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G. Rambourg (GOG.com) : “L’industrie du jeu a perdu son étincelle”

Mi-septembre, frisson dans la communauté PC : la plate-forme GOG.com maquille une opération de maintenance en fermeture définitive. Le Web s’énerve, le site s’excuse. Son directeur Guillaume Rambourg présente GOG, et raconte.

01net. : pourriez-vous présenter Good Old Games ?
Guillaume Rambourg : nous sommes une plate-forme de téléchargement de jeux vidéo sous forme dématérialisée. L’équivalent d’un site qui vend des MP3, sauf que nous sommes spécialisés dans les classiques du jeu vidéo sur PC. Les titres que nous proposons sont sortis, dans l’ensemble, entre 1990 et 2005, et notre particularité est de les rendre compatibles avec les systèmes d’exploitation Windows (XP, Vista, 7) actuels, et ce sans verrou numérique (DRM). Une fois qu’il a acheté son jeu sur GOG, l’utilisateur peut le télécharger et l’installer autant de fois qu’il le souhaite sur n’importe quelle machine qu’il possède. De plus, tous les titres que nous proposons contiennent des bonus exclusifs (fonds d’écran, musique, manuels, etc.) préparés par nos soins.

Quel est votre catalogue aujourd’hui ?
Le site a été créé en octobre 2008, il aura deux ans dans quelques jours, et il propose désormais plus de 300 jeux. En fait 250 packages, car certains contiennent plusieurs titres. Nous travaillons avec de nombreux grands éditeurs tels qu’Atari, Activision, Ubisoft ou encore Interplay. Pas moins de 40 partenaires en tout. Nous avons commencé avec Interplay, qui a été le premier à nous faire confiance. GOG a depuis acquis une certaine légitimité auprès des joueurs, grâce aux titres de qualité que nous avons ajoutés à notre catalogue, ce qui nous permet d’approcher les autres éditeurs en étant auréolés d’une réputation plutôt solide.

Un défi, séduire les éditeurs

Justement, comment réagissent les éditeurs, souvent si friands de DRM sur PC, comme Ubisoft, lorsque vous leur parlez de distribution sans verrou ? Ils doivent être étonnés…

La plupart des éditeurs ont en effet instauré une politique de DRM pour les jeux qu’ils publient depuis quelques années. Nous leur avons expliqué que le modèle de GOG n’était en aucun cas une entorse à leur règle. Pour remettre au goût du jour leurs anciens titres pour PC, qui ne sont généralement plus disponibles dans le commerce, il est essentiel que ces titres soient simples à télécharger, à installer et à pratiquer. Ajouter une contrainte technique à un jeu qui n’en avait aucune à l’époque de sa sortie serait vu comme une aberration par les joueurs sur PC, et c’est pour cela que nous nous évertuons à proposer un modèle sans DRM. Par ailleurs, il faut bien garder à l’esprit que les gens qui jouaient a ces titres ont grandi et possèdent désormais une grande connaissance du jeu vidéo.
Ainsi – et bien que nos prix soient modestes (5,99 ou 9,99 dollars par jeu) –, nous nous devons de les convaincre de goûter à nouveau aux saveurs de leur enfance plutôt que d’investir dans le dernier FPS à la mode. Voilà pourquoi le facteur « simplicité » (compatibilité garantie avec les machines modernes, absence de système DRM, etc.) est primordial pour rivaliser avec les abandonwares, par exemple. De plus, les bonus exclusifs fournis avec chaque jeu sont aussi une forme de valeur ajoutée que nous apportons gratuitement. L’expérience avec GOG se doit d’être gratifiante et plaisante.

Vous parliez de faire revivre la marque. On peut supposer qu’un jeu comme Duke Nukem 3D est plus téléchargé à l’heure où Duke Nukem Forever est enfin dévoilé…
C’est difficile à dire, car je n’ai pas les chiffres précis, mais oui, il y a un impact sur les ventes. Cela dit, un jeu aussi populaire que Duke Nukem 3D, que nous proposons à 6 dollars depuis près de deux ans, n’a guère besoin de publicité pour trouver ses fans !

Quels sont les prochains gros jeux dans les tuyaux de GOG ?
Comme nous l’avons récemment annoncé, nous avons signé un contrat avec Atari et Hasbro pour sept titres RPG majeurs. Trois sont déjà disponibles sur notre site (Baldur’s Gate, Planescape Torment et depuis quelques heures Icewind Dale), et quatre autres surprises sont dans les cartons.

Toutefois, nous sommes toujours à la recherche de perles pour notre catalogue. Je dirais qu’à l’heure actuelle nous souhaiterions l’étoffer de 250 à 300 références. Signer d’anciens jeux pour PC est toutefois assez complexe, puisqu’il arrive fréquemment que les détenteurs des droits soient dispersés aux quatre coins du monde, ce qui requiert pas mal de créativité et d’enquêtes de notre part.
Signer pour ces sept jeux RPG majeurs avec Atari et Hasbro nous a par exemple pris deux ans. Nous avons beaucoup de contacts dans l’industrie et avons confiance en l’avenir. De gros titres devraient arriver en 2011. Et puis chaque jour qui passe est un pas en avant pour nous, puisque les jeux prennent forcément de l’âge, ce qui joue en notre faveur.

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William Audureau