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L’Équateur accuse Julian Assange d’avoir utilisé l’ambassade comme un « centre d’espionnage »

Le président équatorien Lenin Moreno accuse Julian Assange d’avoir tenté d’utiliser l’ambassade comme un « centre d’espionnage » contraire au droit international. Un motif pour « inviter » la police britannique à l’arrêter dans l’enceinte de l’institution équatorienne. 

Selon le président équatorien Lenin Moreno Julian Assange aurait tenté d’utiliser l’ambassade de l’Équateur comme un « centre d’espionnage », d’après une interview publiée par le Guardian lundi 15 avril.

« Ces activités violent les conditions de l’asile. Notre décision n’est pas arbitraire mais fondé sur le droit international », s’est justifié le président équatorien auprès du journal britannique. 

Or, au regard du droit international, l’ONU estime que l’Équateur a fait courir à Julian Assange « un risque réel de graves violations de ses droits fondamentaux », selon les mots de la rapporteuse sur les exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires, le jour de l’arrestation. 

Bien que les États-Unis réclament l’extradition de Julian Assange depuis sept ans, Lenin Moreno a néanmoins assuré que les autorités britanniques s’étaient engagées « par écrit » à ne pas l’extrader dans un pays où il risquerait la peine de mort. Ce qui est le cas sur le sol américain. 

« Un jour de deuil mondial »

En lui retirant sa nationalité équatorienne, le président de l’Équateur a annulé son asile politique accordé en juin 2012 par le précédent président équatorien, icône de la gauche latino-américaine Rafael Correa – actuellement en exil à Bruxelles. Pour lui, l’arrestation de Julian Assange est un « jour de deuil mondial ». 

« Le plus grand traître de l’histoire latino-américaine, Lenin Moreno, a permis l’arrestation d’Assange. Moreno est un corrompu, mais ce qu’il a fait est un crime que l’humanité n’oubliera jamais », a dénoncé Rafael Correa dans un tweet le 11 avril. 

Se débarrasser du « problème » Assange était devenu une priorité pour le pouvoir équatorien. Outre les « plaintes à propos du manque d’hygiène » et le «non respect des règles de vie dans l’ambassade» révélés par le quotidien espagnol El Pais, l’Équateur accuse Julian Assange de multiples tentatives de «déstabilisation » politique du pays hôte. 

Le compte de WikiLeaks relayait des rumeurs d’expulsion dès le 4 avril en réaction aux récentes révélations gênantes de l’organisation sur le président Moreno et ses proches dans une affaire de corruption. 

Une « monnaie d’échange » ?

Rafael Correa a également sous-entendu que le fondateur de WikiLeaks aurait servi de « monnaie d’échange » pour obtenir le soutien de Washington dans une demande de prêt au Fonds monétaire international (FMI). 

Interrogé par le Guardian sur ce point, Lenin Moreno a nié tout accord avec les États-Unis concernant le cas Assange. Selon lui, ces informations «fausses» ont été relayées par des groupes proches du régime précédent. Le président équatorien a réaffirmé que l’asile politique de Julian Assange ne l’exempte pas de respecter les lois internationales.

Si Julian Assange a été arrêté et jugé coupable jeudi 11 avril pour non-présentation devant la justice britannique en 2012 dans le cadre d’une affaire de viol en Suède, les États-Unis ont révélé qu’il était poursuivi pour « piratage informatique ». Cette peine est passible de cinq ans de prison.

Selon l’acte d’inculpation, qui était jusqu’ici sous scellés, l’Australien est accusé d’avoir accepté d’aider l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret défense. Pour ce chef d’accusation, Julian Assange sera auditionné le 2 mai prochain à Londres. 

Source :
The Guardian

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Marion SIMON-RAINAUD