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Les employés d’Amazon ne veulent pas collaborer avec l’administration Trump

Amazon Web Services fournit des logiciels de reconnaissance faciale et des services dans le cloud aux forces de l’ordre et à la police des frontières. Une lettre de protestation a été adressée à Jeff Bezos par des salariés.
 

L’affaire des enfants mexicains séparés de leurs parents sans papiers a mis le feu aux poudres. En réaction à cette mesure appliquée depuis le mois d’avril par l’administration Trump, des employés d’Amazon ont déposé une pétition sur le Wiki interne de l’entreprise. Elle est accessible sur Scribd et a été repéré par le site The Hill. On ignore toutefois combien de personnes s’y sont ralliées. 

Au coeur du problème, Palantir, dont Peter Thiel est un des plus gros actionnaire. Cette société d’analyse des données qui travaille notamment pour la police des frontières (ICE) et le département de la sécurité intérieure, utilise l’infrastructure et les services de cloud d’Amazon Web Services. Les salariés d’Amazon contribuent donc malgré eux à la chasse aux migrants des Etats-Unis et à la séparation de ces familles.

Mais ce n’est pas le seul point qui fâche. AWS fournit aussi un logiciel de reconnaissance faciale, Rekognition, à des services de police et des agences gouvernementales afin d’identifier et traquer des personnes via la vidéosurveillance intelligente.
Une coopération dévoilée avec fracas par l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles) au mois de mai dernier. “Ce sera un autre outil puissant pour la surveillance d’Etat et cela servira finalement à nuire aux plus marginalisés”, dénoncent encore les salariés.

L’exemple d’IBM comme repoussoir

La lettre n’hésite pas à faire référence à IBM et son rôle dans l’holocauste, certaines machines de la société ayant permis aux Nazis de recenser les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. “Nous ne laisserons pas cela survenir une nouvelle fois”, prévient la missive.
Le texte se termine par un appel aux responsabilités de Jeff Bezos, intimé de cesser toute activité avec des forces de l’ordre ou agence gouvernementale, mais aussi de mettre en oeuvre des mesures de transparence, afin de savoir clairement pour qui travaille Amazon. La revendication des protestataires est claire : “Nous refusons de construire la plate-forme qui alimente l’ICE, et nous refusons de contribuer à des outils qui violent les droits de l’homme”.

Une initiative similaire a eu lieu au sein du personnel de Microsoft, pour exiger l’abandon d’un contrat de plus de 19 millions de dollars avec l’ICE. Mais pour le moment, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, temporise et se borne à minimiser l’implication de l’entreprise.

Les salariés de Google ont obtenu davantage de succès. Grâce à leur pression, la direction a  renoncé au projet Maven conduit avec le Pentagone. Il avait pour finalité d’améliorer l’analyse des images vidéo des drones de l’armée américaine. Cet exemple pourrait faire tâche d’huile. Il semble en tous cas encourager les cadres de la Silicon Valley à ne plus fermer les yeux sur l’éthique des firmes de la tech.

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Amélie Charnay