela la finesse même du code des ingénieurs de la division française. Elle mélange techniques de pointes, algorithmes éprouvés et des outils issus de la recherche fondamentale… made in France.

High-tech, low tech, French Tech

Interrogé sur l’usage des processeurs neuronaux des SoC intégrés dans les smartphones, ces fameuses puces d’intelligence artificielle que les Apple, Qualcomm et autres Samsung mettent en avant à chaque nouvelle génération, Guillaume Oulès sourit.

« Pas besoin pour le moment ! On travaille évidemment dessus, mais les niveaux de performances CPU/GPU des terminaux modernes sont suffisants pour nos besoins. De ce côté, on se contente d’un machine learning de pauvre », décrit-il, ajoutant que « notre approche est celle de la simplicité. Il faut que nos programmes soient robustes et fonctionnent sur tous les terminaux.  »

Forêts d’arbres décisionnels, heuristique, GoPro France fait bien de l’IA, mais avec des outils éprouvés et qui s’appuient sur de la recherche de pointe en matière d’audio… elle aussi made in France ! 

« Nous travaillons avec l’Ircam depuis 2013-2014 et intégrons des briques logiciels de leur programme Ircam Amplify pour effectuer l’analyse audio des clips vidéo », ajoute Guillaume Oulès.

Analyse temporelle, détection de voix, tempo des fichiers musicaux avec qualification des différentes parties, ce sont encore des algorithmes français qui travaillent pour GoPro.

Et ce sont des Français qui ont demandé à d’autres Français de les aider.

« Nous travaillons main dans la main avec l’équipe de Mikael Kraak (en charge de la partie traitement d’image au sein du processeur GP1 que nous avons déjà interviewé, NDR). Ça nous a permis de conserver une partie des informations que le processeur récupère du capteur d’image et des autres capteurs. Elles sont notamment utilisées pour l’interprétation des couleurs ou la stabilisation, ces données étaient « jetées » après le calcul. Nous avons spécifié avec eux quelles informations nous pourrions utiliser dans les métadonnées des fichiers vidéo », se souvient Guillaume Oulès.

Des données qui permettent d’accélérer de manière significative le travail de Quik en matière d’analyse du contenu de l’image. Et, in fine, du montage.

Franco-algo & Art-méricain

« Il y a des pointures dans l’équipe française de GoPro, notamment des membres de FFMPEG. Si je devais résumer ce que l’équipe tricolore apporte, ce serait tout ce qui touche à l’éditing, la manipulation des médias, l’IA et l’automatisation et l’analyse du son », décrit Guillaume Oulès.

Si les gros algos et les vilaines mathématiques sont cuisinés en France, c’est beaucoup des États-Unis que proviennent les outils artistiques comme les clips musicaux « donnés à la communauté, nous n’avons pas déposé de droits dessus », précise Guillaume. Ou encore les filtres de couleurs de Quik – les « moods » dans leur jargon « qui ont été développés en coopération avec notre Senior Creative Director à GoPro, Abe Kislevitz ».

Un créatif qui a dû « apprendre à traduire son savoir-faire créatif notamment en matière de couleurs. Ce qu’il fait à l’œil, il a fallu qu’il le traduise sous forme de profils d’étalonnage précis », relate Guillaume Oulès.

En clair : tous les rendus d’image et les identités de montages proposées par Quik sont issues du savoir-faire du champion créatif de GoPro.

Donc si vous utilisez Quik et que votre montage automatique fleure bon « la classe américaine », c’est en partie grâce à la science française. Ça mérite bien un cocorico.

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