Bill Gates aussi veut taxer les robots

Après des propositions similaires de Benoît Hamon et d'une députée européenne, l'ancien PDG de Microsoft se positionne lui aussi en faveur d'une taxe sur les robots.
Cette prise de position a de quoi surprendre, venant d'un des pontes du secteur high-tech. Dans une interview au site d'information économique Quartz le 17 février, Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft, a exprimé son soutien à une taxe sur les robots et l'automatisation, qui vont remplacer de nombreux emplois.
Pour lui, il ne serait pas anormal de voir la production d'un robot taxée de la même manière que l'on taxe aujourd'hui le travail produit par un employé:
"En ce moment, quand un travailleur fait un travail d'une valeur, disons de 50.000 dollars, dans une usine, ce revenu est taxé via la taxe sur les revenus, la taxe pour la sécurité sociale, et tout ça. Si un robot vient faire la même chose, on pourrait penser qu'on le taxerait au même niveau."
L'ancien PDG de Microsoft suggère deux autres manières taxer les machines: une taxe spécifiquement liée aux robots (sans préciser si elle porterait sur leur achat ou leur utilisation par des entreprises), et une imposition des profits générés par les gains de productivité liés au remplacement d'un humain par une machine. Peut-être un peu trop optimiste, il "ne pense pas que les entreprises de robotique seront outrées par une taxe".
Investir dans les jobs où les humains sont irremplaçables
Bill Gates n'est pas de ceux qui ont foi dans la capacité de l'automatisation à créer de nouveaux emplois, sans aucune garantie qu'ils seront en nombre suffisant pour pallier toutes les destructions de postes à venir. Pour réussir à compenser ces suppressions d'emplois, il propose d'utiliser les taxes sur les robots afin de former ceux qui perdront leur emploi à des métiers où les humains sont irremplaçables.
"Travaillons à mieux nous occuper des seniors, avoir des classes de plus petite taille, aider les enfants avec des besoin particuliers. Ce sont des secteurs dans lesquels l'empathie et la compréhension humaine sont toujours très, très uniques. Et nous faisons toujours face à un immense manque de personnes pour aider [dans ces secteurs]."
Taxer les robots ou l'intelligence artificielle ?
Bill Gates entretient cependant un certain flou sur ce qu'il entend par "automatisation". Il semble principalement parler de robots qui remplaceront des emplois manuels. Pourtant, la robotique n'est qu'un des deux principaux aspects de l'automatisation. L'intelligence artificielle, que Bill Gates ne mentionne pas une seule fois, et dont Microsoft est l'un des leaders, est l'autre grand volet de l'automatisation. La plupart des études sur l'automatisation l'identifie comme un plus grand destructeur d'emplois que la robotique, car l'intelligence artificielle promet de remplacer n'importe quelle tâche répétitive et routinière, qu'il s'agisse d'un emploi peu qualifié dans l'industrie comme d'un job de bureau dans les services.
Bill Gates n'est pas le seul à proposer une telle taxe sur les robots. Elle est également défendue par le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, qui y voit un moyen de financer le revenu universel qu'il souhaite instaurer. Le même mécanisme a été discuté au Parlement européen le 16 février. La députée européenne du groupe social-démocrate Mady Delvaux a rendu un rapport qui proposait, lui aussi, de taxer les robots pour financer un revenu universel. Mais ces deux aspects du rapport n'ont pas été adoptés par le Parlement européen.
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