Passer au contenu

Test : Leica CL, l’hybride APS-C allemand arrive enfin à maturité

Héritier d’un nom qui fait rêver – le Leica CL argentique des années 70 était le boîtier accessible par excellence – le CL nouveau est une belle porte d’entrée dans l’univers Leica et notamment son excellent traitement d’image en basses lumières.

L'avis de 01net.com

Leica CL

Les plus

  • + Design
  • + Viseur intégré
  • + Rafale 10 i/s
  • + Vidéo 4K

Les moins

  • - Capteur non stabilisé
  • - Moins performant que la concurrence APS-C
  • - Parc optique un peu pauvre

Note de la rédaction

Note publiée le 04/05/2018

Voir le verdict

Fiche technique

Leica CL

Monture (baïonnette) Leica TL
Format de capteur APS-C
Définition du capteur 24 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Il aurait dû s’appeler « Leica CL2 » : le CL que nous avons testé n’est en effet pas le premier appareil de la marque à porter ce nom. Remontons le temps, plus précisément à l’année 1973 où, en partenariat avec le japonais Minolta, Leica lançait le CL « original », un boîtier à visée télémétrique façon M et compatible avec la majorité des optiques M mais beaucoup, beaucoup moins cher. Produit au Japon dans les usines de Minolta à Osaka (pays où il s’appelle Leitz Minolta CL), le Leica CL était l’arme de la marque pour approcher un public plus large et c’est aujourd’hui la même mission qui incombe à ce CL nouveau.

À lire : Test : Leica TL2, un hybride toujours aussi élégant et enfin performant

Cet appareil n’est pas une émanation du néant mais une variante du TL2 lancé l’an dernier. Mais quand la ligné TL explore une ergonomie smartphone avec son écran tactile, le CL honore l’héritage plus argentique de son aïeul pour offrir, en 2018, une expérience Leica moins chère que les lignées M et SL. Un pari réussi ?

Boîtier bijou

Adrian BRANCO / 01net.com

Le Leica CL argentique des années était le « Leica du pauvre » et si on ne saurait dire la même chose du CL numérique, c’est en tous les cas l’appareil numérique à optiques interchangeables le moins cher du constructeur allemand. Mais heureusement, entrée de gamme ne rime pas avec finitions «cheap» chez Leica, bien au contraire. Conformément à l’ADN allemand, le boîtier est épuré… et beau, vraiment beau – un jugement subjectif, il faut l’admettre – et se pose en un élégant passeur de témoin entre les lignes argentiques et numériques de l’histoire de Leica. Face aux mastodontes industriels japonais, l’entreprise de Wetzlar est bien plus prisonnière de son passé, mais la marque en a conscience et sait bouger ses designs par petites touches.

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com

Le toucher du revêtement similicuir est vraiment plaisant et le clic des molettes est agréable, même si elles sont un peu lâches à notre goût. L’agencement des commandes et la recherche de la simplification ergonomique offrent un look minimal au CL que l’on aimerait plus fréquent chez la concurrence – qui a parlé d’Olympus ? Avec son look des années 50, difficile pour un néophyte de déterminer si c’est un appareil argentique ou numérique : le contrat de la signature visuelle est rempli.

Bonne fiche technique, stabilisation absente

A.B. / 01net.com

Copier/coller ou presque : le CL s’appuie (très) largement sur la fiche technique de son frère le TL2 : même capteur CMOS 24 Mpix, même processeur d’image. La différence majeure de l’appareil tient dans l’ergonomie et l’équipement attenant : quand le TL2 joue la carte du tout à l’écran tactile et du viseur externe en option, le CL propose une approche plus classique. Ici on profite de vrais boutons et molettes physiques et – alléluia !  – d’un viseur électronique. Un bon viseur électronique, petite protubérance placée sur le côté, façon télémétrique, quand le viseur optionnel du TL2 se place au milieu de l’appareil, façon reflex.

A.B. / 01net.com

Pour maintenir la compacité du système et donc des optiques, Leica a fait le choix du capteur APS-C pour la lignée TL/CL, un choix que l’on regrette un peu quand on se rappelle que le CL argentique à pellicule 135 pouvait (et peut toujours !) recevoir les optiques de M sans recadrage. Sur un CL numérique, les optiques M se voient appliquer un coefficient de x1.5 (tout comme les optiques SL, 100% compatibles M puisque la monture est la même). Un détail à notre sens puisque la cible nous semble tout autre : si nous avons des griefs à l’encontre du 18 mm (lire plus loin) sa conception moderne « pancake » extrêmement compacte est une invitation à se balader facilement avec l’appareil. Le CL numérique n’est pas un appareil qui vise les pros ou puristes, qui mais sert de marche d’entrée dans l’univers Leica, avec un rapport un peu plus moderne.

A.B. / 01net.com

Le manque technique que nous déplorons cependant est l’absence de technologie de stabilisation du capteur. Dans ce domaine nous aurions souhaité une approche moins dogmatique et que Leica se rapproche de partenaires ou développe des solutions de stabilisation : une fois qu’on a goûté à la stabilisation mécanique, difficile de s’en passer.  

