Passer au contenu

Le disque en crise attend la loi de la dernière chance

Avec l’abandon des DRM, les maisons de disques donnent des gages et comptent sur la loi Création et Internet pour endiguer la crise de leur marché.

Samedi 17 janvier, invité a raconter son parcours et sa stratégie au MidemNet, le producteur coréen Jin-young Park expliquait comment 90 % du marché du CD avait disparu dans son pays avec le développement du haut-débit. En
France, le secteur n’en est pas (encore ?) là, mais l’inquiétude est palpable.Avec
15% de baisse du marché de gros (les disques vendus par les labels aux distributeurs) entre 2007
et 2008, le marché est moins à la peine que l’année précédente ou la baisse était de 17,4 %. Il reste que depuis 2002, les ventes de gros, en France, ont chuté de 53 %.Lors de sa conférence de presse annuelle au Midem, lundi 19 janvier, le Syndicat national des éditeurs phonographiques (Snep) a rappelé que si les ventes numériques avaient augmenté de 49 % en 2008, elles sont toujours
loin de compenser les pertes sur le CD. Les DVD musicaux, eux, ont enregistré en 2008 une régression de 46 % en volume.Tous supports confondus, les ventes numériques ont représenté 76 millions d’euros l’année dernière, dont 24 millions au travers des téléchargements légaux sur Internet, 35 millions via la téléphonie mobile et
18 millions issus des formules d’abonnement et de streaming. Le Snep s’est d’ailleurs félicité de la multiplication non seulement des offres mais aussi des modèles économiques.

La musique en ligne bientôt moins chère ?

‘ L’année 2008 a été extrêmement riche en nouvelles offres et accords signés et a vu de nombreux nouveaux acteurs, opérateurs, FAI, Webradios, des acteurs du Web 2.0 ‘, a rappelé
le directeur général du Snep Hervé Rony. Début décembre,
Dailymotion et la Sacem s’accordaient sur un mécanisme de reversement, à la grande satisfaction de la ministre de la Culture,
Christine Albanel elle-même. ‘ En France, on a une offre numérique beaucoup plus riche qu’en Angleterre ou en Allemagne, a estimé Pascal Nègre, PDG d’Universal Music France. Si la situation [du
téléchargement illégal, NDLR] est assainie par la loi Création et Internet, on devrait voir tous ces modèles exploser ‘.Car bien sûr, l’industrie du disque attend beaucoup de cette loi déjà votée par les sénateurs à la fin du mois d’octobre et qui doit passer devant les députés. Christine Albanel a fait miroiter, lors de sa conférence de presse de
dimanche, une échéance à fin février ainsi qu’une rédaction prochaine des premiers textes d’application, pour une entrée en vigueur la plus rapide possible de la loi.Histoire de donner des gages, les maisons de disques se sont, elles, résolues à
abandonner les DRM. Universal Music en a fait l’annonce juste avant le Midem. ‘ Nous avons fait
cela pour montrer que notre attitude n’est pas défensive ‘,
a souligné le président du Snep Christophe Lameignère, également PDG de Sony BMG en France. Dans ce climat de bonne volonté, le Snep promet une opération de baisse
des prix sur la musique numérique d’ici à juin, si toutefois la loi est bien votée à ce moment là.L’industrie a également affirmé exclure l’idée de demander de taxer les fournisseurs d’accès à Internet pour compenser les pertes, comme le suggère régulièrement la Sacem. En tout cas, pas si la loi, une fois en vigueur, réussit à faire
reculer le piratage. Dans le cas contraire, on verra…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Arnaud Devillard (à Cannes)