AF : du mieux mais la concurrence est devant

Le premier Leica T (devenu TL) nous avait un peu déçus et le TL2 dont ce CL est issu a bien progressé côté AF. Ce qui veut dire que le TL2 comme le CL sont des appareils avec un AF suffisamment efficace pour 90% des situations. Or, dans le domaine des hybrides, la bataille se mène sur les 10% restant, c’est-à-dire des AF capables de suivre les objets mobiles et d’y voir dans le noir.

Dans ces deux domaines, le CL est un bon cran en-dessous de la concurrence avec du pompage quand les photons se font rares et un suivi des sujets pas vraiment au niveau. Si Leica continue certes d’améliorer sa partition et propose enfin un AF convenable, les photographes les plus nerveux regarderont plutôt du côté de Sony (Alpha A6300/A6500) ou Fujifilm (X-T2/X-T20/X-E3) pour un hybride APS-C compact aux fonctions AF suffisamment agressives.

En regardant pourquoi Leica est encore en deçà des japonais on note le choix d’un système AF à détection simple de contraste – sans doute la patte Panasonic ? – quand le reste de la compétition (Sony, Olympus, Fujifilm, etc.) sont tous passés à des AF hybrides s’appuyant à la fois sur la détection de contraste et sur la corrélation de phase. Pour la prochaine génération ?

Du grain et pas du bruit

Si Panasonic est en partie aux manettes dans le développement matériel des appareils de Leica (hors M) comme le SL, le traitement du signal est bien celui des ingénieurs allemands. C’est ici un compliment puisqu’on retrouve dans le CL le même rapport à la gestion des hautes sensibilités que dans les appareils précédents : pas de lissage à outrance, peu d’artéfacts colorés étranges dans les zones d’ombres, le CL génère un bruit numérique qui a tous les atours du « grain » du temps de l’argentique.

L’autre qualité de l’appareil est sa capacité à maintenir une colorimétrie fidèle et constante dans les basses lumières. Pas parfaitement juste, ce qui évite le côté « balance des blancs clinique » de certains appareils nippons, mais une ambiance cohérente d’un cliché à l’autre qui montre le savoir-faire et la volonté de Leica dans le domaine de l’interprétation des couleurs.

Autre force : la douceur naturelle du traitement d’image qui permet de récupérer de la netteté, soit dans les réglages de l’appareil en Jpeg, soit par le traitement des fichiers RAW. Pourquoi est-ce un avantage ? Tout simplement parce que quand la qualité optique est là, on peut accentuer les détails pour donner du punch, alors que l’inverse c’est-à-dire l’adoucissement des images est plus difficile à faire. Notez au passage que Leica utilise toujours le format ouvert de RAW .DNG qui permet d’ouvrir les fichiers avec n’importe quel logiciel de développement.  

Ergonomie à dompter

Si nous avons eu vraiment du mal à nous faire à l’ergonomie tactile novatrice mais un peu brouillonne du TL2, l’ergonomie matérielle du CL est bien plus agréable… moyennant un certain temps d’adaptation. Reprenant un peu la philosophie de la double molette apparue chez le Sony NEX7, l’interface logicielle du CL s’appuie aussi sur les codes visuels (et les boutons) de la série M. Une fois la bascule entre les modes intégrés et les molettes paramétrée à notre sauce, le CL s’est très bien comporté. Si une interface plus classique façon Fujifilm est moins perturbantes pour les photographes avec un peu de bouteille – ah, le poids des habitudes – Leica a ici le mérite de continuer à chercher des options ergonomiques.

Le reproche que l’on fait cependant est la volonté de Leica de conserver les lignes du M au sacrifice d’un grip. La décision a été prise en haut lieu afin de satisfaire les fans de Leica – la marque le leur doit – mais ces derniers ont tort : un grip casse peut-être la ligne de l’appareil « iconique » mais offre une bien meilleure préhension. Heureusement il y a des accessoires pour ajouter un grip, mais cela a un coût. Notez aussi que par temps froid et avec des gants, le Leica CL offre peu d’aspérités et sa manipulation est un peu difficile – merci les gants.

Autre manque : un écran orientable. Si c’est contraire à la philosophie « le CL est un appareil qui reprend les codes du M en moins cher », son absence limite le confort lors de prises de vue à bout de bras ou au ras du sol.

Optique(s) trop chère(s)

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com

Si les hybrides de Leica progressent régulièrement pour atteindre, grâce à Panasonic, le niveau de qualité dont peut se revendiquer un Leica SL, le niveau des optiques notamment APS-C est moins glorieux. Le 18 mm f/1.8 avec lequel nous avons testé ce CL est juste bon, un niveau de qualité loin de la promesse Leica et surtout pas du tout en adéquation avec le tarif de 1500 euros. Ce reproche de rapport qualité/prix peut aussi être fait au 18-56mm f/3.5-5.6 Asph. VARIO-ELMAR, un zoom « classique » qui est largement en-dessous de ce que peuvent proposer les systèmes concurrents : il est peu lumineux, non stabilisé, pas très piqué et cher (1500 euros !). A titre de comparaison en APS-C, le XF 18-55 f/2.8-4 R LM OIS de Fujifilm est aussi bon, mais il est stabilisé, plus lumineux et moins cher (on le trouve entre 400 et 600 euros sur le net).

Si les optiques M sont exclusives, entièrement assemblées et calibrées à la main et issues de petits volumes, les optiques TL APS-C de Leica qui se veulent plus démocratiques ont, elles, moins d’excuses pour être aussi chères.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.